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Administration électronique cherche internaute participatif

Si les experts de l’ONU se réjouissent des investissements des États en matière d’internet public, ils constatent l’inutilité de la démarche dès lors que les populations sont faiblement connectées au réseau. Dans ce domaine, la France ne fait pas exception. En cause : les coûts d’équipement.

“L’information est la devise de la démocratie.” Cette citation du président américain Thomas Jefferson conclut un rapport de la division pour l’économie et la fonction publique de l’ONU, consacré aux pratiques en matière d’e-gouvernement(1). Le bilan est plutôt mesuré puisqu’il met en avant le décalage persistant entre les moyens mis en place par les administrations pour dispenser des services en ligne et la consommation effective des citoyens.

Les critères sont-ils tous pertinents ?

Certes, le défaut majeur de ce type d’enquête menée à l’échelle de la planète est son caractère pour le moins générique : pas question de faire dans la nuance quand il s’agit de passer au crible 144 pays répartis entre les cinq continents. Ainsi, on peut s’interroger sur la pertinence de certains des critères retenus par les enquêteurs des Nations unies, comme, par exemple, le pourcentage d’habitants résidant en zone urbaine au sein de la population des États. Idem pour deux coefficients supposés mesurer le développement humain ainsi que la “qualité de l’accès à l’information “. Soit, en tout, dix notes permettant d’établir un palmarès des nations selon leurs avancées en matière d’e-administration.Selon ces principes, les États-Unis arrivent largement en tête. Viennent ensuite l’Australie, la Nouvelle-Zélande et Singapour. Le premier Européen, la Norvège, n’occupe que la cinquième place. Tandis que la France se trouve au 14e rang, juste devant la Corée du Sud. “Sans surprise, ce hit-parade des technologies est directement lié à la prospérité des États. Et assez logiquement, les administrations de l’Ouganda, du Niger, du Tchad ou de l’Éthiopie occupent le bas du classement”, reconnaît Stephen A. Ronaghan, auteur dudit rapport pour les Nations unies. À titre indicatif, 61 États obtiennent un score au-dessus de la moyenne, la position médiane étant occupée par le Belarus, un régime que l’on ne soupçonnait peut-être pas de consacrer des moyens importants à la mise en ligne de ses services publics… Le même clivage numérique se constate également au sein de l’Union européenne. Car, si on compte environ 31 ordinateurs pour 100 habitants en France, ?”quand près d’un Luxembourgeois sur deux est équipé?”, il y en a à peine 15 en Espagne et même pas 11 au Portugal. Il en va de même pour le nombre d’hébergeurs internet rapporté au nombre d’habitants. On en recense plus de 580 pour 10000 habitants en Autriche, 670 en Suède, contre 280 en Grande-Bretagne ou 22 en Russie.Car la multiplication des services administratifs est certes utile, mais elle n’est pas suffisante. Il faut encore qu’il y ait des particuliers pour venir les fréquenter. L’institut de sondages Taylor Nelson Sofres a rendu publique, il y a quelques jours, une enquête annonçant que 74 % des internautes français avaient déjà consulté un site internet d’administration ou de service public. Parmi eux, 5 et 11 % avaient déjà utilisé des services interactifs, comme l’obtention de formulaires ou le paiement d’impôt en ligne. Des chiffres plutôt encourageants, même s’il faut les rapprocher des réponses invoquées par ceux qui ne se connectent pas au réseau. En effet, chez les non internautes, le coût de l’équipement informatique reste le principal frein à l’utilisation des services publics en ligne. Et 15 % des personnes interrogées insistent sur l’importance des contacts pour expliquer leur refus de recourir au web afin d’effectuer leurs démarches ou d’obtenir des renseignements. Un sujet qui devrait occuper les débats lors de la prochaine session de la mission pour l’économie numérique, organisée les 24 et 25 octobre à Paris par Bercy(2). Le thème retenu est celui du “Développement des usages et services dans l’économie numérique. Quel rôle pour les pouvoirs publics ? “. De quoi donner du grain à moudre à Henri Plagnol, le secrétaire d’État à la Réforme de l’État, qui compte beaucoup sur les NTIC pour faire passer les futures réformes au sein de l’administration.(1) Consultable en intégralité sur www.unpan.org
(2) Programme est disponible sur www.men.minefi.gouv.fr

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Nicolas Arpagian