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Béni ouah-ouah !

De start-up en holdings, journal de bord d’un cadre de la nouvelle économie. Il se confie sous pseudo pour parler?” et parfois crier ?” plus librement…

Pourquoi tant de haine ? Pourquoi les gens sont-ils si susceptibles ? Pourquoi, si l’on ose lever le doigt pour leur faire une remarque constructive, la prennent-ils pour la pire des insultes ? Pourquoi sont-ils tous atteints de George-W-Bushopathie, vous aboyant sans cesse à la figure des “Si vous n’êtes pas avec moi, vous êtes contre moi !”C’est le cas de Roland, notre boss, et c’est sûrement celui du vôtre… Attention : ces bêtes patronales sont dangereuses, même celles qui ne produisent sur le moment que de faibles jappements. Mon conseil : ne les affrontez pas. Faites ce qu’elles attendent de vous : transformez-vous en paillasson. Quitte, le jour venu, à tirer vicieusement ce modeste tapis sous leurs pieds… Pour illustrer ce petit manuel de savoir-vivre, revenons à mon boss hargneux, qui m’aboie au visage pour avoir timidement discuté sa dernière IVG (Idée Virtuellement Géniale, avortant généralement pour cause d’incompétence). De couac s’agit-il ? Vous ne me croirez peut-être pas ?” d’ailleurs, j’y crois à peine moi-même ?” mais voilà ce que Roland nous a pondu au dernier comité de direction :“La France détient le record du monde des animaux domestiques par tête d’habitant. Et les Français se remettent toujours très mal de la perte de leur animal favori. Sa mort est une blessure ineffaçable. Seulement voilà : on a le droit d’honorer la mémoire d’une mère ou d’un père disparu, mais pas celle de son chien, notre plus fidèle ami. L’État et l’Église l’interdisent. C’est d’une injustice insigne ! Elle frappe des millions de Français, dont nous allons atténuer la peine en ouvrant un cybercimetière pour chiens.” Roland était-il ivre ? Comment le patron d’un groupe important de nouvelles technologies peut-il s’abaisser à ce point, nettement au-dessous de la racine des pissenlits ? Pour faire parler de lui. Collectionner les papiers dans la presse. Et tant pis si quelques journalistes s’indignent : Roland restera toujours un fervent émule des campagnes à scandale de Benetton. En tant que directeur de la communication, j’ai cru bon de lui signaler que les pompes funèbres canines ne sont pas notre c?”ur de métier, que nous courrions un gros risque de ringardisation, rien n’y fit ! Il était même furieux contre moi, n’hésitant pas à m’humilier en public. Les autres l’ont tous servilement applaudi. Surtout Romont, le directeur des activités stratégiques, que je venais de faire accuser à ma place dans une histoire d’e-mail insultant pour Roland, intercepté par notre service de surveillance interne. En applaudissant, Romont sauvait sa peau.Bref, nous voilà à la tête d’un nouveau site, Anoschersamis.com, cimetière virtuel pour chiens et chats, avec éloges mortuaires en texte défilant et galerie de photos téléchargées représentant les défuntes bestioles en poil lustré du dimanche… Mille francs par an, et concession renouvelable. Ça démarre sur les chapeaux de roues. Une véritable pompe à fric ! J’ai honte, et d’autant plus honte que j’ai dû ravaler mes critiques. Mais, dans l’ombre, j’?”uvre à la perte de Roland. Un jour, il naboiera plus. Ou alors, six pieds sous terre…

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La rédaction