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Freebox, Free Mobile, surveillance des réseaux… quand Xavier Niel se confie

Dans deux interviews diffusées ce dimanche 22 octobre, le fondateur de Free revient sur la stratégie de son groupe et son parcours personnel. Il reconnait également que la Freebox peut servir à surveiller, après l’accord d’un juge.

Opération communication pour Xavier Niel. Le fondateur et actionnaire principal de Free –généralement très avare de sa parole – a donné deux interviews ce dimanche 22 octobre, l’une dans le Journal du dimanche, l’autre dans l’émission Clique dimanche sur Canal+. Télécoms, Station F, médias, parcours personnel, surveillance, tout y passe ou presque.

Free Mobile

La petite histoire dit que François Fillon, alors Premier ministre, avait signé le décret permettant la création de Free Mobile, un jour où Nicolas Sarkozy – Président de la République et opposé à l’arrivée d’un quatrième opérateur mobile – avait fait un malaise vagal. Hilare, Xavier Niel ne semble pas du tout croire à cette rumeur, mais se félicite à nouveau de la concurrence qu’il a apporté à ce marché : « elle a bénéficié aux abonnés. Avec les baisses de prix, ce sont 10 milliards d’euros qui ont été récupérés par les Français ».

Station F

« Nous avons 40 % de femmes entrepreneures au sein de Station F. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle est dirigée par une femme. Quand une femme devient dirigeante, on a plus de femmes, c’est magique », se réjouit-il. « Je suis né dans une banlieue difficile, d’autres le sont aussi et ont super bien réussi, continue-t-il pour expliquer le programme de l’incubateur dédié à la diversité. Il faut aider et pousser ça. »

Surveillance, espionnage et piratage

« Avec l’accord d’un juge ou des accords administratifs, oui, il y a des écoutes et des interceptions et je crois qu’elles ont beaucoup augmenté depuis ces sujets d’attentat. Tous nos moyens de communications quels qu’ils soient peuvent être écoutés », concède Xavier Niel. Il entretient également le mystère sur sa relation avec la Direction de la Surveillance du territoire (DST), l’organisation en charge du contre-espionnage dans l’Hexagone jusqu’en 2008. « On dit qu’elle m’aurait recruté lorsque j’avais 18 ans parce que j’étais un pirate. Mais il n’y a pas d’espionnage en France, c’est bien connu », répond-il très ironiquement. « Le piratage peut aussi être vu de manière positive, quand un élève arrive à pirater l’école 42, on lui demande de venir bosser pour nous, ça veut dire que ceux qui sont en place ne sont pas bons. »

La Freebox, les télécoms et les médias

Très critique envers la stratégie menée par Patrick Drahi avec SFR*, Xavier Niel ne semble pas souhaiter offrir des contenus supplémentaires gratuitement à ses abonnés Freebox. Il raconte toutefois « avoir toujours beaucoup investi dans la presse ». « Je suis ravi de participer financièrement à plusieurs médias sans en avoir le contrôle. Je suis actionnaire minoritaire de Mediapart et je n’ai pas l’impression d’être particulièrement bien traité par ce site », s’amuse-t-il. « Rendre la presse gratuite, c’est la détruire. L’offrir dans un forfait téléphonique, ce n’est qu’une magouille pour bénéficier d’une TVA réduite. Ça accélère la disparition de la presse plutôt que de l’aider », estime-t-il.

Les conditions de travail en centre d’appels

Le sujet absent de ces deux interviews est sa réaction à l’émission Cash investigation sur l’un de ses centres d’appels. Tout juste évoque-t-il le sujet lors d’une réponse à une question de Mouloud Achour sur le possible remplacement des conseillers par des robots. « Nos concurrents ont décidé d’externaliser leurs centres d’appels et en plus pas en France. Nous, nous avons choisi de nous installer dans des quartiers difficiles où il n’y a plus d’emplois, c’est notre responsabilité sociale », explique Xavier Niel. Pas un mot sur les deux cas particuliers soulevés le 26 septembre dernier par l’émission de France 2, notamment sur l’un d’entre eux situé au… Maroc.

Philanthropie et parcours personnel

« Quand on atteint une telle fortune (estimée à 9,4 milliards d’euros, NDR), elle devient un bien public. Il faut essayer d’inventer des trucs différents, d’aider le monde d’où l’on vient, d’aider la société », estime Xavier Niel à propos de ses projets tels que l’école 42 ou la Station F. Il reconnait aussi ses faiblesses : « Je ne sais pas gérer des gens. Que les gens fassent ce pour quoi ils sont bons, moi je ne suis pas bon là-dedans. C’est pourquoi je ne suis pas dirigeant d’Iliad, mais directeur de la stratégie et actionnaire majoritaire ».

(*) 01net.com est édité par une filiale de NextRadioTV, elle-même propriété à 49% de SFR Media.

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Jean-Sébastien Zanchi