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200 ans d’hugolâtrie

Il voulait être un grand homme (Chateaubriand en l’occurrence), il fut un siècle, une nation et, selon le mot de Baudelaire, “un de ces esprits rares…

Il voulait être un grand homme (Chateaubriand en l’occurrence), il fut un siècle, une nation et, selon le mot de Baudelaire, “un de ces esprits rares et providentiels, qui opèrent, dans l’ordre littéraire, le salut de tous.” Loués par les intellectuels bon teint comme par les fans d’Hélène Ségara (qui fut l’Esmeralda de Notre-Dame de Paris, version comédie musicale), étudié par tous à l’école, Victor Hugo est une synthèse incarnée de l’“esprit français”. Homme de lettres au talent protéiforme, il fut tour à tour monarchiste et républicain, chantre des droits de l’homme et de l’abolition de la peine de mort, défenseur du petit peuple, Européen convaincu, homme à femmes, père et grand-père modèle (biographie sur www.alalettre.com). Une icône qui, comme telle, se vénère à date fixe.Victor Hugo vit le jour le 26 février 1802, il y a tout juste deux siècles : cédons donc à l’exercice de la commémoration. Les festivités ne manquent pas : des centaines de manifestations partout en France et tout au long de l’année (programme complet sur www.victorhugo.culture.fr). Besançon, ville natale de Victor Hugo, ouvre les hostilités le 25 février avec une soirée anniversaire ?” patchwork de poèmes, extraits de pièces, textes politiques, chansons, scènes de films ?” mise en scène par Étienne Pommeret (voir la rubrique Actualités sur le site www.besancon.com). La capitale du Doubs enchaînera avec une exposition “Quand Victor Hugo inspire les artistes” (du 25 février au 14 avril), qui permettra de mesurer l’influence de l’écrivain sur une génération d’artistes contemporains.À Paris, c’est évidemment la maison de Victor Hugo qui sera le centre névralgique des principaux hommages : réouverte après cinq mois de travaux, cette demeure de la place des Vosges, occupée par la famille Hugo de 1832 à 1848, proposera, toutes les heures, le 26 février, une visite-conférence des appartements ( www.paris-france.org/musees/Maison_de_Victor_Hugo). Puis, le 12 avril s’ouvrira l’exposition “Voir des étoiles, le théâtre de Victor Hugo mis en scène” (jusqu’au 28 juillet), vaste rassemblement de manuscrits, costumes de théâtre, décors, caricatures, mais aussi de bandes sons, d’extraits de pièces, d’entretiens d’archives avec des metteurs en scènes… Le tout orchestré par Yannis Kokkos, dont les scénographies d’Hernani et de Lucrèce Borgia pour Antoine Vitez ont marqué la critique comme le public.Plus que le théâtre, c’est la poésie d’Hugo qui intéresse Michel de Maulne, qui monte La légende des siècles (texte à télécharger sur Abu.cnam.fr, cliquer sur Auteurs, puis Hugo) à la Maison de la Poésie à Paris (du 6 mars au 21 avril), sur une musique électronique qu’on promet détonante. Prométhéenne, l’?”uvre d’Hugo est celle d’un “homme océan”, assure la Bibliothèque nationale de France, qui propose une exposition sur ce thème, du 19 mars au 23 juin ( www.bnf.fr/pages/cultpubl/expos.htm). 385 pièces (manuscrits d’?”uvres, lettres, dessins, caricatures, pages de carnets…) y seront exposées, et un cycle de conférences complétera l’ensemble. En vedette, l’intervention de Robert Badinter sur le thème “Victor Hugo et la peine de mort “, le 14 mars. Un témoignage de l’humanité de l’écrivain,” une humanitairerie de bon vieillard “, ironisait Zola, une humanité de l’expérience en tout cas, tant le destin de l’homme, fait de plus de détours et d’aspérités que sa “panthéonisation” ne lexigerait, a nourri la grandeur, et pour tout dire la sagesse.

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Sophie Janvier-Godat