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Claude Olier (Colt Telecom France): “Sans l’ART, France Télécom aurait les moyens d’écraser tout le monde”

Challenger de l’opérateur historique, Colt mise sur la qualité de service et sur son réseau paneuropéen pour s’imposer sur le marché des entreprises.



Décision Micro & Réseaux : Présent en France depuis 1997, Colt est l’un des principaux

opérateurs européens. Quelle est, aujourd’hui, votre situation ?
Claude Olier, directeur général de Colt Telecom France : Nous travaillons uniquement avec les entreprises. Ce choix nous a conduits à installer des boucles locales dans les c?”urs économiques de l’Europe. Actuellement, notre réseau de fibre optique couvre vingt villes, dont Paris, les principaux quartiers d’affaires d’Ile-de-France, mais aussi Lyon et Marseille. Fin 2001, nous devrions être opérationnels dans une trentaine d’agglomérations européennes. Par ailleurs, nous avons construit un réseau interville pour relier nos boucles locales. C’est un investissement que nous avons été obligés d’entreprendre pour satisfaire nos clients. En effet, nous avons travaillé avec des opérateurs longue distance, mais la qualité de service n’était pas à la hauteur de nos exigences. D’ici à fin 2000, Colt devrait avoir couvert 14 000 km, et nous serons alors le seul opérateur à posséder un réseau paneuropéen complet. Quant à notre clientèle, elle se compose essentiellement de grands comptes. Mais nous avons mis en place un réseau d’agents pour les villes moyennes. Cela va nous permettre de travailler avec les PME locales et d’étendre notre couverture régionale.Malgré la dérégulation, France Télécom continue à avoir une position dominante en France. Cela ne remet-il pas en cause l’existence de l’ART ?S’il n’y avait pas de régulateur comme l’ART, il n’y aurait pas de concurrence, car France Télécom aurait les moyens d’écraser tout le monde et d’empêcher les petits d’entrer sur ce marché. De plus, je pense que, en général, protéger l’opérateur historique n’est pas une mauvaise idée. Dans certains pays comme la Grande-Bretagne, il paraît en effet très fragilisé. Et s’il est trop attaqué, cela peut avoir de graves conséquences économiques et donc entraîner des licenciements. Mais en France, ce n’est pas le cas. France Télécom est bien géré et peut se protéger tout seul. Malheureusement, ni l’État ni l’ART ne semblent entrevoir la puissance de France Télécom. Et l’opérateur historique en profite. Prenez l’exemple de l’ADSL. Pour l’instant, nous sommes dans une période de transition, plus ou moins voulue par l’ART. Et cela laisse le temps à France Télécom de former ses équipes et de mettre au point ses offres commerciales, pour être fin prêt au moment où le dégroupage sera ouvert. Mais, en même temps, la présence et les moyens de France Télécom constituent un véritable défi technologique que nous devons relever. En plaçant la barre très haut, en terme de qualité de service, il nous oblige à être encore meilleurs que lui. Et au final, c’est le client qui bénéficie de cette concurrence.Justement, quelle est votre position sur le dégroupage ?Nous allons réaliser prochainement une importante levée de fonds (600 millions de livres sterling ?” 1 milliard d’euros), dont une partie servira à renforcer notre présence sur ce marché. Nous avons déjà lancé des services basés sur la technologie xDSL aux Pays-Bas et nous le ferons bientôt en Allemagne. La Grande-Bretagne devrait suivre, dès cet été. En France, j’espère que cela sera effectif à la fin de l’année. Nous attendons beaucoup du dégroupage et nous espérons avoir un réseau complet à la fin 2001. Mais, là aussi, tout dépend de l’évolution de la déréglementation.Quelle est votre stratégie Internet ?L’hébergement est le deuxième volet de notre activité et nous avons beaucoup investi dans ce domaine. En effet, je ne pense pas qu’un petit opérateur puisse apporter suffisamment de services à une entreprise, surtout si celle-ci doit monter rapidement en puissance. Colt a ouvert différents centres d’hébergement en Europe [les Colt’s Internet Solution Centers, Ndlr], et nous allons bientôt ouvrir un nouveau local de 3 000 m2 à Paris. D’ici à la fin 2001, nous prévoyons d’avoir une vingtaine de centres. Notre objectif est de positionner Colt comme le premier hébergeur de sites Internet à travers l’Europe. En France, cette stratégie s’est mise en place autour de l’offre d’Imaginet, une société que nous avons rachetée en juillet 1998. À l’origine, ces services s’adressaient aux grandes entreprises, mais nous venons de lancer le Colt Internet Start-Up Program, destiné aux start-up en phase d’amorçage. Ce programme se compose d’une prestation de conseil et d’une offre technique. Avec, bien sûr, des prix adaptés aux moyens de ces jeunes entreprises. Par ailleurs, nous venons de signer un partenariat avec Microsoft, dont les solutions vont venir compléter notre programme.

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Propos recueillis par Florence Puybareau