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200 Mbit/s sur fils électriques avant fin 2004

Lancé en janvier, le projet européen Opera doit définir une spécification ‘ unifiée ‘ pour équipements dédiés à l’accès large bande via les lignes de distribution d’électricité. Débit maximal brut
visé : 200 Mbit/s.

L’avenir de l’accès large bande via les lignes électriques à des débits nets au moins supérieurs à 5 ou 6 Mbit/s par abonné ?” concurrence de l’ADSL oblige ?” est indubitablement lié à
l’existence de normes d’interopérabilité, normes qui font encore défaut. C’est la raison pour laquelle une dizaine de grandes régies d’électricité (dont EDF, l’italien Enel et l’espagnol Endesa) ont engagé
dès 2002 un processus de standardisation ad hoc en créant l’organisme PLC Utilities Alliance (PUA). Menés en coopération avec des constructeurs, leurs travaux devaient s’achever cette année.Mais l’enjeu a été jugé suffisamment sérieux pour que la Commission européenne elle-même s’y intéresse de près et décide, à travers un programme de grande ampleur, de soutenir plus activement le développement du marché de
l’accès haut débit via les courants porteurs en ligne (CPL).Lancé officiellement le 1er janvier dernier et doté ?” dans sa phase initiale de deux ans ?” d’un budget de 20 millions d’euros, le projet de R&D Opera (Open
PLC European Research Alliance)
a, de fait, pour objectif immédiat de développer une norme européenne adaptée. Basée en partie sur les travaux de l’alliance PUA, celle-ci devrait autoriser la transmission sur lignes électriques
d’un débit brut d’au moins 200 Mbit/s (1) et supporter le transfert de services audiovisuels tels que la téléphonie sur IP, la vidéo à la demande ou des programmes TV.

Des circuits compatibles Opera en 2005

Les choses vont aller assez vite, car la trentaine de sociétés impliquées dans Opera (2) compte publier d’ici l’automne prochain les spécifications détaillées des couches PHY et MAC de la future norme.
Dans ces conditions, des circuits FPGA prototypes compatibles pourraient être disponibles au printemps 2005 et testés sur le terrain dans la foulée.Les partenaires du projet feront également en sorte que le futur standard permette la mise au point de modems CPL réellement plug and play et autorise la cohabitation avec les produits CPL déployés à
l’intérieur des lieux d’habitation, et notamment ceux conformes avec la spécification HomePlug AV, dont la finalisation est aussi attendue cette année (3). Avec un débit brut partagé de 200 Mbit/s, HomePlug AV
doit garantir la transmission simultanée de données Internet, de communications vocales et de flux audiovisuels TV, DVD ou TVHD sur le réseau électrique interne d’une maison ou d’un appartement. Les technologies CPL haut débit
indoor et outdoor utilisant les mêmes bandes de fréquences (entre 1,6 MHz et 30 MHz typiquement), la coexistence de ces deux usages ?” impossible à l’heure actuelle ?”
doit pouvoir, à l’avenir, être assurée sans risque d’interférences rédhibitoires…D’un point de vue technique, la transmission d’un débit brut de 200 Mbit/s sur quelques centaines de mètres de fils électriques n’appartient plus au domaine du rêve. La société française Spidcom, qui détient
toujours le
record en la matière, vient en effet de lancer la production d’un circuit capable de supporter un débit brut de… 224 Mbit/s, soit un débit net d’environ
100 Mbit/s. Basé sur une technologie propriétaire et articulé autour d’un c?”ur ARM9 (4), ce composant CPL ?” référencé SPC-200A ?” est vendu 100 dollars pour quelques milliers de
pièces commandées. Un prix que Spidcom juge ‘ raisonnable ‘ pour le marché de l’accès haut débit via les lignes de distribution d’électricité.La jeune pousse commercialise également un kit de développement matériel et logiciel, et compte lancer à l’automne des modules CPL prêts à l’emploi. ‘ Fin 2004, sous le nom de SPC-200N, nous
proposerons une version simplifiée de notre circuit CPL, adaptée aux réseaux résidentiels sur câblage électrique,
ajoute Radomir Jovanovic, PDG de Spidcom. Ce composant, qui sera compatible HomePlug AV, sera commercialisé entre
30 et 50 dollars, ce qui est encore trop cher pour généraliser ce type d’application. C’est pourquoi nous nous sommes déjà lancés dans le développement d’une seconde génération de composants qui devrait faire chuter leurs
coûts d’un facteur dix. ‘
Spidcom, qui est l’un des partenaires du projet Opera, prévoit notamment de mettre sur le marché courant 2005 un circuit CPL, dédié à l’accès large bande, qui sera compatible avec la future norme européenne.(1) Il s’agit d’un débit brut à partager entre les clients connectés au même transformateur, là où se situe une passerelle CPL entre le réseau électrique et l’infrastructure Internet (fibre optique,
satellite, etc.).
(2) On retrouve dans ce projet les principales régies européennes d’électricité (EDF, Endesa, Enel, MVV, etc.), des équipementiers (Ascom, Main.net, Schneider Electric Powerline…) et des spécialistes des
technologies CPL (DS2, Itran, Spidcom).
(3) Focalisée jusqu’ici sur les réseaux résidentiels sur câblage électrique, l’association HomePlug vient de mettre en place un groupe de travail (du nom de BPL, pour Broadband over Powerline) chargé de se
pencher sur l’accès large bande via les lignes de distribution d’énergie.
(4) Le système d’exploitation OSE d’Enea Embedded Technology est disponible en standard avec le circuit.

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Pierrick Arlot