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Boeing cède avec mesure aux innovations

Chez le grand rival américain d’Airbus, pas d’électronique embarquée que la sécurité des passagers ou les bénéfices des compagnies aériennes clientes ne justifient.

A 3300 mètres d’altitude, le pilote du B737 vire soudainement vers le Mont Rainier (État de Washington). Immédiatement, dans le cockpit, sur un écran, le relief s’affiche en rouge. Le commandant vire de bord et la montagne passe au vert. Le danger est écarté. Et les journalistes de la presse spécialisée américaine, invités par la direction commerciale de Boeing à découvrir en vol les nouvelles possibilités de son électronique embarquée, sont soulagés.But du jeu : assurer des vols plus sûrs, plus calmes et plus faciles pour les pilotes. “L’objectif de ces vols est de prouver le leadership de Boeing dans ces nouvelles technologies qui améliorent la sécurité et l’efficacité, explique Hank Queen, vice-président de l’ingénierie pour les avions commerciaux. Cette démonstration est un forum qui permet de mesurer les avantages pour nos clients et le grand public.” Boeing met ainsi en valeur une batterie de gadgets onéreux et complexes. Plusieurs écrans digitaux, installés dans la cabine de pilotage, soulignent en couleur le paysage, tandis qu’un carré jaune marque le chemin à suivre. Le pilote doit maintenir l’avion à l’intérieur de cette “boîte”, aidé par de nouveaux instruments électroniques comme le Head-Up Display (HUD), une technologie héritée des appareils militaires, qui positionne l’avion en temps réel dans son environnement.

Des man?”uvres accélérées

L’atterrissage et le décollage sont aussi aidés par le Navigation Performance Scales (NPS) qui permet à l’avion de se maintenir sur une voie plus étroite avec plus de précision, ou encore le Global Landing System (GLS), une méthode d’atterrissage s’appuyant sur un satellite. Cette nouvelle technologie, mise au point avec les équipementiers Rockwell Collins et Honeywell, devrait permettre de diversifier les angles d’atterrissage des avions. Les appareils pourront alors se poser plus vite et en plus grand nombre, réduisant d’autant les retards de plus en plus fréquents dans les aéroports et l’attente des passagers.

Une cure de jouvence

Ces nouveaux instruments sont aujourd’hui présents à l’intérieur d’un 737-900, mais Boeing serait prêt à équiper de la même manière ses 717, 747, 757, 767 et 777… suivant l’intérêt du marché. L’électronique embarquée représente aujourd’hui grosso modo 30 % de la valeur d’un avion du groupe (20 à 30 % chez Airbus). Et au moment même où les compagnies aériennes passent plus difficilement commande pour de nouveaux appareils, la niche électronique fait figure de voie prometteuse à explorer. “On pense à nous comme à un marchand d’avions, dit-on chez Boeing. Mais en réalité, nous vendons des solutions. Nous essayons de résoudre les problèmes que les compagnies nous apportent.”Le constructeur aéronautique de Chicago se réinvente. Et si la demande des transporteurs aériens passe par plus d’électronique embarquée, Boeing est tout à fait disposé à suivre le mouvement. Tout en restant fidèle à la vieille philosophie maison : “Les nouvelles technologies, dit prudemment Mary Olsen, porte-parole du groupe, sont utilisées seulement quand elles apportent des avantages clairs et distincts en matière de sécurité, de réduction des coûts ou d’amélioration des revenus de nos clients.” Et de poursuivre : “Les innovations qui ne passent pas cet examen, quel que soit leur prestige, n’ont pas leur place à bord de nos avions.” La direction du concurrent d’Airbus est prête à incorporer ces innovations à bord… sans voir en elles une solution miracle à toutes les questions de sécurité. “Ce n’est pas le seul moyen pour réduire les taux d’accident”, souligne-t-on au siège du groupe.

Indétronable pilote

Autre tabou à ne pas transgresser : l’interface entre le pilote et l’avion. L’électronique, aussi sophistiquée soit-elle, ne doit pas remplacer le pilote. “L’autorité finale” reste entre ses mains, car “seuls les êtres humains possèdent l’expérience, la connaissance et le jugement nécessaire” pour faire face à toute situation critique en vol, insiste-t-on chez le constructeur. Et de conclure : “La meilleure façon de prévenir les accidents est davoir des pilotes bien formés.”* à New York

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Caroline Talbot*