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Pixelpark – K2 : chronique d’une fusion annoncée

Une fusion qui n’en finit pas. Non seulement, Pixelpark France et K2 sont victimes du décalage existant entre SSII et web agency, mais en plus les conditions économiques ne leur facilitent pas la tâche.

Quand Pixelpark France annonce le rachat de la SSII K2 en juin 2000, tout semble aller pour le mieux. En acquérant la SSII spécialisée dans les applications Oracle, Pixelpark trouve un bilan comptable équilibré et 80 ingénieurs et développeurs de qualité.Un an et demi après l’annonce de la fusion, le bilan peut surprendre. Tout d’abord, “celui qui a été absorbé n’est pas celui que l’on croit “, résume un rescapé du plan social qui a touché Pixelpark en janvier 2002. En clair, les effectifs restants de Pixelpark ressemblent plus à ceux d’une SSII classique comme K2 qu’à ceux d’une web agency, à l’image de Pixelpark lors de son arrivée dans l’Hexagone en 1998.De plus, cette fusion ne s’est pas faite sans douleur. Le plan social lié à la récente restructuration a, selon la direction, frappé un total de 20 postes. Auxquels il convient cependant d’ajouter le cas de cinq personnes précédemment licenciées pour des raisons similaires à celles invoquées dans le plan social.Cet épisode social clôt, en théorie, une période d’incertitude, marquée par le retournement du marché et une fusion particulièrement longue.

Deux cultures opposées

” C’était la rencontre de deux mondes qui avaient du mal à se comprendre “, commente une collaboratrice de la société. On avait le sentiment que le fait de grossir n’était pas du tout géré par la direction. “Une impression confirmée par Christophe Hocquet, directeur général de Pixelpark France depuis 1998, qui concède ” qu’au moment d’une fusion, on sous-estime toujours les problèmes culturels, car on est pris dans l’opérationnel. “Ces difficultés furent renforcées par des méthodes de travail peu compatibles entre elles. “A K2, comme dans une SSII classique, les employés étaient aux 35 heures, version Syntec”, explique un délégué du personnel. Et au-delà d’une journée de travail normale, les heures supplémentaires étaient comptées.”
A contrario, chez Pixelpark, l’esprit start-up battait son plein et l’emploi du temps était une notion toute relative.

Changement inopiné d’intitulé de poste

Au fil des mois, certains collaborateurs, travaillant notamment en régie (c’est à dire directement sur les sites des entreprises clientes), vivent de plus en plus mal les changements qui affectent la société. Certains d’entre eux ne comprennent pas, par exemple, les évolutions stratégiques de la société autour de nouvelles activités, pourtant prometteuses en terme de chiffre d’affaires, comme Java J2EE.Par ailleurs, des tensions apparaissent entre direction et employés sur des détails qui pourraient sembler anodins. Certains salariés constatent durant l’automne dernier un changement inattendu de l’intitulé de leur poste sur leur fiche de paie. S’agit-il d’un déclassement déguisé ? Pour la direction, il n’est question que d’une “harmonisation des titres, consécutive à la fusion (…) qui fut malheureuse pour certains éléments, mais dont la rectification est en cours.”Soit, mais officiellement la fusion des deux sociétés est finalisée depuis plus de 6 mois.

Menaces de licenciement diffuses

Selon certains salariés, derrière un discours de façade toujours sous le sceau de la net-économie, les menaces de licenciements se font plus de plus en plus pressantes auprès de certains collaborateurs.Moment fort et pénible de la vie d’une entreprise, le plan social de janvier 2002 est géré de façon inhabituelle. La directrice des ressources humaines est remerciée, et c’est la direction qui prend en charge le dialogue avec les employés. Les débuts sont chaotiques. “Le plan social nous a été présenté dans une logique de licenciement et non dans une logique d’accompagnement et de restructuration “, note un délégué du personnel. Selon Christophe Hocquet, l’ensemble se déroule “très dignement”.Sur les 20 postes touchés, cinq propositions de reclassements seront faites par la direction sur des “critères de compétences “. Deux d’entre elles seront acceptées par les intéressés.Ces épreuves une fois surmontées, lex web agency, devenue SSII en absorbant le personnel de K2, pourra tenter de renouer avec les bénéfices.

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Philippe Crouzillacq