Passer au contenu

Accusés de subjectivité, les analystes rétorquent ne vendre que des éclairages

Les études provenant de cabinets d’analystes sont une source riche d’information, mais à manipuler avec précaution.

Toute nouvelle technologie génère son cortège d’études de marché. Voilà pourquoi les cabinets d’analystes spécialisés sont sans cesse plus sollicités. Crédibles ou non, leurs études alimentent aussi bien les discours des fournisseurs à leurs clients que ceux des analystes financiers aux investisseurs. “En raison de l’insécurité des marchés, le besoin en sources d’information indépendantes est croissant, estime Pim Bilderbeek, du cabinet IDC. Et la progression à deux chiffres de notre chiffre d’affaires en témoigne.”Certains analystes vendent essentiellement des études quantitatives. “En comparant les messages des fournisseurs avec des chiffres de volume ou de déploiement, on concrétise l’état d’un marché”, affirme Tam Dell’Oro, de Dell’Oro Group. D’autres mettent l’accent sur les études prospectives, particulièrement ciblées, même si elles sont à manipuler avec précaution. “Combien de fois ai-je fait des projections sur un marché qui ne s’est jamais développé”, admet Tam Dell’Oro.Mais sur quoi sont fondées toutes ces études ? “Qu’il s’agisse de produits, d’entreprises ou de segments de marché, tout correspond à des schémas. Pour les voir, il faut collecter l’information auprès de fournisseurs, de clients, sans pour autant croire tout ce que chacun dit. Mais le degré d’exactitude n’atteint jamais 100 %”, répond Michael Howard, d’Infonetics Research.Par ailleurs, le résultat d’une étude ne doit pas être sorti de son contexte. “C’est la logique et la compilation des faits qui sont derrière l’opinion que nous offrons qui ont une valeur”, estime Tam Dell’Oro. L’étude n’est pas non plus une vérité absolue. Pourtant, quand “un commentaire est publié, il devient accepté comme si tout le monde s’accordait sur le sujet”, regrette Manek Dubash, de Datamonitor.Parmi les reproches parfois faits aux analystes : leur vision toujours optimiste des marchés. “Beaucoup d’études indiquent des pertes de vitesse. Mais elles ne sont pas publiées”, répond Pim Bilderbeek. “Autre raison plus fondamentale, ces questions-là ne sont jamais posées, note Manek Dubash. Qui demande où en est l’ATM dans le réseau local ? Personne !”Autre reproche couramment mis en avant : le manque d’objectivité. Plutôt que publier des rapports destinés à être vendus à de multiples clients, certains réalisent des études sur commande d’un fournisseur. Dans quelle mesure les résultats risquent-ils d’être arrangés pour contenter le client ? Les analystes arguent qu’ils mettraient rapidement la clé sous la porte si leur objectivité n’était pas sans faille. Les règles diffèrent, mais ils restent fermes. “Aucune recherche sponsorisée chez nous”, indique Bhawani Shankar, du Gartner Group. Ceux qui en font blindent leur contrat : “Nous nous assurons du contrôle total des méthodes de recherche et du contenu éditorial”, affirme Michael Howard. “Nous acceptons uniquement si le rapport peut ensuite faire partie d’une étude à plus long terme, que tout le monde peut acheter”, poursuit Tam Dell’Oro. Cependant, comme dans tout secteur, il existe des mercenaires. “Et certains accepteront que le client leur dicte que dire”, note Bhawani Shankar, sans citer de nom.Au titre de leur rôle d’observateur, certains analystes estiment aussi avoir des devoirs. “Plutôt que s’acharner sur les fournisseurs qui ont essuyé un échec, il est de notre responsabilité de signaler les signes précurseurs, notre position nous permettant de les repérer”, estime Keith Humphreys, d’Eurolan Research.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Annabelle Bouard