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Bull, retour vers le passé

En vendant son activité services à Steria, Bull se prépare sans doute à une vente par appartement (qui n’est évidemment pas la thèse officielle). Mais, surtout, il redevient ce qu’il était à l’origine : un fabricant de machines.

En vendant son activité services à Steria, Bull se prépare sans doute à une vente par appartement (qui n’est évidemment pas la thèse officielle). Mais, surtout, il redevient ce qu’il était à l’origine : un fabricant de machines. Il efface ainsi d’un seul coup près de quarante ans d’histoire technologique française (si l’on remonte jusqu’au Plan Calcul de 1966). Du matériel au logiciel de base, puis aux applications et aux services, le groupe avait pour-tant suivi une évolution somme toute normale, ponctuée d’assez belles réussites techniques : la carte à puce, le système GCOS, la gamme DPS, l’une des meilleures stratégies Unix du marché. . . Mais ces succès seront rapidement ternis par un management trop changeant, un contrôle étatique anachronique (la nationalisation date de 1982), qui fit semblant de se desserrer mais exista toujours dans les faits, et des résultats financiers naviguant entre décevants et catastrophiques. “L’entreprise vaut mieux que ses chiffres comptables”, disait-on alors pour se rassurer. Certes, mais peu d’analystes estiment aujourd’hui que se recentrer sur une activité de matériels et de maintenance est une stratégie gagnante à terme si l’on n’est pas un des leaders mondiaux du créneau. Quand on sait la bagarre que s’y livrent déjà IBM, Sun et HP, on voit mal comment s’opposer à ces trois constructeurs. Ces derniers ont compris très tôt que les serveurs étaient un bon cheval de Troie, à partir duquel ils comptaient bien rayonner chez leurs clients. Et ce n’est pas le site web de Bull qui peut nous rassurer : les pages sur l’histoire du groupe sarrêtent… en 1998 ! On comprend la perplexité des dirigeants, chargés de résoudre une équation impossible : beaucoup de salariés, pas ou peu de marges, des actionnaires réticents, un Etat toujours présent en arrière-plan, et des technologies étrangères pour la plupart. Finalement, il ne restait plus au groupe que la qualité technique reconnue de nombre de ses équipes. Arrivera-t-il encore à les motiver dans les mois qui viennent ?

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Luc Fayard