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ADSL : l’Outre-mer, symbole de la fracture numérique

Dans les départements d’Outre-mer, l’ADSL est souvent de quatre à huit fois plus cher qu’en Métropole. France Télécom et Wanadoo dominent le marché, face à une concurrence locale qui tente de résister.

Les habitants des départements d’Outre-mer (DOM) ont de quoi se poser des questions. A l’heure où la bataille de l’ADSL fait rage en Métropole, avec des prix précipités à la baisse, ils connaissent eux, qui font pourtant partie du
territoire français, des tarifs deux à trois fois plus élévés que dans l’Hexagone.Pire, les clients de la première heure de Wanadoo dans les DOM ont reçu un mail leur annonçant qu’ils ne bénéficieraient désormais plus du tarif mensuel de 45 euros pour un débit de 512 Kbit/s.Pour un même débit, ils devront désormais débourser 80 euros par mois. Ou, s’ils ne veulent pas voir leur facture augmenter, se contenter de 128 Kbit/s. A titre de comparaison, un abonné ADSL résidant en zone dégroupée dans la
Métropole peut avoir du 2 Mbit/s pour seulement 29,90 euros.Ce changement de tarification chez Wanadoo aura lieu à compter du 1er mars. L’opérateur historique explique que le coût d’accès au réseau Internet dans ces régions est plus élevé qu’en Métropole, et qu’appliquer les
tarifs de l’Hexagone consisterait à vendre à perte, une pratique interdite en Europe. De plus, France Télécom rappelle avoir dû investir pour accroître la bande passante afin d’assurer une bonne qualité de service : deux fois 155 Mbit/s supplémentaires pour les Antilles (Martinique, Guadeloupe…) et une
connexion de La Réunion au câble sous-marin Safe.‘ Nous avions sous-estimé la consommation de peer-to-peer, notamment à la Réunion. 20 % des internautes consommaient 80 % de la bande passante ‘, selon Daniel Lamendin,
directeur de l’Outre-mer de France Télécom.

Les FAI métropolitains absents

Les coûts sont tels qu’ils démotivent les fournisseurs d’accès métropolitains. Club-Internet, Cegetel, Tiscali, Free, Tele2, 9 Télécom, AOL… Tous les ténors de l’ADSL dans l’Hexagone pointent aux abonnés absents, visiblement
peu motivés par ces départements français lointains, qui comptent pourtant environ 1,6 million d’habitants.Seuls quelques opérateurs locaux résistent encore. C’est le cas de Runnet et Outremer On Line (OOL), actifs sur Guadeloupe, Martinique et Réunion), de NetCaraïbes et Mobius (uniquement pour les entreprises) à la Réunion.Mais la bataille sur les prix est inexistante, puisque tous n’ont pas d’autre choix que de se fournir auprès de France Télécom. OOL propose ainsi au grand public du 128 Kbit/s à 39,90 euros/mois et le 512 Kbit/s à
76,90 euros/mois. Runnet se situe dans la même fourchette (40 et 75 euros ttc), et propose du 1024 kbit/s pour 188 euros.‘ 95 % des internautes sont chez Wanadoo ‘ confie Yann de Prince, patron de la société Mobius. Cette société fait partie des acteurs qui tentent de résister. Ainsi, Mobius, qui
propose du SDSL aux entreprises sur des liaisons louées analogiques (ce qui lui a valu quelques ennuis avec France Télécom,
lire notre article), aimerait désormais pouvoir dégrouper comme en Métropole, afin de baisser ses prix.Pour l’instant, ‘ France Télécom fait la sourde oreille ‘, explique Yann de Prince, qui compte saisir sur ce sujet l’Autorité de régulation des télécommunications. Mobius a également
saisi l’ART à propos du coût d’accès au câble Safe. ‘ France Télécom, qui est actionnaire de ce câble, facture l’accès 10 fois plus cher qu’à l’Ile Maurice. Nous pensons que France Télécom agit ainsi pour pouvoir être le
seul fournisseur d’accès à la Réunion. ‘
Runnet, lui, entend bien pour sa part continuer à se battre dans les DOM. Il revendique 500 abonnés ADSL (dont 400 à la Réunion) qui, selon son dirigeant, Jacky Lebon, ‘ constituent une petite communauté
assez soudée autour d’un des derniers bastions gaulois résistant à l’envahisseur Wanadoo ‘
.

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Guillaume Deleurence