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Comcast s’empare d’AT&T Broadband

Le troisième câblo-opérateur américain rachète pour 72 milliards de dollars le numéro un du secteur. L’entité comptera 22,2 millions d’abonnés pour un chiffre d’affaires de 19 milliards de dollars. Candidat malheureux au rachat, AOL Time Warner perd une occasion de se développer dans l’Internet haut débit.

On annonçait une bataille serrée, et c’est finalement à l’unanimité que le conseil d’administration d’AT&T a approuvé jeudi la vente de sa filiale télévision par câble AT&T Broadband, à Comcast. La transaction atteint 72 milliards de dollars (80,2 milliards d’euros), dont 47 milliards de dollars payables en actions et 25 milliards de dollars de reprises de dettes.Baptisée AT&T Comcast, la nouvelle société sera dirigée par Michaël Amstrong, PDG du groupe AT&T. Les actionnaires d’AT&T conserveront 56 % du capital d’AT&T Comcast, et près de 66 % des droits de vote.Cependant, le rachat ne sera pas bouclé avant la fin 2002. Les autorités fédérales américaines ont l’intention d’étudier de près le dossier, mais un veto de leur part est, depuis l’arrivée du président Bush à la Maison Blanche, jugé peu probable.AT&T Comcast sera à la tête d’un réseau câblé de 22,2 millions d’abonnés pour 37,7 millions de foyers couverts (soit un cinquième des foyers américains). Son chiffre d’affaires est estimé à 19 milliards de dollars.

Une introduction en Bourse avortée…

AT&T avait reçu deux offres concurrentes, l’une provenant d’AOL Time Warner ?” deuxième câblo-opérateur américain avec 12,6 millions d’abonnés, et une seconde de Cox Communications ?” le numéro cinq du secteur, avec 6,2 millions d’abonnés.La bataille pour le contrôle d’AT&T Broadband aura duré plus de cinq mois. En juin, Michaël Amstrong avait lancé un processus devant mener à l’introduction en Bourse de sa filiale télévision par câble. Ce projet n’avait pas enthousiasmé les investisseurs en raison de l’endettement d’AT&T Broadband ?” près de 20 milliards de dollars.D’ailleurs, Comcast avait proposé le 9 juillet dernier de racheter son concurrent pour 44,5 milliards de dollars. Cependant, l’offre avait été rejetée par AT&T le 19 juillet dernier en raison de la faiblesse du montant proposé et de l’organigramme souhaité par Comcast.Puis, le 10 septembre, AOL TW faisait savoir qu’il était intéressé par le rachat d’AT&T Broadband. En combinant son réseau câblé à celui d’AT&T Broadband, le numéro un mondial aurait pu devenir le premier câblo-opérateur américain avec 26,4 millions d’abonnés.

Un affront pour AOL

En se prononçant pour Comcast, les dirigeants d’AT&T ont infligé un double revers à AOL Time Warner. Tout d’abord, le groupe dirigé par Steve Case perd l’occasion de se doter de l’infrastructure nécessaire au développement de l’Internet à haut débit.D’autre part, Microsoft soutenait un rachat d’AT&T Broadband par Comcast. Or, le groupe de Bill Gates est le principal concurrent d’AOL sur Internet, à la fois dans l’accès haut débit à Internet via MSN, mais aussi par l’intermédiaire de son système d’exploitation pour les services de télévision interactive, Microsoft TV.Le gagnant de l’opération reste Comcast, désormais en position de force face à AOL TW et à Microsoft. Il pourra aussi déployer plus rapidement que prévu ses offres d’accès à l’Internet haut débit et à la téléphonie par câble. Ces services ont notamment permis à Comcast de dégager un bénéfice net de 1,036 milliard de dollars pour 4,495 milliards de dollars de chiffre d’affaires au premier semestre 2001.Cependant, le repreneur d’AT&T Broadband devra consentir à d’importants investissements de remise à niveau du réseau avant toute commercialisation de l’Internet haut débit. Ce que AT&T, trop endettée par le rachat de TCI, ancêtre de AT&T Broadband, avait été dans l’impossibilité de faire…

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Gérald Bouchez