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Et si, face aux consoles, les PC de gamers étaient à nouveau l’avenir du jeu vidéo

Les chiffres le confirment, le marché du PC de joueurs explose en France. Il est certes loin de celui des consoles et sans doute condamné à ne jamais le dépasser, mais il porte en son sein l’innovation qui fait avancer le jeu vidéo.

Et si l’avenir du jeu vidéo passait par le PC ? C’est de toute évidence le cas en forçant un peu le trait, si on considère que les deux principales consoles du marché actuel sont des PC déguisés. Mais les PC pourraient bien ne pas avoir besoin de cette petite distorsion de la réalité pour incarner le futur du jeu vidéo.
Ainsi, à l’occasion de la publication de son Essentiel du Jeu Vidéo, le SELL (Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisirs) a mis en avant le succès incroyable de ses machines auprès des joueurs français.

PC de gaming, le marché qui valait un milliard

Le marché des PC de gamers représente – pour sa seule partie « matériel »  – 458 millions d’euros pour l’année 2016. Quand on ajoute les revenus des jeux et les accessoires, ce petit monde franchit – pour la première fois – le cap du milliard d’euros !

SELL

C’est certes moitié moins que ce que produit le marché des consoles au global, qui représente 63% de la valeur de l’industrie du jeu vidéo, selon le SELL. Justement, en termes de valeurs, les consoles ont généré 600 millions d’euros en hardware. On peut dès lors se dire que les 458 millions d’euros des PC ne sont pas loin, même si cela implique évidemment un plus gros volume écoulé, vu qu’une console coûte moins cher qu’un PC.

Néanmoins, le marché du PC semble en très forte croissance. De nombreux indicateurs pointent dans cette direction. A commencer par des tendances globales, comme la présence d’une gamme gaming chez quasiment tous les fabricants de PC ou le fait que ce marché croît alors que les consoles se sont essoufflées en 2016, malgré l’arrivée de la PS4 Pro et de la Xbox One S.

SELL

Le marché des PC de jeux a enregistré une hausse de 20% de son chiffre d’affaires là où celui des consoles a baissé de 2%. On aimerait croire l’explication du SELL qui justifie cette micro-baisse en indiquant qu’il n’y a eu que 52 semaines en 2016 contre 53 en 2015. Une chose est certaine, même avec une semaine de moins, le nombre de PC de gaming vendu en 2016 est en hausse de 30%.
Par ailleurs, les ventes de jeux ont augmenté de 13% sur les PC, en France toujours, là où la hausse est de 4% sur console. Sans doute le résultat d’une plus grande diversité de titres sur PC, notamment avec les jeux indépendants très nombreux.
Dans tous les cas, le portrait du marché du PC est colossal et prometteur.

La force du portable

D’autant plus prometteur que c’est un des rares secteurs des biens de consommation high-tech où les utilisateurs continuent à dépenser plus. Là où les consoles baissent leur prix pour séduire, le prix moyen d’un PC de gamer a augmenté de 10% par rapport à 2015, à 1142 euros, tandis que celui d’un portable de gaming grimpe de 4% à 1020 euros. A contre-courant de ce qu’on observe ailleurs, donc.

Il est d’ailleurs intéressant de noter que les PC portables représentent la majeure partie du chiffre d’affaires du segment PC hardware. Ils comptent pour 353 millions d’euros, là où nos bonnes vieilles tours comptent pour 105 millions d’euros.

Un succès croissant de la portabilité qui peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Tout d’abord, on l’a vu, le prix moyen pour un PC portable de gaming est plus bas. Ensuite, tout en pouvant être emmené n’importe où, le portable simplifie grandement l’utilisation réputée plus compliquée des PC, face aux consoles. Enfin, la dernière génération de puces graphiques de Nvidia efface quasiment les différences de performances entre les PC portables et de bureau. Autant dire que le jeu sur portable ne revient plus à sacrifier la puissance.

Là d’où vient le futur

Mais cette montée en puissance des PC n’est – objectivement – pas le simple fruit d’un changement récent de l’air du temps et d’un engouement nouveau pour l’e-sport, comme le pense le SELL.

Au-delà de la petite guerre que se livrent PCistes et joueurs sur console, au-delà de la domination des PC en termes de puissance pure, il est difficile de nier que les ordinateurs de gamers portent l’innovation dans le jeu vidéo (à l’exception des nouveautés venues du mobile). C’est sur PC que la réalité virtuelle a pris son envol, même si Sony s’est rapidement inscrit dans la course avec le PlayStation VR.
Les PC portent en leur sein des qualités qui manquaient et manquent encore aux consoles.

L’ouverture de la plate-forme aux développeurs indépendants est un dossier sur lequel les fabricants de consoles ont compris depuis longtemps qu’il fallait faire un effort. En revanche, Microsoft et Sony sont encore à la peine sur la question de la rétrocompatibilité des catalogues. La Xbox One ajoute au coup par coup des jeux, sans frais pour le joueur. Tandis que la PlayStation 4 propose de revivre, grâce au Cloud et au PlayStation Now les plaisirs d’hier. Mais encore faut-il payer et que le service soit disponible. Ce n’est toujours pas le cas en France.

Enfin, difficile de nier que le jeu dématérialisé qui monte en puissance depuis l’arrivée des Xbox One et PS4, est né sur PC où des plates-formes comme Steam ont réussi à construire un espace tout à la fois commercial et communautaire, ouvert aux éditeurs et développeurs de toute taille.

Horace against the machine…

Il est évident que les PC de joueurs ne triompheront pas des consoles, pour de très nombreuses raisons et contraintes, mais ils n’en incarnent pas moins l’innovation et le futur. Comme « la Grèce conquise conquit son farouche vainqueur », les PC vaincus ont marqué les consoles de leur art. L’arrivée d’une PS4 Pro et d’une Xbox Scorpio en est une preuve. La volonté de Microsoft d’unir le destin de sa console à celui des PC au travers de Windows 10 une autre.

La cause est donc entendue, le PC hante et domine dans l’ombre le paysage des consoles modernes ? Pas totalement. Nintendo demeure une sorte d’anomalie étonnante et séduisante, qui refuse ces règles du jeu et cherche d’autres voies pour nous faire jouer. Si, en l’occurrence, la Switch paraît avoir fermé (partiellement) la porte du PC, c’est pour mieux en ouvrir une autre, riche en innovation également, celle du mobile.

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Pierre FONTAINE