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Apple : son casque de réalité virtuelle est déjà partout… mais on ne le sait pas encore

Il était attendu avec une ferveur presque enfantine, comme le Père Noël, quand on se dit qu’il n’existe pas, mais qu’on aimerait bien le voir quand même. Le casque de réalité mixte d’Apple a été le grand absent de la WWDC, et pourtant, à y bien penser, il est déjà là, dans une infinité de nouveautés, de détails, de petites et grandes innovations.

Cornaqués par des guides bienveillants mais un peu stressés, marchant d’un pas vif dans les couloirs lumineux de l’Apple Park jusque-là interdits aux hordes de journalistes, nous n’avons pas même effleuré du bout du doigt les secrets que cachent le vaisseau mère d’Apple.

A quelques minutes de l’ouverture de la WWDC, en regardant au travers des grandes baies vitrées qui donnent sur l’extérieur et une sorte de prairie plus vraie que nature, nous avons entraperçu quelques ateliers organisés en plein air pour les développeurs. Aucun ne semblait devoir porter sur la réalité virtuelle. La réalité augmentée figurait tout juste dans la liste, mais c’est tout. C’est à ce moment que nous avons été quasi certain que nos espoirs un peu fous de voir annoncé le casque de réalité mixte (MR) d’Apple n’étaient rien d’autre que cela :  des espoirs un peu fous…

Les dernières rumeurs en date disaient vrai : le futur serait pour plus tard, pour la fin d’année au plus tôt, et tant pis pour le gosse émerveillé, jamais très loin des manettes qui contrôlent le journaliste tech que nous avons la chance d’être.

Nous avons donc suivi la keynote en nous faisant une raison, jusqu’à la présentation d’iPadOS 16. Devant les démonstrations de Stage Manager, nous n’avons pas pu réprimer un sourire. A tort ou à raison, difficile de ne pas y voir un rappel des interfaces innovantes de la fin des années 1990 (KDE et Gnome en tête). Et difficile, surtout, de ne pas y distinguer les bases d’une interface taillée pour un casque de réalité virtuelle. Stage Manager est un ensemble qui compose avec la nécessité d’isoler de l’environnement pour permettre de se concentrer tout en donnant de la place à des applications, et en vous assurant de garder à portée de main d’autres contenus.

La disposition en deux dimensions, avec un effet de profondeur supplémentaire, l’organisation nette et claire des fenêtres qu’on peut déplacer facilement, tout cela a des airs de bureau virtuel en 3D… pour aujourd’hui, mais aussi pour demain.

Stage Manager, nouveauté phare d'iPadOS 16
Apple

Un aperçu de l’interface VR du futur ?

Stage Manager est pour nous l’un des minuscules cailloux que sème Apple sur son chemin, et qui semble mener tout droit à son casque de VR ou de réalité mixte. Un ensemble de briques éparses qui pourraient bien prendre place dans ce futur produit. Nous en avons listé quelques-unes, pêle-mêle, briques matérielles ou logicielles, autant pour le plaisir de tirer des plans sur la comète que pour rappeler à quel point Apple construit les choses patiemment, à son rythme, selon ses propres termes.

Sa maîtrise de l’intégration, son goût du ruissellement technologique, son art d’intégrer peu à peu des éléments dans des appareils d’ores et déjà commercialisés pour les éprouver avant de les glisser dans un autre produit nouveau, tout cela prête à jouer à un jeu de cache-cache, quitte à aller trop loin, quitte à se tromper un peu ou beaucoup. Parce que la tentation est trop forte de chercher à entrevoir le futur.

Et, puis après tout, macOS est devenu iOS, qui s’est mué en iPadOS, puis watchOS, s’adaptant à chaque fois à de nouveaux usages, à un nouveau produit. Chaque étage de cette progression dessinait le futur avant qu’il ne prenne vraiment forme.

Si on continue de suivre ce chemin logiciel imaginaire, on trouve évidemment de nombreuses occasions d’entrapercevoir un futur qui se prépare en silence, une offre logicielle qui s’étoffe, s’articule et s’intègre pour former un tout qui semble tendre vers les casques de VR/MR.

On ne fera pas l’affront de dire que l’App Store est en un, c’est une évidence. Comment Apple pourrait-il  renoncer à son modèle décliné sur chaque plate-forme depuis son inauguration sur l’iPhone en 2008 ?

Des petits pas pour un grand bond

Mais il y a d’autres nouveautés logicielles et fonctionnelles qui fleurent bon la réalité virtuelle. Les Memojis en sont l’incarnation évidente et ludique, un moyen d’ores et déjà courant de se représenter sous forme d’avatars virtuels. D’ailleurs, lors de la keynote « dématérialisée » pour cause de Covid de la WWDC 2021, Tim Cook n’est-il pas entré en scène dans un Steve Jobs Theater peuplé de Memojis en liesse ? Le futur était déjà là, non ?

Par ailleurs, une fonctionnalité comme SharePlay prendra également tout son intérêt dans le cadre du casque de réalité virtuelle. Comment mieux partager un contenu – surtout s’il est spectaculaire et produit par Jon Favreau… – qu’en réalité virtuelle ? Écran géant devant les yeux, amis présents sous forme d’avatars, les discussions ouvertes et à bâtons rompus grâce à FaceTime.

Cette année, FaceTime s’enrichit et s’intègre encore plus dans Continuité. Il adopte la fonction Handoff, qui permet de commencer une conversation vidéo sur son smartphone en rentrant à la maison pour la finir (aujourd’hui) sur son Mac ou un iPad, afin d’avoir toujours le meilleur écran sous les yeux… Et évidemment, demain, l’écran le plus intime, le plus personnel et le plus grand pourra être celui du casque de réalité virtuelle d’Apple.

Voici quelques fonctions logicielles développées au fil du temps, qui auront toute leur place dans realityOS, si c’est son nom. Mais il y en a des dizaines d’autres. Dans Messages, par exemple, ou encore quelques nouveautés visuelles dans Mail ou même Spotlight.

Tim Cook devant une salle emplie de Memojis
Apple

Logiciel et matériel, dans un même bateau

Dans un monde mixte, où la réalité s’entremêle d’informations numériques, on peut aussi imaginer que certaines technologies comme le mode Cinématique des iPhone 13 Pro auront toute leur place dans ce casque.

Pouvoir à la volée, en fonction de vos besoins, de ce que vous faites, faire varier la zone de netteté, flouter un arrière-plan pour mettre en avant une personne ou afficher des données complémentaires, tout cela donne à une fonction un peu gadget un intérêt nouveau, une pertinence renforcée, au-delà du simple aspect vidéo.

Il est évident que tout le travail réalisé sur les iPhone pour la partie photographique sera réutilisé. Qu’il s’agisse de la maîtrise logicielle, ou de celle des composants.

Pour la partie logicielle, la montée en puissance ces dernières années de la photographique computationnelle, portée par les réseaux neuronaux intégrés dans les SoC Axx et Mx, est une piste indiscutable de ce qu’Apple envisage pour la réalité virtuelle, augmentée ou mixte.

La recherche visuelle, les fonctions de détourage des éléments à la volée, la reconnaissance de visage, de texte dans une image, et même désormais dans une vidéo, ont beaucoup de sens aujourd’hui, mais en auront encore plus demain, dans une interface où l’écran est non seulement tout, mais se superpose à la réalité.

Pour la partie matérielle, le lidar, qui a fait son apparition dans les iPad Pro, puis les iPhone Pro, afin de renforcer (entre autres) les expériences de réalité augmentée et la précision des mesures pour accroître la rapidité et la qualité des photos en basses lumières, par exemple, serait présent aussi dans le casque, à en croire les rumeurs récurrentes.

Encore un exemple de ce ruissellement technologique, de cet art d’intégrer tôt, dans un produit commercialisé, ce qui est encore un élément au cœur de la R&D. On imagine ce qu’apporte l’expérimentation quand elle s’intègre dans des millions de périphériques utilisés tous les jours.

Toujours côté matériel, comment imaginer que le travail effectué sur les AirPods Pro et Max dans le domaine de la suppression de bruit, de la production de son spatialisé, etc. ne sera pas utilisé dans le casque/masque de réalité mixte ?

Même chose d’ailleurs pour des détails plus insignifiants en apparence mais qui prouvent qu’Apple réutilise les concepts et idées qu’il a développés et perfectionnés. Ainsi, la couronne digitale qui fait les riches heures de la Watch depuis ses débuts, a trouvé une place essentielle dans l’AirPods Max. Et, selon certaines rumeurs, elle serait également de la partie dans le casque de réalité mixte à venir. Pourquoi s’en priver si l’idée est bonne, l’ergonomie éprouvée et que les utilisateurs y sont habitués ? Le futur vient aussi des habitudes prises dans le présent, et le passé.

Les AirTags, d'Apple, bénéficient de la fonction Precision Finding.
Apple

Du trousseau de clé, à la réalité vraiment augmentée

Car, comme tous les géants qui voient loin, ou les joueurs de go, qui prévoient plusieurs dizaines de coups à l’avance, Apple place ses pions sans qu’on en comprenne l’importance immédiatement.

L’utilisation de la technologie Ultra Wide Band (UWB, ou Ultra Large Bande), introduite avec les iPhone 11, et les AirTags, a pris lors de cette WWDC 2022 une toute nouvelle ampleur.

 Déjà en 2020, avec iOS 14, Apple introduisait son framework baptisé Nearby Interaction, qui promettait des interactions entre les iPhone, la réalité augmentée, des objets virtuels et d’autres réels. Des interactions également entre différents appareils, conçus par Apple, comme l’iPhone et la Watch, ou éventuellement fabriqués par des tiers.

Cette année avec iOS 16, Apple va un cran plus loin et esquisse des scénarios où des visiteurs pourront être guidés dans un environnement réel grâce à la technologie qui leur permet aujourd’hui de retrouver leurs AirTags accrochés à un trousseau de clés égaré. Des flèches s’afficheront sur un écran, et pointeront dans la bonne direction.

Tout passera par l’écran d’un smartphone, dans un premier temps, mais pas besoin d’être un doux rêveur pour envisager que tout cela se retrouve tôt ou tard dans un casque ou des lunettes de réalité mixte. Les pièces se mettent en place, peu à peu.

Le cœur du futur

Enfin, évidemment, la dernière pièce du puzzle a peut-être été mise sous notre nez, sans qu’on y pense à deux fois. Le M2 inaugure la deuxième génération de SoC Apple Silicon. Il donne vie aux nouveaux MacBook Air et MacBook Pro 13 pouces. Il fait de belles promesses, plus de puissance ou encore moins de consommation.

Deux points qui, à en croire Mark Gurman, dont les sources semblent savoir de quoi elles parlent, posaient des problèmes dans les prototypes de casque de réalité virtuelle d’Apple. Il embarquait apparemment, des équivalents du M1 Pro

Avec une nouvelle génération de puce, qui profite d’un processus de gravure en 5 nm amélioré, qui chauffe moins pour produire autant, voire plus, de puissance, on se dit que le casque de réalité virtuelle, qui n’a pas été cité une fois lors de la conférence, était pourtant là, partout, tout le temps.

A trop vouloir le voir, on a peut-être loupé quelques indices évidents (ou en interprète désormais d’autres erronés, on est prêt à le reconnaître).

Une certitude demeure. Dans l’histoire de la Silicon Valley, comme dans celle de l’innovation, les avancées ne se sont pas faites par blocs jaillis de nulle part. Le futur se construit à petits pas, le futur est dans l’air du temps. Le casque d’Apple aussi.

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