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Le cours du Bitcoin s’envole sur fond de faillites bancaires

Le Bitcoin est en forte hausse. Profitant des faillites en série des banques américaines, la doyenne des cryptomonnaies enregistre un rebond. Certains observateurs prophétisent d’ailleurs déjà de nouveaux records…

Le cours du Bitcoin est reparti à la hausse. La reine des cryptomonnaies a franchi le seuil des 28 000 dollars ce week-end, en hausse continue depuis la baisse éclair du 10 mars dernier. C’est la première fois depuis le mois de juin 2022 que le Bitcoin s’approche aussi près des 30 000 dollars.

cours bitcoin
Le cours du Bitcoin sur les douze derniers mois, sur CoinMarketCap

Comme toujours, le Bitcoin a tiré les autres cryptoactifs vers le haut. L’Ether, la monnaie de la blockchain Ethereum, s’est approchée de la barre des 1 900 dollars. La plupart des altcoins ont également progressé dans le sillage du Bitcoin, dont la dominance a fortement progressé en marge du rebond. La valorisation totale du marché s’est hissée au-dessus des 1 000 milliards de dollars.

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La valorisation de l’entièreté du marché crypto sur les douze derniers mois, selon CoinMarketCap

Pourquoi le Bitcoin remonte-t-il ?

Le Bitcoin a indirectement profité du séisme ayant frappé le secteur bancaire américain. Ces dernières semaines, plusieurs banques renommées ont fermé leurs portes à la suite d’un vent de panique. La Silvergate Bank, une banque très liée au secteur des cryptoactifs, a d’abord mordu la poussière. Quelques jours plus tard, la Silicon Valley Bank, une banque finançant de nombreuses start-up de la tech, a enregistré une fuite de capitaux. Incapable de rembourser ses clients, elle a été fermée par les régulateurs, déstabilisant le stablecoin USDC de Circle. C’est la plus grande faillite bancaire aux États-Unis depuis la crise financière de 2008. Enfin, la Signature Bank, une autre banque importante pour l’économie américaine, s’est aussi effondrée.

Ces faillites à répétition ont obligé le gouvernement de Joe Biden à réagir. L’administration américaine s’est engagée à rembourser intégralement tous les clients des banques, bien au-delà des limites prévues par la législation. Par la suite, la Réserve fédérale américaine, la banque centrale chargée d’émettre le dollar, a prêté près de 12 milliards de dollars aux banques américaines afin d’éviter une contagion à l’ensemble du secteur bancaire. La Réserve fédérale a aussi annoncé des prêts d’urgence à hauteur de 25 milliards de dollars pour « éviter une crise de liquidité » à tout prix. D’autres banques centrales ont pris des mesures analogues pour soutenir le secteur bancaire. C’est le cas de la Banque Centrale européenne ou de la banque centrale suisse, qui va d’ailleurs débourser 50 milliards de francs suisses pour sauver le Crédit Suisse, la seconde banque helvétique.

Les injections massives de liquidités décrétées par la Réserve fédérale américaine, qui a imprimé près de 300 milliards de dollars en moins d’une semaine, devraient stimuler l’intérêt pour les actifs les plus risqués, comme le Bitcoin et les cryptomonnaies. C’est déjà ce qu’il s’est passé en marge de la crise de la Covid-19. Les plans de sauvetage du gouvernement Biden ont maintenu sous perfusion le marché des actions, notamment celles des géants de la tech, auxquelles le Bitcoin était corrélé. Cette création monétaire débridée avait permis de relancer l’économie. Les futures décisions de la Réserve fédérale, dont l’inévitable ralentissement de la hausse des taux directeurs, devraient aussi profiter aux investissements considérés comme risqués.

Pour certains investisseurs, le Bitcoin fait aussi office de valeur refuge, au même titre que l’or. Face à la tempête qui menace les banques, ils préfèrent conserver leurs avoirs en bitcoins plutôt que de les confier à une institution bancaire, perçue comme faillible. Pour mémoire, le Bitcoin a d’ailleurs été conçu en réponse à la crise des subprimes de 2008, rappelle Simon Peters, analyste de marchés chez eToro. C’est pourquoi le Bitcoin profite mécaniquement des craintes entourant le monde des banques :

« Les inévitables échos de 2008 ont laissé de nombreuses personnes anticiper un changement de fortune pour les investisseurs en cryptoactifs et une relance de l’utilisation du bitcoin en particulier ».

Comme le souligne l’analyste, le Bitcoin est une « alternative au système financier centralisé » née d’une volonté de se passer des banques. Sans surprise, les faillites en cascade des banques américaines ont donc renforcé les idéaux des maximalistes, ces investisseurs qui ne jurent que par le Bitcoin :

« Les événements de la semaine dernière auront déjà convaincu de nombreux investisseurs, nouveaux et existants, que la philosophie du bitcoin […] reste plus que jamais d’actualité ».

Un Bitcoin à 100 000 dollars

Malgré ce rebond, le Bitcoin reste loin de son record historique. En novembre 2021, la cryptomonnaie s’est en effet approchée des 70 000 dollars, avant de se contracter pendant toute l’année 2022. Plombé par la crise économique et les désastres successifs de l’UST et de FTX, le Bitcoin a stagné entre 15 et 20 000 dollars durant des semaines.

Face à cette envolée inattendue, certains observateurs prophétisent la fin du marché baissier des cryptomonnaies. D’après une analyse du géant français Coinhouse, le Bitcoin va graduellement reprendre de la valeur dans les mois à venir, augurant de nouveaux records pour l’année prochaine.

Pour Charles Edwards, fondateur de la société d’investissement Capriole Investments, le Bitcoin est même en route vers les 100 000 dollars. À ses yeux, nous sommes à l’aube d’un nouveau cycle haussier pour toute l’industrie. Arthur Hayes, l’ancien PDG de la plate-forme d’échange BitMEX, abonde dans le même sens dans un billet publié sur Medium. Enfin, Ryan Selkis, PDG du cabinet d’analyse Messari, s’attend même à ce que la cryptomonnaie atteigne les 100 000 dollars, pour la première fois de son histoire, dans les 12 prochains mois.

Prudent, Simon Peters affirme qu’il est encore trop tôt pour annoncer le retour en force du Bitcoin et des cryptomonnaies. Selon lui, « l’incertitude persistante sur les marchés financiers » est toujours susceptible de mettre de nouveaux obstacles sur la route des actifs numériques…

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Florian Bayard
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