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Excepté la Bourse, le marché français va bien !

Si la Bourse s’est pris les pieds dans le tapis, le marché français des services de télécommunications se porte plutôt bien. Il a progressé de 14 % entre 1999 et 2000, affichant un chiffre d’affaires de 200 milliards de francs.

Le marché des télécoms ne va pas si mal“. Une telle phrase pourrait-elle être perçue comme une provocation dans le contexte de tourmente boursière que connaît actuellement le secteur ? Certes, mais si l’on observe les chiffres du dernier rapport annuel de l’Autorité de régulation des télécommunications, pas tant que cela. Et si “la visibilité du secteur est nulle”, comme l’explique Jean-Michel Hubert, président de l’ART, la progression du chiffre d’affaires annuel du marché français semble montrer que les opérateurs ont tout de même une belle galette à se partager.

Internet et les mobiles tirent le marché

Et, tant mieux si le marché s’épure de ses acteurs mal positionnés, la part du gâteau sera d’autant plus grande pour ceux qui restent ! Laissant de côté le cynisme, il peut être intéressant de s’interroger sur la chute vertigineuse des cours de Bourse alors que le marché, français tout au moins, a progressé de 14 % entre 1999 et 2000. En effet, le chiffre d’affaires annuel des services de télécommunications a fini l’année à près de 200 milliards de francs. Encore une fois, ce sont les services mobiles et les communications d’accès à Internet qui se distinguent, puisque les premiers croissent de 49 % ; et les secondes, de plus de 100 %.Sur ces deux segments, véritables porteurs du marché, l’année 2000 s’est en effet avérée un bon cru. Sur les trois premiers mois de 2000, les opérateurs de mobiles ont engrangé quelque deux millions de nouveaux clients, et les premiers mois de 2001 sont à peine moins bons puisqu’ils ont totalisé plus de 1,6 million de clients, portant ainsi le taux de pénétration du mobile à 52 % de la population française. Pour Internet, comme pour les mobiles, l’ART souligne la progression plus forte en volume qu’en chiffre d’affaires, cela s’expliquant par une baisse des prix importante. À ce sujet, l’Autorité a établi des paniers de consommation pour les tarifs proposés par France Télécom. Pour l’année 2000, ils ont affiché une baisse de la facture moyenne en services fixes (abonnements et communications) de 16,3 % pour les entreprises.

L’écrémage continue

Et, cette année encore, la téléphonie fixe se retrouve en dernière position de la croissance, avec un chiffre d’affaires (hors Internet) en baisse de 2,3 %.Sur ce segment, qui tire son épingle du jeu de massacre ? France Télécom évidemment ! Constatant une baisse de son chiffre d’affaires des communications, l’opérateur n’a pas manqué d’augmenter ses abonnements…Dans le domaine de l’accès proprement dit (marché issu du raccordement direct des abonnés par les opérateurs), les entreprises ont le choix entre neuf opérateurs, mais pas sur l’ensemble du territoire. Ainsi, ADP (les Aéroports de Paris) n’est opérateur que sur sa zone d’emprise, à savoir les communes des trois aéroports qu’il gère. Dans son rapport, l’ART souligne également que certains opérateurs ?” comme Cegetel, Colt ou WorldCom ?” ayant pénétré ce marché ne se préoccupent principalement que des quartiers d’affaires des grandes villes, tandis que d’autres ont “poussé” jusque dans des villes plus moyennes (Belgacom ou Completel).

Une orientation vers la niche

Du côté de l’effectif des acteurs sur le marché, l’ART a reçu, dans le courant de l’année 2000, pas moins de trente demandes d’autorisations. Sur ces demandes, treize concernaient des réseaux ouverts au public (L.33-1), quatre portaient sur la seule fourniture de services téléphoniques (L.34-1) et treize incluaient à la fois le réseau et le service. D’après les observations de l’ART, les deux clientèles les plus particulièrement visées par les nouveaux opérateurs sont les fournisseurs d’accès et les petites et moyennes entreprises.Alors que la voix traditionnelle a marqué un net repli (seules 3 demandes visaient à fournir un service de voix), la voix sur IP ne semble toujours pas en phase de décollage. En effet, le gendarme des télécoms n’a pas reçu plus de deux demandes d’autorisations destinées à offrir des services de voix sur IP. La première émanait de Marconi France et constituait une simple extension de la zone de couverture prévue lors de la première autorisation, délivrée en 1999. La seconde, de la part de XTS Network, repose sur l’offre de services au départ des départements d’outre-mer. Selon l’ART, “l’envergure de ces projets reste modeste “. C’est tout dire !Sur l’année écoulée, les grands chantiers de l’ART, pourtant prometteurs, se sont transformés en véritables déroutes. Premier dossier : la boucle locale radio. Dans un souci d’ouverture, l’ART a choisi d’octroyer les licences à des opérateurs “exotiques”, mis à part FirstMark Communications ou LDCOM. Un an plus tard, seuls ces derniers, ainsi qu’Altitude Telecom et Belgacom, ont déployé quelque chose. Et encore, avec mille précautions. L’un des deux grands vainqueurs, Fortel, a jeté l’éponge sans avoir rien entrepris, puis s’est fait racheter par LDCOM, qui se retrouve de facto titulaire de onze licences régionales et d’une licence nationale qui n’intéresse soudain plus personne.Deuxième dossier : le dégroupage. Sur ce volet, comment ne pas être tenté de tirer son chapeau à France Télécom ? L’opérateur a su si bien se défendre. On peut oser une invective à l’encontre de l’Autorité pour n’avoir pas su faire preuve de suffisamment de fermeté vis-à-vis de l’opérateur historique, qui possède, il est vrai, sans doute plus de juristes à son service que l’Autorité. En attendant, sur la grosse trentaine d’opérateurs candidats au départ, seuls quatre ont d’ores et déjà accepté l’offre de référence de France Télécom. L’ADSL dégroupé de masse n’est pas pour maintenant.

Un improbable eldorado

Enfin, dernier dossier, qui coûte cher aujourd’hui et ne rapportera rien avant des années : l’UMTS. Là encore, la procédure d’appel à candidatures ayant pris un peu de temps, le marché avait déjà inversé la tendance et, sur les quatre licences, seules deux trouvaient preneurs chez France Télécom et SFR. Bouygues Telecom, quant à lui, boudait un improbable eldorado, et tous les opérateurs étrangers, qui jusque-là lorgnaient vers l’Hexagone, ont fait volte-face.

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Jérôme Desvouges