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“ Les gens ne comprenaient pas ce qu’Apple venait faire dans la musique ”

Pour le MidemNet, les 17 et 18 janvier, les organisateurs reviennent sur ces conférences dédiées aux nouvelles technologies.

A la veille de l’ouverture du MidemNet, qui se tient à Cannes les 17 et 18 janvier, sa directrice, Dominique Leguern, et la directrice des conférences, Virginie Sautter, reviennent sur les temps forts de cette manifestation qui fête ses 10 ans d’existence. 01net. : L’année 2009 sera celle du 10e MidemNet, une série de conférences sur les nouvelles technologies dans le monde de la musique qui ouvre le Midem. A quoi servent ces deux journées ?

Dominique Leguern : Le MidemNet a été créé en 2000. A l’époque, on voyait arriver des problèmes potentiels, comme la piraterie, qui en était à ses débuts. D’où l’idée d’un sommet de réflexion sur l’industrie musicale. Après les débats sur la piraterie, nous avons eu notre première intervention d’iTunes cinq ans plus tard. Car il y a un avant et un après iTunes.Justement, quels moments marquants vous retenez de ces dix éditions ?

Virginie Sautter : Dans la première année, nous avons eu des interventions de Peter Gabriel et de Herbie Hancock. Puis, avec iTunes, nous avons découvert le premier exemple d’un modèle de monétisation de la musique sur Internet. Ensuite est arrivée la musique sur mobile, et cette année, Blackberry doit présenter une plate-forme.Comment a été reçu iTunes, à l’époque ?

Dominique Leguern : Les gens ne comprenaient pas ce qu’Apple venait faire dans la musique. Nous avions vendu le grand panneau publicitaire, sur la façade du palais des festivals [où a lieu le MidemNet, NDLR], à Apple. On s’est fait remonter les bretelles ! Il nous a vraiment fallu démontrer l’intérêt de cette présence au MidemNet.Beaucoup d’industriels, de sociétés, interviennent au MidemNet, mais finalement peu d’artistes ou de professionnels de la musique, hormis des maisons de disques. Pourquoi ?

Dominique Leguern : Notre problème, c’est de trouver des artistes qui ont envie de s’exprimer sur ces sujets. Mais cela devient plus facile maintenant, car arrive une génération d’artistes qui réussissent à appréhender les technologies, pour leur marketing par exemple. Avant, cela faisait peur ! Et puis les artistes n’aiment pas parler d’argent, surtout en France.
Virginie Sautter : Cette année, le MidemNet a pour thématique centrale la relation artistes-fans. Marc Kelly, du groupe anglais Marillion, et la chanteuse américaine Jill Sobule vont intervenir et Trent Reznor, du groupe Nine Inch Nails, va faire l’objet d’une étude de cas [le groupe se passe désormais de maison de disque et
mène sa carrière via Internet, NDLR]. L’an dernier, déjà, nous avions fait venir des gens du “ live ” et des managers.Il y a d’autres acteurs que l’on voit peu, ce sont les fournisseurs d’accès à Internet. Sont-ils invités ?

Dominique Leguern : Chaque année ils sont invités. Et finalement, en janvier prochain, l’Association anglaise des fournisseurs d’accès (l’ISPA) participera à une table ronde. On avait plus de difficultés à les faire venir à titre individuel, quand ils n’étaient pas structurés en association, parce qu’ils allaient se retrouver sous le feu des maisons de disques, qui les tiennent pour responsables de la situation de crise du marché de la musique.Quels ont été justement les débats les plus rudes ?

Dominique Leguern : il y a eu la sortie passionnée de Paul McGuinness, le manager de U2, l’an dernier, qui a interpellé les FAI sur leurs responsabilités.
Virginie Sautter : Et puis le débat houleux sur les DRM entre le président de la RIAA [les maisons de disques américaines, NDLR] Mitch Bainwol, et Gary Shapiro, le président de la Consumer Electronics Association [regroupant 2 200 fabricants de matériels électroniques, NDLR].Et cette année, à quels moments forts peut-on s’attendre ?

Dominique Leguern : Le débat d’ouverture entre Eric Nicoli, ancien dirigeant d’EMI et qui participe maintenant au nouveau label R & R Music, et Michael Robertson, fondateur de MP3.com [aujourd’hui propriété de CBS Interactive, NDLR], risque d’être animé. Celui sur les relations entre le monde de la musique et les FAI aussi. Et MySpace et Nokia vont présenter leurs services, qui ne sont pas toujours très bien compris.
Y a-t-il eu des lacunes, au MidemNet, des débats que vous avez ignorés, des acteurs importants que vous avez ratés ?

Dominique Leguern : Non, pas vraiment. En revanche, il y a des acteurs qui ont complètement disparu. Mais l’an dernier, nous avons eu une mauvaise surprise. QTrax a fait une grosse annonce au Midem [création d’un site de téléchargement gratuit et légal avec un catalogue de 25 millions de titres, NDLR]. Or il s’est avéré qu’il n’avait pas terminé ses discussions avec les ayants droit. Mais quand un acteur nous promet une annonce, on ne peut pas non plus vérifier où en sont ses négociations.

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Propos recueillis par Arnaud Devillard