Comment Trump menace d'utiliser son droit de veto pour faire pression sur Facebook, Twitter et Google

Sur Twitter, le président des États-Unis exige le retrait de l'article 230, protégeant légalement les réseaux sociaux des contenus qui peuvent y être partagés. Sinon, il ne votera pas le budget de la défense.
Le vote de la loi de défense fédérale contre la mise en place d’une responsabilité légale pour les plates-formes en ligne.
C’est le deal qu’impose Donald Trump. Le président des États-Unis a menacé de mettre son veto au projet de loi de défense voté chaque année, autorisant les dépenses militaires (estimées à 1 000 milliards de dollars) si le Congrès ne prend pas de mesures pour responsabiliser les « Big tech ».
En clair, tant que Facebook, Twitter, Google et consorts sont intouchables, selon le texte de loi fédérale appelé « Section 230 », à propos de leur modération, Donald Trump empêchera le bon déroulé du vote annuel concernant la défense américaine.
Un ultimatum présidentiel twittesque et nocturne
Aussi étonnant sur le fond que sur la forme, l’ultimatum présidentiel a été annoncé dans la nuit du lundi 30 novembre au mardi 1er décembre… par une paire de tweets.
« L’article 230, qui est un cadeau des États-Unis aux "Big Tech" (les seules entreprises aux États-Unis qui l’ont - les sociétés parasites!), constitue une menace sérieuse pour notre sécurité nationale et l’intégrité électorale », écrit-il dans le premier tweet (voir ci-dessous).
Section 230, which is a liability shielding gift from the U.S. to “Big Tech” (the only companies in America that have it - corporate welfare!), is a serious threat to our National Security & Election Integrity. Our Country can never be safe & secure if we allow it to stand.....
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) December 2, 2020
À moins que « l’article 230, très dangereux et injuste, ne soit pas complètement abrogé dans le cadre de la Loi sur l’autorisation de la Défense nationale (NDAA), » poursuit Donald Trump dans le deuxième tweet, « je serai forcé de METTRE MON VETO sans équivoque sur le projet de loi lorsqu’il sera envoyé au très beau "Resolute desk" [le bureau ovale, NDLR]. » On y retrouve les majuscules, sa marque de fabrique sur Twitter (voir ci-dessous).
.....Therefore, if the very dangerous & unfair Section 230 is not completely terminated as part of the National Defense Authorization Act (NDAA), I will be forced to unequivocally VETO the Bill when sent to the very beautiful Resolute desk. Take back America NOW. Thank you!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) December 2, 2020
Vieille de plusieurs décennies, la « Section 230 » est une loi fédérale qui évite à un large éventail de sites et de services d’être tenus responsables du contenu affiché par leurs utilisateurs aux États-Unis. De ce fait, les sites et services ne sont pas responsables des décisions qu'elles prennent concernant les publications, les photos et les vidéos. La section 230 est considérée comme l’un des piliers fondamentaux du Web et de la liberté d’expression numérique.
Trump, « victime » de censure ?
Dans la société, comme au Congrès, de plus en plus de citoyens et d’élus remettent en cause cette « immunité juridique » dont profitent les géants de la tech.
Mais, Donald Trump attaque ici, pour sa part, la gestion de la modération chez Facebook ou Twitter, dont il estime qu’il a été « victime » - son compte et ses publications sont régulièrement censurés, et d’autant plus pendant la récente campagne présidentielle. Twitter a même annoncé que Donald Trump pourrait être banni quand il ne sera plus président, s'il continue à diffuser des informations erronées ou appelant à la violence, évidemment.
Toutefois, en l’état, le texte en question n’a aucun rapport avec la sécurité nationale, note le Washington Post. L'ultime chantage passera-t-il ?
Source : The Washington Post
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