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Déboires des TMT : leçon en stratégie d’investissement

Ce qui pose problème, c’est l’engagement massif de capitaux d’une société dans des investissements peu liquides, sur un marché dominé par une euphorie spéculative.

Les fortes provisions que les groupes de technologie, médias et télécommunications (TMT) ont été contraints de passer pour déprécier leurs actifs acquis au plus haut de la spéculation internet doivent nous faire réfléchir sur les stratégies d’investissement à mettre en ?”uvre au sein des groupes. Le principal argument de ceux qui défendent les investissements réalisés à cette époque consiste à affirmer que tous les concurrents faisaient la même chose, et qu’il y avait nécessité d’investir pour ne pas risquer d’être irrémédiablement dépassé.Cet argument consiste, en fait, à justifier la spéculation par la spéculation : “On ne peut me faire de reproches quand je fais ce que d’autres font.” La principale faiblesse de cette justification est qu’elle concerne davantage des traders prenant sur le marché des participations minoritaires, que des groupes prenant le contrôle majoritaire d’autres groupes. Dans un cas, l’investissement, pour être spéculatif, n’en est pas moins liquide, et le trader peut toujours espérer désinvestir juste avant que la vague ne retombe (ce que certains parviennent à faire). Dans l’autre cas, on a affaire à des investissements massifs et peu liquides, voire illiquides sur le court terme. Or l’investissement spéculatif illiquide a un nom : cela s’appelle du capital-risque. Les quatre ou cinq ans qui viennent de s’écouler ont vu la plupart des grands groupes de technologies, médias et télécoms se transformer en sociétés de capital-risque pour compte propre, sans que leurs actionnaires ou leurs dirigeants l’aient vraiment perçu, et sans d’ailleurs (à l’époque) que le risque spéculatif soit pris en compte dans le multiple boursier.La baisse de cours dont ces groupes ont été victimes traduit en grande partie la prise de conscience chez les investisseurs du caractère spéculatif des activités principales de ces groupes.

Urgence dans les prises de position

Ces mésaventures font penser à celles qu’ont connues les banques dans l’immobilier il y a dix ans : un engagement massif d’un grand nombre d’établissements dans le prêt à l’immobilier ou la prise de participation chez des promoteurs, alors que les prix flambaient. Les arguments étaient alors comparables à ceux qu’on a entendus chez les TMT : urgence de prendre des positions sur un marché qui se révélait un nouvel Eldorado, pression concurrentielle. Ce qui pose problème dans les deux cas, c’est l’engagement massif de capitaux d’une entreprise dans des investissements peu liquides, sur un marché dominé par une euphorie spéculative.

Le choix de la prudence

Que l’investissement reste marginal par rapport aux capitaux de la société, cela s’appelle du capital-risque d’entreprise et permet de maintenir une activité de veille. S’il doit être plus ample, il doit inclure davantage de participations minoritaires dans des entreprises cotées, et donc liquides. Et si l’entreprise cherche à investir massivement sur de nouveaux marchés en y acquérant de nouveaux acteurs, elle doit savoir attendre la fin d’une période spéculative : la spéculation ne signifie pas nécessairement que toutes les places vont être prises rapidement ; certaines d’entre elles sont si chèrement acquises qu’elles peuvent se retrouver en vente après la vague spéculative, permettant aux entreprises patientes de réaliser de bonnes affaires.Il est vrai toutefois qu’en période de spéculation, le choix de la prudence nécessite de prodiguer bien plus d’explications aux analystes et aux investisseurs que lorsqu’on acquiert à prix dor une cible en vue…partner accenture

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François Valérian*