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Facebook a censuré les Kurdes syriens pour protéger son business en Turquie

En 2018, c’est la directrice des opérations de Facebook elle-même qui a scellé le sort de la page officielle des forces kurdes syriennes (YPG), sur fond d’une campagne militaire turque sanglante sur le territoire syrien.

Facebook du mauvais côté de l’histoire, encore. Le magazine d’enquête Propublica dévoile que la direction de Facebook a cédé aux pressions d’Ankara lors de la campagne turque contre les forces kurdes syriennes en 2018.

Alors que le gouvernement de Recep Tayyip Erdoğan menaçait l’entreprise de représailles si Facebook ne censurait pas la page, la direction a rapidement choisi. C’est par le biais d’un mail laconique que la directrice des opérations de Facebook, Sheryl Sandberg, a donné son feu vert pour fermer la page officielle des « Unités de protection du peuple » (YPG).

Adrian BRANCO / 01net.com – Des membres des YPG/YPJ lors de la bataille de Tall Abyad en 2015.

Le problème ? Si les YPG ne sont pas irréprochables – comme toute force de résistance – il n’empêche que les Kurdes syriens sont, depuis le début des années 2010, le principal rempart à Daesh dans la région. Ils représentent aussi la principale force d’opposition au régime syrien de Bachar-al-Assad, responsable de très nombreux crimes de masse et autres exactions à l’encontre de son peuple depuis le début du printemps arabe.

A.B. / 01net.com – Des membres des YPG/YPJ lors de la bataille de Tall Abyad en 2015.

De l’autre côté du spectre, Facebook a cédé face à un gouvernement pro-islamique et suspecté d’avoir été un soutien notoire de Daech dans la région lors de la période d’expansion du groupe.
De plus, ce que les Kurdes syriens appellent « la bataille d’Afrine » (du nom de la province nord-syrienne annexée par l’armée turque) et que les turques appellent (ironiquement ?) « l’Opération Rameau d’Olivier », s’est révélée non seulement sanglante, mais aussi dérangeante. De nombreuses photos et vidéos prises par les forces turques elles-mêmes étaient d’une très grande cruauté – exécutions sommaires, décapitations de corps de kurdes, etc. Des images qui n’ont donc pas pu être montrées côté turc par les forces syriennes.

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Ne voulant pas perdre un marché important – la Turquie compte 82 millions d’habitants et sa population est très jeune, donc très portée sur les réseaux sociaux – Facebook a (une fois encore) fait le choix du porte-monnaie plutôt que celui de la liberté d’expression. Si cela n’empêchera pas le monde de tourner – et les gens de poster sur Facebook – cette histoire entache encore une fois le puissant réseau social.

Source : ProPublica

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Adrian BRANCO