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Aurélie Filippetti accusée de ne rien faire contre le piratage de films

Le distributeur Jean Labadie publie une violente tribune contre le piratage. Il accuse la ministre de la Culture d’inertie contre cette pratique qui nuirait aux films d’auteur et à toute l’économie du cinéma français.

C’est une figure respectée du cinéma français qui prend aujourd’hui la parole dans le journal Libération pour s’élever contre le piratage. Jean Labadie a produit et distribué les films de Jacques Perrin, Nanni Moretti ou Jim Jarmusch. Des films d’auteur à fort potentiel et des œuvres plus confidentielles qui lui ont valu huit Palmes d’or au total. Après avoir travaillé chez MK2, il a fondé la société de distribution Bac Films, puis le Pacte qu’il dirige encore actuellement.

« La piraterie tue le cinéma »

Sous le titre « Madame Filippetti, la piraterie tue le cinéma », sa tribune commence par un constat amer : « Je ne me rappelle pas que la distribution indépendante ait jamais traversé une période aussi difficile ! », écrit-il. Et pour lui, c’est principalement la faute au piratage qui serait en train d’enterrer la vidéo et de tuer dans l’œuf la VoD. Et les blockbusters ne seraient pas les seules victimes de cette pratique illégale, tout le cinéma d’auteur en pâtirait également. Face à cette situation, il dénonce « l’inertie totale des pouvoirs publics » et même la volonté du gouvernement d’en finir avec la Hadopi pour coller aux promesses électorales du parti socialiste. Mais pour lui, pirater reste un vol. Un délit sans sanction, qui serait devenu anodin dans notre pays. « Pourquoi dans ce cas ne pas laisser chacun se servir dans les magasins d’alimentation ou de prêt-à-porter ? Ne serait-il pas aussi légitime de se vêtir et de manger à sa faim sans payer ? », s’emporte-t-il encore.

De la VoD localisée et à la carte

Jean Labadie réclame des pénalités et pas seulement des avertissements. Il propose aussi de supprimer la Hadopi qui coûte 7 millions d’euros par an alors que l’institution serait devenue « inutile », selon lui. Et il suggère de transférer ses compétences au Centre National de la Cinématographie. Plus surprenant, il envisage une VoD à la carte et localisée. Les films sortiraient en vidéo une fois qu’ils ne seraient plus exploités en salle et sur un territoire délimité.

Pour Jean Labadie, si rien n’était fait rapidement pour enrayer le piratage, cela aurait pour conséquence des pertes d’emplois, de TVA, d’impôts sur les sociétés et surtout l’impossibilité de continuer à faire exister des œuvres cinématographiques exigeantes.

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Amélie Charnay