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Femmes de la Silicon Valley, unissez-vous!

La tâche est rude pour les femmes entrepreneurs de la Silicon Valley. Encore considérées à la limite du phénomène lorsqu’elles dirigent une grande entreprise, ou bien lorsqu’elles réussissent à lever des millions de dollars, les businesswomen créent leurs propres réseaux pour booster leurs carrières et monter leurs start-up.

Dans une salle de réunion à Foster City, une quarantaine de femmes et une poignée d’hommes boivent les paroles de trois intervenantes. Au micro, deux femmes capital-risqueurs et la CEO d’AudioBasket, une jeune pousse qui a déjà levé plus de 25 millions de dollars. Les participantes font partie des nouvelles recrues de Springboard 2001, un forum qui permettra à des femmes entrepreneurs de présenter leur idée devant 350 investisseurs en février prochain.Elles sont réunies à Foster City pour un ” bootcamp “, un camp d’entraînement où elles vont apprendre les rudiments d’une présentation financière et rencontrer leur entraîneur personnel qui les aidera à se préparer pendant les semaines à venir. Springboard, est donc né du constat que seulement 6 % des fonds investis par les capital-risqueurs américains allaient à des start-up dirigées par des femmes. Trois premières éditions se sont tenues cette année à San Francisco, Washington et Boston.Il y a un an, Kim Fisher, la CEO d’AudioBasket, était de l’autre côté de la barrière. ” Je savais présenter devant un petit groupe, mais il était important d’aller aux conférences d’investisseurs et de parler devant des centaines de personnes. Springboard est important car les femmes ont besoin de créer leurs propres réseaux. “C’est lors d’une précédente édition de Springboard, que Kim Fisher a rencontré un de ses investisseurs, Isabella Capital, un fonds réservé aux femmes entrepreneurs. Isabelle Capital s’appelle ainsi en hommage à la reine Isabelle de Castille, qui avait vendu ses bijoux pour financer le voyage de Christophe Colomb. Un investissement considéré comme le plus rentable de l’Histoire.Bien qu’elle soit convaincue du besoin d’entourer les femmes d’attentions particulières pour le moment, Kim Fisher espère qu’un jour elle ne fera plus la couverture des magazines seulement parce qu’elle est une femme qui a réussi à lever 25 millions de dollars.Deux organisations sont à l’origine de Springboard, le Forum for Women Entrepreneurs et le National Women’s Business Council. FWE est basé à San Francisco et travaille à la promotion des femmes dans la high-tech. Amy Millman du National Women’s Business Council trouve des raisons d’être optimiste : ” De plus en plus de compagnies qui reçoivent des fonds ont des femmes dans leur équipe dirigeante. Nous voulons encourager ces femmes-là à créer leurs propres compagnies. “

An incubator of her own

Comme les fondateurs de Springboard, Catherine Muther avait constaté que les femmes avaient du mal à trouver l’argent pour démarrer leurs compagnies. Millionnaire après avoir quitté Cisco il y a quatre ans, elle a décidé de créer Women’s Technology Cluster, un incubateur qui accueille les femmes entrepreneurs à bras ouverts. ” La réussite est une affaire de connexions. Un incubateur réduit le risque et permet aux start-up d’attirer plus facilement les fonds nécessaires pour survivre “, explique Margarita Quishuis, la directrice de WTC.En 18 mois, les seize compagnies qui ont transité par WTC ont levé 63 millions de dollars. Comme Kim Fisher, qui est d’ailleurs passée par le Women’s Technology Cluster, Margarita Quishuis préfère que l’accent soit mis sur le produit ou le service, plutôt que sur le fait que le fondateur soit une femme. Pour changer les mentalités à la racine, elle est sur le point de lancer un Young Women’s Technology Cluster qui permettra à de jeunes filles de découvrir le monde de la high-tech en faisant des stages dans les compagnies incubées.

Attirer les lycéennes vers la haute technologie

C’est ce que fait depuis plusieurs années la compagnie Autodesk, un éditeur de logiciels basé à San Rafael au nord de San Francisco. En 1997, sa CEO, Carol Bartz a lancé un vaste programme dénommé Design Your Future pour encourager les collégiennes et les lycéennes à étudier les matières scientifiques et à considérer une carrière dans la high-tech. ” Je vais dans les écoles et j’explique aux filles qu’elles doivent étudier les sciences pour ne pas limiter leurs choix plus tard dans leurs études “, raconte Mary Morse, ingénieur chez Autodesk.Autodesk accueille aussi des jeunes filles dans ses locaux. Pendant une journée, elles suivent une femme au travail et découvrent en même temps le monde du travail et celui de la haute technologie. Six heureuses élues sont actuellement en stage chez Autodesk où elles travaillent sur le site de Design Your Future et apprennent à utiliser des logiciels. ” Je viens travailler chez Autodesk toutes les semaines. C’est agréable de voir que des femmes peuvent devenir ingénieur et diriger des équipes “, explique Anna Boyadjieva. Cette lycéenne raconte qu’elle aime les maths, mais qu’elle a remarqué que les filles ne prennent pas les cours de maths les plus avancés. C’est ce genre de handicap qui entravent les jeunes femmes dans leur future carrière.Si Design Your Future et le Women’s Technology Cluster ont raison, Carol Bartz chez Autodesk, Carly Fiorina chez Hewlett Packard et Meg Whitman chez eBay ne seront bientôt plus des femmes exceptionnelles. Le club très restreint des femmes ingénieurs et celui encore plus réduit des femmes CEO de compagnies high-tech devrait accueillir de nouveaux membres.

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Isabelle Boucq