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Aereo, la start-up qui agace les géants de la télévision américaine

Fox menace de quitter les ondes publiques si la start-up reste autorisée à diffuser ses programmes sur Internet.

La menace n’est pas passée inaperçue : Fox, l’un des quatre grands networks (réseaux de télévision) américains – avec CBS, ABC et NBC -, assure être prêt à quitter les ondes publiques. American Idol, les Simpsons mais aussi le prochain Super Bowl, la grande finale du championnat de football américain ne seraient alors plus accessibles qu’aux abonnés du câble.

“Ils volent notre signal !”

A l’origine de cette menace : une récente décision de la justice new-yorkaise autorisant la start-up Aereo à poursuivre la diffusion par Internet des chaînes gratuites. Pour un abonnement compris entre 8 et 12 dollars par mois, le service permet de regarder ces programmes sur une télévision, mais aussi sur un smartphone ou une tablette.

« Ils volent notre signal », a lancé lundi Chase Carney, le directeur opérationnel de News Corp (la maison mère de Fox, propriété du magnat des médias Rupert Murdoch) au cours d’une conférence à Las Vegas. « Si nous ne pouvons pas protéger nos droits par la voie légale ou gouvernementale, nous n’allons pas rester les bas croisés », a-t-il promis.

Changer de modèle n’aurait pas forcément de répercutions importantes sur l’audience et les recettes publicitaires de Fox. Sur 114 millions de ménages américains, environ 100 millions ont accès aux chaînes du câble. Pour autant, cette menace n’a en réalité que peu de chance d’être mise en exécution. Il faudrait en effet convaincre les régulateurs américains. Mais aussi les détenteurs de droits, notamment sportifs, qui souhaitent une exposition médiatique la plus large possible

Surtout, un tel changement résulterait en un véritable casse-tête lié au fonctionnement des networks américains, agrégations de chaînes affiliées disposant d’une certaine indépendance. Dans le cas de la Fox, ce sont plus de 200 partenaires dans tout le pays qu’il faudrait associer à cette décision et convaincre. Cela prendrait des mois, si ce n’est des années.

« Il est regrettable d’entendre que Fox pense que les consommateurs ne devraient pas avoir le droit d’accéder gratuitement à la télévision », a répondu une porte-parole d’Aereo. Lancée l’an passé, l’offre n’est pour l’instant accessible que dans la région de New York. La start-up prévoit de s’implanter dans 22 villes supplémentaires cette année.

Attaquée en justice pour piratage, Aereo se bat avec ses armes contre les géants de la télévision américaine. News Corp donc, mais aussi CBS, qui possède la chaîne du même nom, et Disney, propriétaire de ABC. La société a déjà obtenu gain de cause à deux reprises. Ses adversaires ne baissent cependant pas les bras et sont prêts à porter l’affaire jusqu’à la Cour suprême des Etats-Unis.

Car l’enjeu est de taille pour les networks. Pour diffuser leurs programmes, les câblo-opérateurs leur versent jusqu’à présent une commission sur chaque abonnement. Or, Aereo ne leur reverse pas le moindre centime. Ils redoutent que les câblo-opérateurs refusent désormais de payer.

« Nous ne pouvons tout simplement pas fournir les événements sportifs, l’information et le divertissement que nous proposons en nous basant seulement sur un modèle économique supporté par la publicité », avance Chase Carey. Le combat entre David et Goliath n’est donc pas prêt à prendre fin.

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Jérôme Marin (correspondant permanent aux Etats-Unis)