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“En matière d’emploi, les mutations vont être de plus en plus brutales “

Pour ce spécialiste en ressources humaines, internet peut aider à apprécier l'”employabilité” des salariés et à gérer les à-coups dans le recrutement.

Quel est l’impact d’internet sur l’organisation des entreprises ? Incontestablement, il est encore très faible. Les entreprises n’ont développé une politique internet que dans deux domaines : l’image et l’e-business. Pour le reste, tout est encore à l’état de projet. Les managers doivent maintenant prendre conscience que l’installation d’un intranet ne se limite pas à la mise en place d’un tuyau électronique supplémentaire.On évoque de plus en plus l’e-learning. Constatez-vous la mise en place de projets dans ce domaine ? Dans quel domaine conseillez-vous spécifiquement aux entreprises de se servir d’un intranet ? Nous nous servons de l’intranet sur de gros projets d’entreprise. Sur ce type de chantier, la communication décentralisée est cent fois plus efficace qu’une information centralisée et descendante. En ce qui concerne ce dernier cas, les salariés ne se sentent pas impliqués. Or l’intranet permet de prolonger les réunions et de continuer le dialogue. En secret, avec soi-même en quelque sorte, il est possible de poser des questions et d’obtenir les réponses. L’intranet de-vient un ” port de convivialité “. Aujourd’hui les salariés perdent de plus en plus leurs repères. Ils sentent que ” ça change tous les jours “. L’intranet doit leur permettre de discuter librement des questions qui leur tiennent à c?”ur. Encore faut-il que les entreprises jouent le jeu à fond. La gestion des différents forums et des informations destinées aux salariés constitue, à coup sûr, l’une des questions les plus importantes de ces prochaines années.Et précisément dans le domaine des res-sources humaines ? En terme de recrutement, internet est facteur d’efficacité et de réduction de coûts. Il permet d’élargir son marché, de faire passer une série de prétests et, en interne, d’indiquer les postes vacants à chaque salarié. De surcroît, avec internet, les entreprises sont en train de constituer de formidables fichiers qui leur seront très précieux pour détecter leurs futurs collaborateurs. Car, dans le domaine de l’emploi et de la gestion des compétences, les entreprises ont deux défis à relever : définir leurs besoins et y répondre. En matière d’emploi, les mutations sont de plus en plus brutales. En décembre, par exemple, Ericsson était encore en phase d’embauches. Trois mois plus tard, la société annonce des plans de licenciements importants. Internet va être de plus en plus utile pour évaluer l'”employabilité” et les compétences des salariés. Les grands plans sociaux ne sont-ils pas encore à venir ? Si les entreprises avaient le sentiment que la récession mondiale les guettait, elles réagiraient plus vite sur l’emploi qu’elles ne l’ont fait il y a dix ans. La raison en est simple : la pression des marchés financiers. Il est faux de croire que le nombre de plans sociaux est en progression. Pour des raisons politiques, les plans sociaux avaient été gelés jusqu’aux élections municipales. Les entreprises n’ont fait que rattraper le retard. Mais il ne faudrait pas que cette apparence de licenciements de masse affecte le moral des ménages, qui tire la croissance de toute l’économie. La baisse des marchés ne met-elle pas un point final à l’engouement pour les stock options ? Il n’y a aucune corrélation avec la baisse des marchés. Cette année, malgré la chute de la Bourse, le mouvement de l’actionnariat salarié et des stock options continue à prendre de l’ampleur. Pour les en-treprises, cela reste un excellent outil de motivation et d’explication du futur. En France, comme les stock options doivent être bloquées cinq ans, les salariés sont peu sensibles à la volatilité des marchés. Ils ont tendance à les considérer comme des valeurs de fonds de portefeuille. Les jeunes pousses procèdent à des distributions, presque tous les ans, de manière à s’adapter à l’évolution du titre et à en faire également un argument de fidélisation de leurs collaborateurs. Quant aux plans d’épargne d’entreprise (PEE), ils représentent l’une des rares niches fiscales, puisqu’ils sont largement exonérés d’impôts. Il est frappant de constater qu’à chaque fois qu’une entreprise a proposé à ses salariés d’acheter des titres avec une décote, et qu’elle a renouvelé cette offre quelques mois plus tard alors que le cours est en dessous du prix payé malgré la décote, les salariés continuent à souscrire en masse. En réalité, les salariés agissent un peu à la manière d’initiés, convaincus que leur société a plus de valeur que ce que pense le marché.

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Nicolas Arpagian et Jean-Jérôme Bertolus