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Comment l’Enfant bleu a infiltré Fortnite pour permettre aux enfants maltraités de se confier

Pendant le confinement, l’association l’Enfant bleu a piloté une opération inédite : insérer un personnage dans le jeu vidéo Fortnite pour inciter les gamers, enfants et adolescents, victimes de violence à parler. Une piste encourageante. 

« Sauver des vies grâce au jeu vidéo ». C’est le pari réussi de l’association l’Enfant bleu qui vient en aide aux enfants et adolescents maltraités. Pendant le confinement, un tout nouveau personnage entièrement vêtu de bleu s’est glissé dans l’univers de Fortnite.
Devant l’écran, des bénévoles pilotaient l’avatar bleuté « 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 ».

« Si tu es victime de n’importe quelle forme de violence, ajoute le compte Epic EnfantBleu sur Fortnite pour discuter discrètement », suggéraient les messages de l’émissaire dont le style se voulait  « très identifiable ».

400 enfants ont pu parler

Sa mission : répondre aux jeunes joueurs, connectés en même temps que lui, qui souhaitaient lui parler de leurs problèmes personnels. Via ce personnage virtuel, 400 enfants ou adolescents, maltraités ou en souffrance, ont pu discrètement se confier à de « vrais » adultes.
Selon l’association, l’Enfant bleu a été téléchargé 1 200 fois en moins d’un mois. Un chiffre « extraordinaire » estime Laura Morin, directrice de l’association, interrogée par l’AFP. 

Dans la majorité des cas, les jeunes n’ont cliqué que par curiosité, mais 30 % d’entre eux « se sont confiés sur des problèmes personnels plus ou moins graves », et « certains ont signalé être dans une situation d’extrême urgence », précise l’association dans son communiqué, qui a parfois pu les orienter vers d’autres structures spécialisées, comme celles luttant contre le harcèlement scolaire, par exemple.

« Le bon canal »

Pour Laura Morin, la directrice de l’association, l’enjeu est de répondre au « défi numéro un » auquel sont confrontés ceux qui viennent en aide aux mineurs maltraités : « permettre à l’enfant de parler, et aux adultes de repérer qu’il y a un problème ».
Or, « les jeunes n’utilisent pas les mêmes médias que nous, les adultes. Nous devons nous adapter et trouver de nouvelles manières d’entrer en contact avec eux », poursuit Laure Morin.
L’opération a permis de confirmer que les jeux vidéo constituent une « piste encourageante » pour faciliter la prise de parole des enfants maltraités.

Le constat est partagé. « C’est le bon canal, le bon vocabulaire pour qu’on soit clairement compris par les enfants qui en ont besoin, sans éveiller l’attention de ceux qui les maltraitent », résume auprès de l’AFP Fabrice Plazolles, de l’agence de communication Havas Sports & Entertainment, qui a co-piloté l’opération. 
En France, 96 % des enfants de 10 à 17 ans jouent au moins une fois par an à un jeu vidéo. Un enfant sur deux y joue tous les jours (Source : SELL – bilan marché 2019).

Un dispositif qui se voudrait pérenne 

L’association l’Enfant bleu souhaite que l’opération serve de tremplin à un dispositif pérenne, afin que les jeux vidéo deviennent un moyen pour les enfants en danger de donner l’alerte. Il s’agit maintenant d’aller plus loin et de réfléchir à la manière d’inscrire cette piste dans la durée.
Pour cela, un groupe de travail a été constitué autour de L’Enfant bleu. Il réunira à partir de septembre des représentants des éditeurs de jeux vidéo, des magistrats et policiers spécialisés, ainsi que le secrétaire d’État pour la Protection de l’enfance, Adrien Taquet. 

« Ce qu’on espère, c’est offrir un outil de plus dans l’arsenal à disposition des enfants pour appeler à l’aide. En adoptant leur point de vue », insiste la directrice de l’association toujours auprès de l’AFP.

Sources : AFP et l’Enfant bleu

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Marion Simon-Rainaud avec AFP