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BT prêt à lâcher son réseau de téléphonie fixe ?

L’hypothèse d’une cession de son réseau de téléphonie fixe est désormais à l’ordre du jour, rapporte l’hebdomadaire britannique Sunday Times. L’ancien opérateur historique renoncerait par la même occasion à l’introduction en Bourse de BT Wireless.

Fixe ou mobile ? Le désendettement de BT tourne au casse-tête. Emoussé par la crise des télécoms, le géant britannique s’est engagé dans un vaste plan de restructuration et de cessions d’actifs afin d’éponger une dette qui atteignait encore 17,5 milliards de livres (28,2 milliards d’euros) au 3  juin 2001, contre 27,9 milliards de livres trois mois plus tôt (45 milliards d’euros).Or, selon le
Sunday Times
, l’ancien opérateur historique envisage désormais une cession de son infrastructure de téléphonie fixe. Dans le même temps, plusieurs actionnaires influents de BT auraient fait pression auprès de Christopher Bland, président de BT, afin que celui-ci renonce à l’introduction en Bourse de BT Wireless, la filiale mobile de la société britannique.Quelque 28 millions de britanniques sont raccordés à l’infrastructure de BT. Coïncidence : cette infrastructure comprend la boucle locale, c’est-à-dire les derniers mètres de cuivre raccordant les foyers au réseau, que BT est contraint d’ouvrir à la concurrence sous la pression de l’Union européenne (UE), à l’instar de France Télécom en France et de Deutsche Telekom en Allemagne…La société britannique a reçu deux offres de rachat. Earthlease, un consortium formé par les deux établissements financiers américains Babcock & Brown et Chancery Lane Capital, a ainsi proposé 8 milliards de livres (12,9 milliards d’euros) dans la dernière semaine de juillet. De son côté, le financier allemand West LB a surenchéri avec une offre de 18 milliards de livres (29,1 milliards d’euros) dont 5 milliards de livres en cash.Selon Didier Pouillot, consultant à l’Idate, le montant proposé par West LB correspond davantage à la réalité que l’offre de Earthlease. “Au milieu des années 1990, France Télécom avait procédé à une évaluation de son réseau de téléphonie fixe, d’une taille sensiblement équivalente à celui son homologue anglais. L’infrastructure était alors estimée à 200 milliards de francs [30,5 milliards d’euros].”Philip Hampton, le directeur financier de BT, se serait d’ailleurs entretenu avec les représentants de West LB, rapporte le Sunday Times. Il aurait encouragé la banque d’investissement allemande à poursuivre sa démarche.

Des précédents

Quoique cela puisse paraître étonnant, la mise en vente du réseau de téléphonie fixe de BT ne serait pourtant pas une première. “Rochester Telephone, dans l’Etat de New York, avait revendu son réseau de téléphonie fixe en 1995, rappelle Didier Pouillot. L’opérateur américain s’était alors séparé en deux entités avec d’une part les activités de services et, d’autre part, les activités de réseau.”En Europe, l’instauration d’une frontière entre les services et le réseau est également à l’ordre du jour. “C’est le cas de Telecom Developpement, qui exploite en France le réseau utilisé par Cegetel, également son principal actionnaire “, note Didier Pouillot.

Réseau usé, mais utile pour le haut débit

Cependant, la transaction comporte aussi des inconvénients. La qualité du réseau de téléphonie fixe de BT est le premier obstacle. “Avec 3,4 milliards d’euros par an en moyenne pour les années 1990, BT n’a pas consenti les mêmes investissements que France Télécom (4,6 milliards d’euros) dans la modernisation de ses réseaux. Résultat : la qualité physique ?” résistance aux intempéries et aux attaques des insectes ?” est plutôt médiocre. De plus, certaines lignes n’ont pas été modernisées depuis 20 à 30 ans “, affirme Didier Pouillot.Enfin, la cession du réseau de téléphonie fixe est une décision à double tranchant pour l’opérateur britannique, qui doit en quelque sorte choisir entre la téléphonie fixe et la téléphonie mobile pour ses développements futurs” Conserver la maîtrise du réseau fixe offre un avantage concurrentiel à BT dans l’accès à très haut débit, lequel ne connaît pas de limite, à l’inverse de l’UMTS, juge Didier Pouillot. Cependant, la société britannique veut également tirer profit de la téléphonie mobile 3G, laquelle promet une meilleure rentabilité sur le long terme. “

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Gérald Bouchez