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Dans les coulisses des statistiques

L’incrustation à l’écran de statistiques en temps réel suppose une organisation technique et humaine dans laquelle l’informatique joue un rôle clé.

Retransmission du match France-Norvège, le 11 août dernier. Les joueurs font leur entrée sur le terrain. L’équipe technique de TF1 est déjà à pied d’œuvre dans le car régie mais aussi en tribune officielle. Durant les deux mi-temps, aucun joueur ne va échapper à l’œil avisé de Michel Ébé, analyste statistique qui siège aux côtés de Vicente Lizarazu et des commentateurs. Passes, tirs cadrés, fautes, rien ne lui échappe ! Toutes les actions sont pointées sur l’écran de son ordinateur et alimentent, via une connexion réseau, la base de données de l’opérateur qui prépare les incrustations dans le car régie. Lors de l’égalisation d’Erik Huseklepp, le réalisateur demande de greffer le nombre de tirs du Norvégien. Depuis son poste de travail, l’opérateur extrait l’information de la base de données et l’envoie au réalisateur qui la regarde sur son “ preview ” ? un petit écran qui ressemble à un iPad ? avant de valider son incrustation à l’écran sous forme d’animation graphique. L’ensemble s’effectue en temps réel, et ne nécessite qu’une poignée de secondes.Fournir en continu une base d’informations, avec une marge d’erreurs minimum, constitue un challenge. “ Il m’a fallu créer un outil pour pouvoir saisir toutes ces données, explique Michel Ébé. Je me suis appuyé sur une méthodologie afin de mettre au point une grille d’observation qui puisse être exploitée par n’importe quel opérateur. Cette grille repose sur trois points d’entrée que sont l’espace, le temps et l’identité ”. Et de poursuivre : “ Lors d’un match, je travaille en visuel, sans caméra. Une partie de mon clavier est dédiée aux joueurs, une autre aux actions. Hoarau fait une faute, par exemple. J’indique le numéro du joueur, le type d’action et, instantanément, l’information est envoyée sous la forme d’un fichier XML sur l’ordinateur de l’opérateur du car régie ”. Cette organisation prévaut dans le cadre de matchs qui ont lieu hors Coupe du monde et hors Champions League. La Fifa et l’UEFA utilisent en effet dans ce cas leur propre système automatisé de statistiques avec un dispositif de caméras placées autour du terrain et un logiciel de tracking qui scanne les actions. Les deux instances décident aussi des animations graphiques sur les flux TV. “ Il y a des discussions préalables qui nous permettent de savoir comment elles vont agir et quel usage elles vont faire des statistiques ”, nuance Jérôme Saporito, producteur des grands directs sur TF1.

Calculs en temps réel

En dehors de ces compétitions, les chaînes s’appuient sur leur propre système. Mais avant de parvenir à une incrustation en temps réel, il faut passer un certain nombre d’étapes. Les choses débutent bien avant dans les locaux de la chaîne TV qui établit une charte graphique pour toutes les insertions qu’elle souhaite effectuer à l’écran. Cette charte graphique est envoyée à un prestataire qui va l’intégrer dans une application spécifique afin que les calculs puissent être réalisés en temps réel lors de l’incrustation à l’écran. “ Les prestataires ont recours à la plateforme d’Orad ou celle de Vizrt, qui sont les deux plus répandues, explique Olivier Boullet, dirigeant de Parallaxes, intégrateur spécialisé sur celle d’Orad. Notre premier travail consiste à créer une maquette animée correspondant à cette charte. Nous utilisons des outils comme Photoshop, 3DSMax pour l’aspect 3D ou encore After Effect pour les animations. Vient ensuite la phase d’intégration dans la plateforme Orad. Nous travaillons alors avec Orad 3D Designer en reprenant un à un les éléments graphiques de cette maquette. Nous travaillons sur des bouts d’images, parfois des séquences, puis nous assemblons tous ces éléments ”, ajoute-t-il.Une fois intégrées dans la plate-forme, les séquences graphiques liées aux statistiques que demande le réalisateur pourront être exploitées au mieux par les moteurs de rendu, des boîtiers électroniques appelés HDVG (High-Definition Digital Video Graphics). Seuls ces boîtiers sont capables de réaliser les calculs en temps réel lors d’une incrustation à l’écran. Derrière ces moteurs de rendu, l’architecture Orad que l’on peut trouver dans un car régie est composée d’une station graphique, d’une unité de sauvegarde, d’une base de données, d’un serveur vidéo et des postes informatiques pour le trafic vidéo, les insertions automatiques et les interventions graphiques de l’opérateur.Second but de Huseklepp à la soixante-dixième minute… Nouvelle demande du réalisateur, sur le gardien cette fois. L’équipe de France a encore du pain sur la planche !

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Rémi Langlet