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Digitale fantaisie

Il réfute les modes et se méfie de l’engouement récent pour les arts numériques. Musicien, scénographe, “illusionniste” rompu au multimédia depuis plus de 20 ans, Bernard…

Il réfute les modes et se méfie de l’engouement récent pour les arts numériques. Musicien, scénographe, “illusionniste” rompu au multimédia depuis plus de 20 ans, Bernard Szajner ne veut pas devenir “tendance”. Et pourtant ! Son spectacle, L’Étoile [de ceux qui ne sont pas nés], au Phénix de Valenciennes les 20 et 21 décembre, a tout pour séduire les afficionados de la “branchitude” : préparation des tableaux à l’aide d’outils numériques, projections vidéo, sons électroniques, et robot déglingué déambulant sur scène. Sans oublier les thèmes centraux du spectacle : le clonage et l’homme bionique, plus d’actualité que jamais.L’histoire (récit complet sur www.lespectacle.com, cliquer sur Coulisses, puis sur le huitième carré en partant de la gauche ?” L’Étoile ?” et enfin sur Les scripts) se passe cent mille ans après la mort du héros, l’Égaré, à qui l’on va proposer un “tronçonnage” virtuel et un corps nouveau aux potentialités inouïes, tandis que son ami, BH, mi-humain, mi-machine, se paie une nouvelle tête, numérique forcément. Sur scène, d’étonnants tours de passe-passe sont déployés pour matérialiser ces métamorphoses du futur : l’Égaré est disséqué par une grande roue de 2,5 mètres de diamètre, dont les hélices finissent par former un écran, support aux vidéos réalisées par des étudiants de Supinfocom, l’école de création multimédia de Valenciennes ( www.supinfocom.fr). Quant à BH, sa tête devient faisceau lumineux : des diodes formant des pixels générés par ordinateur composent une tête luminescente, sorte de visage-écran sur lequel sont projetés des symboles en guise d’expressions corporelles. “C’était la commande du Phénix de faire un spectacle à forte composante technologique, explique Bernard Szajner, mais cela reste avant tout du théâtre, c’est-à-dire une histoire, des comédiens, un public. Les outils ne doivent pas faire passer au second plan la poésie du spectacle “. Et l’artiste de raconter que tout commence par “des gribouillages à la main”, croquis oniriques qui seront scannés, passés à la moulinette de la rigueur mathématique du PC. Imaginé comme une figure “giacomettienne”, corps filiforme, bras et jambes infiniment longs, l’Égaré fut, ainsi, redessiné à l’aide du logiciel d’architecture Autocad, pour que ses dimensions deviennent parfaitement harmonieuses avec celles du Phénix.De même, les dialogues des comédiens (parmi lesquels la chanteuse Sapho) ont été pré-enregistrés et retravaillés en numérique pour, joli pied de nez au cliché de la froide perfection technologique, “conserver les accidents, les souffles de la voix, et faire une chorégraphie de la parole”. Szajner, qui a inventé la Harpe laser, utilisée par Jean-Michel Jarre dans les années 1980 (détail de son principe sur www.kami.org/jarre/harpe.shtml) veut conserver le charme de “l’artisanal”, quelle que soit la puissance des outils. Les mimiques faciales du robot présent sur scène sont commandées informatiquement, mais ce sont des hommes de chair et d’os qui font bouger ses membres… Métaphore parfaite du travail du scénographe : “Si je pouvais, je me passerais de la technique, confie Szajner. Il est si facile d’impressionner grâce à elle, et presqu’autant de perdre son âme…”“L’Étoile [de ceux qui ne sont pas nés] “, au Phénix à Valenciennes, les 20 et 21 décembre, www.lephenix.fr.”

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Sophie Janvier-Godat