Passer au contenu

Docteur Bernard Guillot, psychanalyste : il remplace le divan par les jeux vidéo

Finie la thérapie de papa ! Aujourd’hui, ce praticien pas comme les autres soigne des enfants psychotiques avec Lara Croft.

Dans le cabinet du docteur Guillot, psychiatre-psychanalyste, le patient ne s’allonge pas forcément sur le divan. Il peut aussi s’installer aux commandes d’un ordinateur. “Des parents m’amènent des enfants en échec scolaire, qui ne s’intéressent à rien d’autre qu’aux jeux vidéo. Alors je traite le mal par le mal. J’installe ma manette de pilotage et je joue avec eux. C’est un moyen de créer l’échange. Un partage d’émotions et de plaisir qui fait tomber leurs résistances.” Courses automobiles, simulateurs de vol ou jeux d’aventures, une dizaine de titres pour Mac et PC servent ainsi pour ses consultations.
Agé de 56 ans, marié et père de deux grands enfants, Bernard Guillot s’est passionné très tôt pour l’informatique. En 1987, il développait déjà des applications en langage Hypercard sur l’un des premiers modèles de Macintosh pour gérer sa clientèle. A la fin des années 80, il prend en charge des jeunes toxicomanes. “Le drogué est accroché à un objet mortifère, il faut lui proposer de s’accrocher à une autre locomotive.” Cette locomotive, c’est l’ordinateur. Et rien de mieux que le jeu pour se familiariser avec la machine. “Le jeu procure du plaisir, relaxe le corps et détend l’esprit. Son action bienfaisante peut mobiliser positivement le joueur.” Pour élargir l’éventail de ses jeux, cet inconditionnel du Macintosh a assemblé récemment son premier PC, un modèle à base de Pentium III. Il l’a mis en réseau avec son Power Mac G4. Il y a connecté un boîtier Switch box DVI/USB, de Dr Bott, qui lui permet, grâce à un port USB, d’utiliser avec ses deux ordinateurs les mêmes clavier, écran, souris, manette de pilotage et volant à retour de force. Un disque dur et un graveur externes sont reliés aux deux machines par prise FireWire. Le psychanalyste traite aussi des enfants déficients ou inadaptés à une scolarité normale. Avec eux, il se livre à des parties de Tomb Raider, le célèbre jeu d’action d’Eidos. Il a ainsi réussi à faire disparaître les angoisses d’un petit garçon qui avait peur de l’eau : “Il éprouvait un plaisir fou à faire nager Lara Croft dans la piscine du palais de Florence. A force de la faire rentrer dans l’eau, ressortir et replonger, il a réalisé qu’on ne se noyait pas immédiatement, qu’on pouvait rester un moment sous l’eau sans respirer. Il a cessé d’avoir peur.” Lara Croft a également apporté son aide à une autre jeune patiente. La petite fille, psychotique, poussait des cris et se donnait des claques dès qu’elle était en présence d’autres enfants. Pour avancer dans le jeu, elle a pourtant fini par accepter les conseils de l’un d’eux. “Le jeu a permis de la sortir d’une relation exclusive à l’adulte, et de l’ouvrir à une relation de partenariat avec un autre enfant. En retour, l’autre enfant s’est senti valorisé par ce rôle, se privant même de jouer pour mieux l’aider.”

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Valérie Devillaine