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Ecoles de commerce: des petites qui n’ont rien à envier aux grandes

Les écoles de commerce ont introduit l’e-business dans leur cursus par le biais d’options, de mastères et dannées de spécialisation.

Les écoles de commerce ont introduit l’e-business dans leur cursus. Les plus petites se sont lancées bien avant les grandes institutions prestigieuses comme HEC ou l’ESCP. L’ESC Lille a ainsi franchi le pas la première, en créant, en 1997, une option ” Commerce électronique et marketing ” pour les étudiants de troisième année. Depuis trois ans, un mastère s’ajoute au catalogue. Une avance qui s’explique en partie par la présence dans la région Nord de grandes entreprises de vente par correspondance, comme La Redoute. “ Nous n’avons pas fait de l’e-business pour suivre la mode, assure Jean-Pierre Debourse, le directeur. Notre savoir-faire, qui s’appuie sur le marketing direct et la vente à distance, passe aujourd’hui aussi par l’e-mail. Internet n’est qu’un nouveau média qui intervient dans notre stratégie marketing.” Dès la première année, un module ” E-culture ” permet aux étudiants d’acquérir les bases pour maîtriser les nouvelles techniques des systèmes d’information, et notamment les outils de développement des sites internet. En 2001, douze élèves ont participé à cette formation pas seulement théorique mais, au contraire, très pratique.

Mastères

A un niveau plus élevé du cursus, les écoles de commerce ont aussi créé des mastères spécialisés en e-business, et agréés par la CGE (Conférence des grandes écoles). D’une durée d’un an, ces formations de troisième cycle incluent à la fois des enseignements théoriques, un travail de recherche personnelle en entreprise et la soutenance d’une thèse professionnelle. À la dernière rentrée, l’ESCP-EAP, produit de la fusion entre l’École supérieure de commerce de Paris et l’École européenne des affaires, a complété son offre avec l’un de ces diplômes. “ La nouvelle économie repose à la fois sur des enjeux techniques et sur une mise en perspective business qui représentent respectivement environ 30 et 70 % de notre enseignement“, précise Olivier Badot, le responsable. Les élèves apprennent autant à gérer une base de données clients qu’à mettre au point une stratégie e-business pour développer un site internet. Ils effectuent en outre un voyage de 13 jours dans la Silicon Valley, aux États-Unis, où ils rencontrent un maximum d’acteurs de la nouvelle économie (experts, personnel de start-up ou de grands comptes). Une véritable aubaine pour ces étudiants, qui explique en partie le prix élevé de la formation ( 12 000 euros environ, soit 77 000 francs). “ Ils passent en définitive une année en immersion dans l’e-business et y rencontrent toutes sortes de professionnels, ajoute Olivier Badot. Jusqu’au prêtre qui travaille sur le site Lejourduseigneur.com !“L’autre école prestigieuse, HEC, a aussi créé son mastère ” Net Business ” en 2000. “ L’an dernier, nous avons reçu 100 dossiers sérieux, qui répondaient aux critères de sélection. Cette année, 70“, explique Jacques Lendrevie, co-directeur scientifique du diplôme. Selon lui, l’image négative de la nouvelle économie a radicalement changé le profil des candidats : “Dans la première promotion, il y avait beaucoup de jeunes qui voulaient créer leur start-up, explique-t-il. Aujourd’hui, les étudiants ont déjà trois ou quatre ans d’expérience professionnelle, dans un département e-business, par exemple.” La force de ce mastère est qu’il a été créé en partenariat avec une autre école renommée, l’ENST (École nationale supérieure des télécommunications). Destiné aux diplômés de grandes écoles d’ingénieurs et de gestion, il met un point d’honneur à donner cette fameuse double compétence, prisée par les recruteurs. “Nous apportons aux ingénieurs intéressés par la prise de responsabilités dans les départements achat, R&D ou marketing, des éléments de management et de formation à la politique générale de l’entreprise (finances, ressources humaines, etc.), assure Jacques Lendrevie. Mais les étudiants doivent aussi maîtriser les nouvelles technologies“.

Partenariats

EC n’est pas un cas isolé. Ces partenariats séduisent les écoles. L’ESC La Rochelle s’est ainsi mariée avec l’EIGSI (École d’ingénieur en génie des systèmes industriels) pour mettre en place un mastère dans cette spécialité. “ Une formation exclusivement consacrée aux outils e-business formerait des techniciens internet dont les entreprises n’ont pas besoin“, justifie Antoine Dintrich, le directeur général adjoint. D’autres écoles ont opté pour des troisièmes cycles entièrement consacrés à l’e-business. Dès 1997, le pôle universitaire Léonard-de-Vinci, dans les Hauts-de-Seine, met au point un troisième cycle ” Marketing et commerce sur internet “. Toujours très axé sur ces deux disciplines, son contenu a beaucoup évolué. “ Nous avons ajouté un module de gestion de projet, des cours sur l’e-mailing. L’an prochain, nous y mettrons les ASP [Application Service Providers, fournisseurs d’applications en ligne, ndlr], souligne Vincent Montet, responsable pédagogique. Pour lui, “ l’objectif n’est pas de tout couvrir mais d’être au plus près du marché, en faisant des choix. Nous n’avons jamais conçu de module WAP “.e groupe Reims Management School, lui, a créé il y a deux ans Tema, une école de management ” à forte valeur technologique “, avec l’ENPC (École nationale des ponts et chaussées), particulièrement en pointe sur les nouvelles technologies. De niveau Bachelor of Science, le cursus s’étend sur quatre ans. Au programme : des cours obligatoires les deux premières années (e-commerce, logistique, base de données relationnelles, etc.) et en troisième et quatrième année, une spécialisation : finance, marketing ou encore management des technologies de l’information. “Les étudiants sont tous équipés d’un micro ordinateur. Ils vivent dans une culture e-business, explique Wladimir Sachs, le directeur de Tema. Nous disposons même de deux accès à internet pour trois élèves. Aucun papier ne circule.” L’enseignement est complètement orienté méthodologie de projet. Avec un stage d’un an en troisième année et un travail sur le lancement d’un produit en dernière année.

Majeure

utre cas de figure : les écoles qui inscrivent l’e-business dans le cadre d’une ” majeure “, c’est-à-dire une année de spécialisation. L’Edhec Sophia Antipolis forme ainsi depuis deux ans les étudiants de troisième année au ” Management des nouvelles technologies de l’information et de la communication “. Une trentaine d’étudiants suivent 135 heures de cours, dont une bonne partie en anglais, sur des thèmes variés : e-commerce, bases de données, etc. À la rentrée, une majeure marketing s’ouvre, un module sur les cinq existants exclusivement consacré à l’e-business. “Nous avons choisi d’introduire l’e-business comme une tendance de fond du management de l’entreprise : il concerne donc tous les cours : juridique, finance, stratégie…“, explique Olivier Oger, directeur de l’Edhec. Autre projet à la rentrée, celui de l’ESCEM (École supérieure de commerce et de management) qui propose, avec IBM et Arisem, éditeur de logiciels pour intranets et sites web, une filière de spécialisation d'” E-consulting ” destinée, en troisième année, à ses étudiants de Tours et de Poitiers. Parmi les thèmes abordés, les missions du conseil en ligne, les outils du consultant pour piloter des projets e-business, la conduite de changement.

Sur mesure

utre ces profils plutôt généralistes, les écoles sont de plus en plus nombreuses à créer des diplômes sur mesure, destinés à former par exemple des spécialistes du marketing en ligne. “Les entreprises traditionnelles recrutent aujourd’hui beaucoup de gens dans les start-up. Mais, dans les années à venir, elles auront épuisé ce vivier de compétences. Elles se retourneront probablement vers des profils plus spécialisés “, explique Bertrand Bathelot, le responsable pédagogique du nouveau mastère ” Communication et marketing interactifs ” du groupe ESC Amiens, créé en partenariat avec de nombreux professionnels du secteur (ABC Netmarketing, BVA On line, etc.).

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Sandrine Chicaud