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Berlin ne voit pas d’un bon œil le bridage internet de Deutsche Telekom

Le gouvernement allemand s’inquiète de l’avenir du principe de la neutralité du Net, suite à l’introduction des nouvelles offres bridées de l’opérateur historique. Une stratégie que la concurrence ne semble pas vouloir imiter.

La nouvelle grille tarifaire de Deutsche Telekom agite les esprits outre-Rhin. Pour la première fois, l’opérateur historique a défini des limites maximales de volumes de données pour l’ensemble de ses offres Internet fixe. Le ministre allemand de l’Economie Philipp Rösler s’est inquiété jeudi de cette décision. « Chaque entreprise peut bien sûr proposer le modèle qu’elle veut, et le marché peut décider » de lui donner sa chance ou pas, a déclaré le ministre libéral lors d’une conférence de presse à Berlin.

« Ce qui m’inquiète est de savoir si le principe de neutralité du net est en danger », a dit M. Rösler, indiquant avoir écrit à René Obermann, le patron de Deutsche Telekom pour que soit étudiée une éventuelle entrave à ce principe d’égalité de traitement de tous les flux de données sur le web.

Un accès Internet « plus juste »

La réponse du berger à la bergère ne s’est pas fait attendre. Dans une déclaration écrite, l’opérateur précise que « Deutsche Telekom est pour un accès libre et ouvert à internet », mais que « la neutralité du Net est en partie confondue avec une culture internet gratuite ». L’ex-monopole, dont l’Etat allemand détient toujours 32% du capital, a justifié sa décision par le fait qu’il investissait des « milliards » pour offrir à ses clients un meilleur réseau et que « des bandes passantes toujours plus élevées ne peuvent pas être financées par des tarifs toujours plus bas ».

Il a ajouté que techniquement cette limitation ne devrait pas pouvoir être mise en place avant 2016. Pour Deutsche Telekom, la seule alternative à ce système aurait été « de relever le prix forfaitaire pour tous les clients », ce qu’il a décidé de ne pas faire, optant, selon lui, pour une solution « plus juste ». En effet, au-delà de la limite définie, à charge du client de payer plus pour avoir plus de capacité s’il le souhaite.

3 % des clients accaparent 30 % des capacités

Ce matin, sur la radio Deutschlandfunk, un porte-parole de l’opérateur a tenté d’atténuer l’impact de cette nouvelle grille tarifaire. Selon lui, seuls 3 % des clients seront concernés en réalité par ce bridage, sachant que ces 3 % accapareraient plus de 30 % du total des volumes échangés sur ses réseaux. « Une offre de type All you can eat ne doit pas se transformer en You can eat it all. Actuellement, Mme Michu subventionne en réalité l’utilisateur intensif », souligne-t-il. Quant à la neutralité du Net, il estime qu’elle n’est pas entravée, car « tous les services Internet génériques sont traités de manière non discriminatoire ».

Tout le monde n’est pas du même avis. Virprinet, fournisseur allemand de routeurs d’entreprise, estime que les arguments de l’opérateur historique ne tiennent pas debout. « Il y a d’énormes surcapacités dans les réseaux backbones allemands. Dans ces réseaux, les échanges de données ne coûtent pas grand-chose », peut-on lire dans un communiqué. Les opérateurs concurrents, de leur côté, ne semblent pas vouloir adhérer à cette nouvelle stratégie tarifaire. Au contraire, un câblo-opérateur régional a profité de cette excitation médiatique pour annoncer une offre à 400 Mbit/s, « garantie sans bridage ».

Lire aussi :

Deutsche Telekom bride ses offres d’accès Internet fixe, 24/04/2013

Source :

L’interview radio sur Deutschlandfunk (en allemand)
Le communiqué de Viprinet (en allemand)

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Gilbert Kallenborn, avec AFP