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Avenir compromis pour Kalisto Entertainment

Kalisto Entertainment, dont le chiffre d’affaires a diminué de 84 % au cours de l’exercice 2000, est à la recherche d’un partenaire industriel et financier. Faute de quoi, l’éditeur de jeux se déclarerait en cessation de paiement.

Le sort de Kalisto Entertainment devrait être scellé dans les prochaines semaines. Le studio de création de jeux, dont la cotation est suspendue depuis plus d’une semaine, ne reviendra peut-être plus jamais sur le Nouveau Marché. Pour 2000 et 2001, Nicolas Gaume avait tout misé sur le on line. Une série de cinq jeux vidéo devait être livrée à un opérateur télécoms pour son portail de jeux. Kalisto a engagé plus d’une centaine de millions de francs en développement sans être jamais certain de trouver preneur.Résultat, Kalisto enregistre une perte consolidée pour l’exercice 2000 de 26,7 millions d’euros (175 millions de francs), pour un CA de 2,9 millions d’euros (19 millions de francs). Les capitaux propres de Kalisto Entertainment atteignent désormais un solde négatif d’environ 8,4 millions d’euros à l’issue de l’exercice 2000.Deux issues sont désormais possibles. Dans le premier cas, la société dirigée par Nicolas Gaume se trouve un partenaire ou un repreneur, un opérateur télécoms ou un éditeur de jeux, et poursuit ainsi son aventure… tout en perdant son indépendance. Dans le second cas, les finances de la société la contraignent à se mettre en cessation de paiement.

Fin d’une belle histoire

L’effondrement de Kalisto Entertainment est d’autant plus impressionnant que la société bordelaise affichait une santé économique insolente depuis sa création en 1990 ?” un chiffre d’affaires de 16,5 millions d’euros en 1999, en progression de 100 % par rapport à 1998.Le résultat 2000 aurait dû s’inscrire dans cette progression. Or, il est en baisse de 84 %. Le pire est que Kalisto avait annoncé dans un premier temps un CA 2000 de 22 millions d’euros, et en septembre, il avait même été revu à la hausse, les prévisions atteignant 26 millions d’euros. Soit, finalement, un chiffre très proche des pertes atteintes.

Un marché morose

Un enchaînement de circonstances serait à l’origine de ce résultat. D’abord, un contrat signé par l’éditeur pour des travaux sur la PlayStation 1 qui n’a pas été totalement honoré. L’arrivée de la PlayStation 2 a contraint le commanditaire à suspendre l’accord commercial.Cette mésaventure illustre également la difficulté qu’ont les éditeurs de jeux à négocier la transition vers la nouvelle console. En effet, les consommateurs préfèrent économiser pour acheter une PlayStation, par conséquent, ils rognent sur leurs dépenses en jeux vidéo.Tous les éditeurs de jeux sont touchés par ce phénomène de ralentissement ” technique “. Aussi Kalisto Entertainment dispose-t-il actuellement d’un catalogue de sept productions originales n’ayant pas trouvé preneur.Ensuite, Kalisto Entertainment s’est lancé en 2000 dans l’édition de jeux, alors qu’il n’était précédemment qu’un développeur. “Cette stratégie a contraint la société bordelaise à multiplier sa ligne de production par quatre “, explique Cédric Grail, senior analyste à SGS Equity Partner.Enfin, en dépit des lourds investissements consentis par l’entreprise girondine, la stratégie on line et la technologie Ultimace Race n’ont pas rencontré le succès escompté.La chute de Kalisto Entertainment intervient au moment où lensemble des éditeurs de jeux est également touché par le ralentissement américain et asiatique. Ainsi, lundi après-midi à la Bourse de Paris, Titus Interactive abandonnait 15 %, Infogrames 9 %, et Ubi Soft 3 %.

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Gérald Bouchez