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Richard Stallman : ‘ La loi Création et Internet est cruelle ‘

A quelques jours de l’examen de la loi au Parlement, le père du logiciel libre propose des révisions du droit d’auteur et des pistes pour garantir les revenus des artistes et les libertés des internautes.

Que pense le père du logiciel libre de la loi antipiratage du gouvernement français ? Beaucoup de mal. Richard Stallman s’en est expliqué vendredi 27 février 2009, à Nanterre , lors d’une conférence
intitulée ‘ Droit d’auteur et libertés numériques ‘, organisée à l’initiative de La Quadrature du Net, un collectif de défense des libertés individuelles et des droits fondamentaux.Le créateur de la licence GNU et inspirateur du Copyleft s’est montré très véhément contre la loi qui doit être discutée à l’Assemblée nationale à partir du 4 mars prochain. ‘ Si cette loi était votée,
il ne faudra pas changer vos comportements quotidiens par peur d’être déconnecté, sinon ils auraient gagné,
a exhorté l’apôtre du logiciel libre dans un français très correct. C’est une loi injuste et
cruelle. ‘

Un peu d’histoire

Jugeant que le développement du droit d’auteur est lié à celui des technologies de copie, Richard Stallman s’est lancé dans une leçon d’histoire. Dans le monde antique, il n’y avait pas de droit
d’auteur car il était long et difficile de copier une ?”uvre. ‘ Le droit d’auteur a commencé avec l’imprimerie qui permettait de faire plus facilement des copies avec un équipement cher et un savoir
technique centralisé ‘,
a-t-il expliqué.‘ Le droit d’auteur était imposé aux éditeurs, mais n’interdisait rien aux lecteurs puisque la liberté de copier n’était pas possible. Si on était à l’époque de l’imprimerie, je ne me
plaindrais pas du droit d’auteur,
a continué Richard Stallman. Mais avec les réseaux informatiques, il est devenu facile pour tout le monde de faire une copie ou beaucoup de copies. ‘Richard Stallman déplore que les gouvernements, agissant contre l’intérêt des citoyens, ne cessent d’étendre le droit d’auteur à la fois dans la durée et dans l’utilisation de l’?”uvre avec le
pay per view (paiement à l’acte, sans téléchargement définitif). Autre appel à la résistance : ‘ Il ne faut pas acheter des produits qui ont des verrous numériques comme les DVD, sauf si tu as le programme
pour les casser. ‘

Droit d’auteur limité à 10 ans

Richard Stallman avance plusieurs pistes pour concilier partage et respect des auteurs et artistes. ‘ Je propose un droit d’auteur d’une durée de 10 ans à partir de la publication. Pour les
 ?”uvres d’opinion, d’art et de divertissement, je propose la liberté de diffuser les ?”uvres exactes non commercialement. ‘
En effet, la liberté de modifier une autobiographie ou un roman lui semble
saugrenue.Pour financer les artistes, Richard Stallman suggère un impôt sur les ?”uvres vendues et le paiement volontaire. ‘ Si tu avais un bouton pour envoyer un euro très facilement à l’artiste, tu le
ferais. ‘
Et de citer l’exemple de la chanteuse canadienne Jane Siberry qui reçoit en moyenne plus d’un dollar par morceau téléchargé. ‘ C’est plus que les 99 cents demandés par les maisons de
disques ‘,
conclut Richard Stallman. Preuve qu’il faut arrêter de traiter les internautes comme des voleurs.

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Isabelle Boucq