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Gemplus à l’heure des mauvaises nouvelles

Le fabricant français de cartes à puce lâche sa filiale autrichienne. Cessions et suppressions d’emploi s’accélèrent, sous la pression d’un récent actionnaire.

Profit warning, suppressions de postes, re-profit warning, et puis, tout récemment, délestage d’activité à l’étranger. Depuis quelques mois, Gemplus vit à l’heure des mauvaises nouvelles.Dernière opération en date : la vente de Ski Data, division autrichienne spécialisée dans les solutions de contrôle d’accès physique, notamment pour des stations de ski ou des parkings. Le groupe français de cartes à puce a trouvé un acheteur en la personne morale du groupe suisse Kudelski, un concurrent de Netgem dans les systèmes d’accès pour décodeurs. Le prix ? 140 millions d’euros.

Alertes répétées

Ce montant ?” un peu moins de deux fois le chiffre d’affaires 2000 ?” est raisonnable, et l’opération peut permettre à Gemplus de nouer des liens fructueux avec un acteur important de la télévision interactive“, note un analyste.Gemplus recentre surtout son activité et poursuit à vive allure la réorganisation engagée depuis quelques mois. Après une première alerte sur profits, en début d’année, le groupe de Gémenos (Bouches-du-Rhône) a publié le 6 juin une sévère mise en garde sur son activité, touchée par le ralentissement de l’univers télécoms. Alors que son concurrent Oberthur ne réalise que 35 % de son chiffre d’affaires dans les cartes pour téléphones, Gemplus y est exposé à hauteur de 50 %. Le chiffre d’affaires du deuxième trimestre a reculé de 4 % par rapport à l’an dernier, avec pertes d’exploitation à la clé. Pour l’ensemble de l’exercice en cours, la croissance du chiffre d’affaires ne devrait pas excéder 5 %, contre 30 % d’abord envisagés. Du coup, délestages et dégraissages s’accélèrent.Après Ski Data, c’est Tags, division étiquettes électroniques, 80 salariés, qui ferait l’objet du prochain dégagement. Des unités de fabrication en Chine, en Europe de l’Est, un centre de recherche canadien sont visés. En tout, 7 800 personnes (8,7 % des effectifs mondiaux) sont menacées.En France, un pécule de 18 290 euros (120 000 francs) est attribué aux partants volontaires, mais des licenciements non désirés seront nécessaires. Les salariés français dénoncent des pratiques sociales à l’anglo-saxonne depuis la montée en puissance dans le capital du fonds américain Texas Pacific Group, en 2000. Transfert du siège social au Luxembourg, attribution de stock-options copieuses au PDG fraîchement nommé, versement des fonds de l’augmentation de capital sur le compte d’une filiale de Gibraltar, Zenzus, ne figurant pas sur les documents de références de la COB…Les pratiques de l’actionnaire américain détonnent. Au point que des représentants du CE et des salariés demandent la tête du pd, Antonio Perez. Certains actionnaires grognent aussi. “ Texas Pacific Group est rentré dans l’entreprise à bon compte, vers 3,5 euros l’action, peu avant l’introduction en Bourse à 6 euros. Ce sont des investisseurs très prudents, ou très clairvoyants. Mais cela explique lamertume de certains actionnaires. Cela dit, cette situation constitue un bon soutien du titre à court terme, dans la zone des 3,5 euros “, explique Yves Salomon, spécialiste de la valeur chez IC Bourse.

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Jean-Michel Cedro