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Coup de jeune sur le marché

Face aux géants du stockage, de nouveaux acteurstentent de se frayer un chemin sur le marché. Leur moteur : faire mieux et moins cher.

Le marché du stockage se porte bien. En tout cas, moins mal que les autres. Le salon Forum Stockage, qui s’est tenu la semaine dernière Porte de Versailles, a clairement confirmé cette tendance. Selon Laurent Schmitte, organisateur du salon, “sur deux jours, le taux de fréquentation a augmenté de 30 % par rapport à l’année dernière. Côté exposants, nous avons de nouveaux venus, et pas des moindres, tels que Cisco, Alcatel, Intel et Dell. Mais nous avons aussi accueilli de nombreux nouveaux acteurs. Tout ceci prouve que le marché est toujours là”, se réjouit-il. Ces nouveaux entrants sont en fait une bonne nouvelle. Si les analystes ont sans aucun doute encensé le marché du stockage, consolidation et rapprochement entre acteurs en place étaient leurs maîtres mots. La crise ne les avait pas épargnés. Preuve en est, EMC a été pour la première fois déficitaire avec une perte de 500 millions de dollars en 2001. Pourtant, il semblerait que de nombreuses sociétés tentent leur chance, et sans aucun complexe. “Dans le stockage, on n’en connaît en général qu’une dizaine. Ce sont pourtant les autres qui stimulent le marché”, déclare Alain Chanry de Digital Storage, une société récemment entrée dans le monde du stockage.Une étude menée par la revue StorageNewsletter, confirme cette floraison de jeunes pousses. Plus de 199 sociétés dans le monde se sont lancées dans le secteur, l’un des plus dynamiques en matière de levée de capitaux, avec 6 milliards de dollars investis entre 2000 et 2002. “Dans un contexte économique difficile, tant pour l’industrie informatique que pour le secteur du stockage, c’est la réussite des grands acteurs comme Brocade, EMC, Network Appliance ou Veritas qui pourrait expliquer le fait qu’autant d’argent ait été investi dans ces jeunes pousses”, précise Jean-Jacques Maleval, auteur de l’étude. En général, ces start-up se différencient des géants en se concentrant sur un seul produit, sans diversification. Les initiatives se regroupent en fait selon trois grandes tendances : “Il y a d’abord les innovateurs qui lancent des produits plus conviviaux, que ce soit d’un point de vue technique ou fonctionnel, puis les structures qui se positionnent sur l’administration, très orientées SAN ou destinées à la sauvegarde, et enfin les sociétés de services dédiées au stockage de masse”, détaille Emmanuel Moreau, directeur général de la société de consulting Zetamind.

Souplesse et expertise

Selon StorageNewsletter, le domaine d’activité de prédilection de ces nouvelles structures reste incontestablement le logiciel. Logique, lorsque l’on sait que l’administration du stockage, quel que soit le matériel utilisé, est devenue le nerf de la guerre du marché. Le revenu lié au seul logiciel est évalué à 5,6 milliards en 2001 par IDC, qui prévoit 9 milliards de CA pour 2004.BakBone Software, une société implantée depuis trois mois en France, répond à tous les critères émis. Elle propose un équipement de sauvegarde NetVault très simple à utiliser et à mettre en place, les performances en plus. “Nous avons aussi une politique de prix très agressive, c’est un point différenciateur. Ce que nous voulons, c’est répondre aux besoins réels du client qui a du mal à s’y retrouver”, souligne Christophe Peillot-Frandet, responsable des ventes Europe de BakBone. Un leitmotiv qui semble repris par tous les nouveaux acteurs. “Nous avons beaucoup d’arguments, de souplesse et d’expertise. Cette valeur ajoutée nous permet de mieux identifier les besoins, et de se doter des outils les mieux adaptés pour y répondre. Le stockage ne peut pas se faire s’il n’y a pas de relation directe avec le client. Sur le marché, c’est l’histoire de David contre Goliath, mais David a très bien vécu”, souligne Alain Chanry. Répondre aux besoins des clients à prix réduit est donc le moteur de ces outsiders. “Nous sommes partis d’un constat : pour les PME, l’informatique en général et le stockage en particulier sont très complexes. Nous voulions proposer une solution fiable tout-en-un destinée aux PME. Une sorte de boîte que l’on oublie, une fois installée. Nous voulons aller vers le zéro exploitation, à savoir la simplification ultime”, souligne Jean-Vincent Petit, directeur commercial de SynerWay. Si les start-up cherchent à mieux répondre aux besoins des clients, elles en profitent aussi pour innover. C’est le cas de SanRad, une start-up israélienne, qui a dévoilé sur le salon le premier commutateur annoncé iSCSI de part en part.Mais aussi innovantes et dynamiques soient-elles, ces sociétés tiendront-elles le coup sur le marché ? “Nous avons un rôle à jouer comme alternative aux grands acteurs plus ou moins figés de cette industrie. Mais je pense que nous pouvons tous cohabiter” conclut Jean-Vincent Petit. Mais, selon Jean-Jacques Maleval, “ces jeunes pousses n’ont pratiquement aucune chance de réussir sans une introduction en Bourse. La seule solution pour les fondateurs est de trouver un acquéreur, généralement un poids lourd de l’informatique”, ajoute-t-il. Des exemples le prouvent, tels que NuSpeed, racheté par Cisco pour 450 millions de dollars, HighGround racheté par Sun Microsystems pour 400 millions de dollars, ou StorageApps racheté par HP. n

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Francisco Villacampa