L’iPhone SE 2022 est beaucoup de choses : compact, léger, puissant, plutôt agréable à utiliser, etc. Il n’est aussi pas – ou plus, et c’est plus embêtant – beaucoup d’autres choses : dans l’air du temps, vraiment abordable, enthousiasmant. Or, où est-il écrit qu’un smartphone d’entrée de gamme ne peut pas avoir un certain panache ? Qu’il ne doit pas, à sa manière, repousser certaines limites, s’essayer à certaines nouveautés ?
La troisième génération d’iPhone SE, toujours positionnée en entrée de gamme, est évidemment le fruit d’un équilibre, qui ne tient qu’à un faisceau ténu de fils, dont un est plus épais que les autres, plus essentiels que les autres : le prix.
Le droit d’accès au monde Apple est souvent élevé, mais on peut généralement le justifier par un ensemble de points forts, d’atouts concurrentiels uniques… Cette année, toutefois, la tâche va être ardue. Car, Apple n’a pas maintenu ou baissé le prix de son smartphone d’entrée de gamme, il l’a augmenté de quarante euros !
Le géant de Cupertino le justifie de bien des façons. À commencer par l’arrivée de la 5G, qui est une bonne nouvelle, même si pour l’heure, les abonnements 5G semblent loin d’affoler les foules et que la révolution des usages promise est toujours aux abonnés absents. Pour expliquer cette hausse tarifaire, Apple met également en avant l’intégration de sa meilleure puce, l’A15 Bionic. Une bonne chose certes, mais l’A13 donnait déjà satisfaction…
Si cela n’a pas été invoqué par le géant de Cupertino, on serait tenté de dire que la pénurie de composants a sans doute son rôle à jouer dans cette augmentation tarifaire, et ce serait presque la seule et unique excuse acceptable.
Quoi qu’il en soit, le cap des 500 euros est passé. De 489 à 529 euros pour le modèle 64 Go, il y a plus qu’une hausse, il y a un symbole. Ce qui était – et demeure, de facto – un smartphone d’entrée de gamme peut difficilement justifier ce positionnement à un tel prix.
Avec ce nouveau tarif, l’iPhone SE 2022 aura certainement plus de peine à maintenir l’équilibre qui le rendait encore attractif. À ce prix, peut-il même toujours séduire ? Voilà la vraie question, et nos réponses.
De vieux points faibles
Depuis que l’iPhone 12 mini lui a volé le titre d’iPhone le plus compact, le SE peut évidemment moins miser sur cet avantage. Comprenez que si le premier critère recherché est la compacité, ce n’est pas le SE qu’on retiendra. Toutefois, son boîtier en aluminium et en verre – le même que celui des iPhone 13 – demeure parfaitement fini, petit et très agréable à tenir en main.
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L’iPhone SE cultive néanmoins un anachronisme qu’on a de plus en plus de peine à comprendre. Depuis que les héritiers du design introduit avec l’iPhone X règnent sur la gamme des smartphones d’Apple, son écran de seulement 4,7 pouces accuse son âge avec sa définition HD, mais pas Full HD, de 1334 par 750 pixels. C’est petit, aussi bien pour les yeux que pour les doigts, quand on voit les grandes dalles confortables s’épanouir ailleurs.
De plus, la technologie LCD le place à part, dans un monde dominé par les dalles OLED, même en (vraie) entrée de gamme. Il faut chercher longtemps pour trouver des concurrents adeptes du LCD.
Si cette technologie ne peut pas rivaliser avec l’OLED, Apple la maîtrise malgré tout suffisamment pour en tirer le meilleur. La luminosité, mesurée à 619 cd/m2, est très suffisante pour consulter l’écran en plein soleil. Le taux de contraste, sans atteindre le seuil « infini » des dalles OLED, s’établit à un honnête 1 509:1, en léger retrait par rapport à celui que nous avions mesuré sur le modèle 2020 (1 671:1).
En revanche, le Delta E2000, qui mesure la différence entre la vraie valeur d’une couleur et celle affichée par la dalle, est excellent et bien meilleur que sur le dernier iPhone SE, puisqu’on a relevé un Delta E de seulement 1,62.
Les technologies True Tone et P3 assurent de leur côté un bon confort d’utilisation quel que soit l’éclairage ambiant et une large palette de couleurs.
Sans briller autant qu’une dalle OLED, l’écran LCD de l’iPhone SE est donc honorable. Et puis, il n’est pas le seul à conserver une dalle de ce type. C’est aussi le cas de l’iPhone 11, sorti en 2019 et toujours commercialisé par Apple.
En revanche, l’iPhone de 6,1 pouces ne souffre pas d’un autre handicap : le design – celui de l’iPhone 8, introduit en 2017. Car l’iPhone SE s’accroche à un bouton Touch ID en façade – que certains adorent et ne changeraient pour rien au monde, c’est entendu. Or, cette disposition, couplée à la technologie utilisée, ne permet pas à l’écran d’occuper plus de 65,7 % de la façade avant. À l’heure où les écrans des autres iPhone (à l’exception de l’iPhone 11) et ceux de la plupart des concurrents sous Android oscillent a minima autour de 85 %, c’est très juste.
C’est d’autant plus rageant qu’avec les derniers iPad Air ou iPad mini, Apple a prouvé qu’il était capable de glisser un capteur Touch ID dans le bouton Marche/Arrêt d’un appareil…
Un atout jeté dans la mêlée
Si nous avons commencé par ces défauts, c’est qu’ils sont les plus visibles, les plus anciens, et peut-être les plus lourds de sens – Apple n’userait-il pas trop et jusqu’à la corde de son art de la rentabilisation des développements passés ? D’ailleurs, ces travers, on les regrettait déjà pour la plupart lors de notre test de l’iPhone SE 2020.
Néanmoins, Apple sait poser dans la balance des arguments qui rendent son smartphone d’entrée de gamme très séduisant. Cette année encore, son atout majeur, c’est son SoC, l’A15 Bionic.
La puce maison, qui intègre processeur, carte graphique et réseau neuronal (pour les calculs liés à des algorithmes d’apprentissage machine), monte encore en gamme. À tel point que c’est la même que celle qu’on trouve dans les iPhone 13 et 13 mini, lancés en septembre dernier. On a droit à six cœurs CPU : deux cœurs haute performance, pour les jeux et applications gourmandes, et quatre basse consommation, pour les tâches plus légères, comme les mails, par exemple. Pour la partie graphique, le show est toujours assuré par quatre cœurs.
Enfin, l’iPhone SE n’a pas à rougir devant les iPhone 13 et 13 mini, il embarque 4 Go de mémoire vive, comme eux. C’est un gigaoctet de plus que l’iPhone SE 2020.
A l’épreuve du présent et du futur
Qu’est-ce que cette configuration implique ? Beaucoup de choses, mais nous nous concentrerons sur trois d’entre elles. Commençons par la plus importante : la puissance. Et, dans un premier temps, tournons-nous vers le futur. En mettant son A15 Bionic dans son SE, Apple lui assure de ne pas manquer de puissance, aujourd’hui, évidemment, mais aussi demain, et pour les années à venir.
Sachant que le géant de Cupertino est un exemple unique – et hélas pas assez copié – de suivi logiciel, c’est la garantie que votre iPhone SE 2022 sera mis à jour au cours des six années à venir (voire plus), et bénéficiera d’autant de générations d’iOS, même si certaines de leurs nouveautés lui seront interdites. C’est un argument de taille, parce que cela signifie que vous pourrez le donner à un membre de la famille, sans inquiétude, ou le revendre en seconde main à un bon prix, si vous en prenez soin.
Continuons maintenant avec le présent. Oui, l’iPhone SE 2022 est extrêmement performant. Il tient la comparaison avec les iPhone 13 dans de nombreux benchs synthétiques, et il faudra se lever tôt – ne pas se coucher ? – pour le prendre en défaut pour manque de puissance. L’interface est d’une fluidité parfaite, la réactivité exemplaire. Apple garantit ainsi « l’expérience iPhone » telle qu’on la connaît depuis ses débuts.
Amusons-nous au jeu des comparaisons de résultats de tests. Avec l’iPhone SE 2020, c’est évident, mais aussi avec l’iPhone 12 mini, qui lui dérobe le titre d’iPhone le plus compact, avec l’iPhone 11, également, qui est le moins cher après lui... et aussi avec quelques-uns des smartphones Android dans la même gamme de prix que nous avons testés ces derniers douze mois. Nous avons ainsi retenu le Mi 11i 5G, de Xiaomi (vendu 699 euros à son lancement), le Zenfone 8, d’Asus (699 euros aussi à l’origine), et, enfin, le Pixel 6, de Google (649 euros au départ). Les deux premiers sont animés par le Snapdragon 888, de Qualcomm (avec un Adreno 660 pour la partie GPU), tandis que le smartphone de Google repose sur une puce maison, le Google Tensor, pour la partie CPU, et sa partie graphique est celle conçue par ARM, le Mali GP MP20.
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Les résultats obtenus avec Geekbench 5 sont sans équivoque. Les iPhone sont dans une classe à eux seuls, et l’iPhone SE 2022, tout entrée/moyen de gamme qu’il soit, domine largement ses aînés. C’est là la force de l’A15 Bionic.
Quand on compare les deux dernières générations d’iPhone SE, on constate que le modèle 2022 est quasiment 35 % plus performant en Single Core, tout simplement deux fois plus performant en Multi Core et 78,3 % plus rapide pour la partie Compute, qui sollicite l’ensemble de la puce. En deux ans, Apple offre donc un véritable bond en avant pour ceux qui voudraient plus de puissance et qui désireraient mettre à jour sur leur iPhone SE. Et, bien entendu, il affiche des performances très alléchantes pour les nouveaux venus. Mais celles que présentait l’iPhone SE 2020 étaient déjà largement suffisantes sur de nombreux points et pour la plupart des usages…
Avec les concurrents sous Android équipé du Snapdragon 888 (depuis remplacé au sommet des SoC de Qualcomm par le Snapdragon 8 Gen 1), l’iPhone SE affiche une belle supériorité, 53 % au moins en single core, 30 % en multi core, et des performances 2,4 plus élevées en compute.
Plus que la puissance…
Mais, en l’occurrence, la question n’est pas tant les performances brutes. Cela fait bien longtemps que ces puces apportent assez de puissance pour tous les usages du quotidien : des jeux, au surf sur le Web, en passant par des applications de créations musicales, vidéo ou autres.
Ces chiffres sont donc une garantie à court et long terme, mais ils ne révèlent pas tout ce qu’apporte l’A15 Bionic. Car, ils ne prennent que peu en compte la partie réseau neuronal de la puce, qui va permettre d’exécuter rapidement des applications ou calculs liés au machine learning. Pas plus que n’est prise en compte l’amélioration des processeurs de traitement d’images.
Depuis qu’il a été dévoilé, l’A15 Bionic promet des progrès dans le domaine de la reconnaissance vocale, de texte – merci pour Texte en direct ! - du traitement photographique, etc. Des promesses tenues dans les iPhone 13, et également dans l’iPhone SE, avec les limites liées à sa partition matérielle, évidemment.
Une expérience photo… d’entrée de gamme
Soyons francs d’emblée, l’iPhone SE 2022 n’est pas le meilleur pour la photo. Pas parmi les iPhone actuels, et pas parmi ses concurrents au même prix. Comment autrement avec un seul module caméra arrière – doté d’un capteur de 12 Mpix et un objectif à six éléments qui ouvre à f/1.8 ?
On ne recommencera pas notre complainte entonnée lors du test des iPhone 13, mais Apple ayant choisi de ne pas sortir la grosse artillerie sur le haut de gamme pour recoller avec les meilleurs smartphones du marché en photo, on ne voit pas comment l’iPhone SE le pourrait. On ne comprend pas non plus comment Apple, roi du premium et de la qualité, offre encore des smartphones avec un seul objectif en 2022…
Vous n’aurez donc pas le choix dans la focale pour travailler vos photos et cadres, et le zoom numérique x5 ne sera à réserver qu’aux clichés pris en pleine lumière. Car l’iPhone SE, comme les autres smartphones d’Apple, souffre de « l’effet aquarelle », qui fait que les photos manquent de piqué, de précision. Ce qui devient vite criant même sur des petits tirages.
Pourtant, l’A15 Bionic apporte bel et bien des améliorations. On note ainsi des progrès, notamment avec les photos de nuit rapidement bruitées... mais davantage exploitables, et l’arrivée de nouveautés fonctionnelles. Du côté des pas en avant, Deep Fusion permet d’offrir au SE 2022 de réduire le bruit numérique, ce qui permet d’apprécier la qualité de restitution des couleurs, même en faible luminosité, et de gagner un peu en détail. Tandis que l’arrivée de Smart HDR 4 contribue aux belles expositions homogènes, même pour les zones moins lumineuses, en balançant mieux les contrastes, même lors de contre-jour, par exemple. Dommage que l’écran ne soit pas HDR pour profiter au mieux de ces progrès.
Pour ce qui est des nouveautés fonctionnelles, on apprécie de voir arriver les Styles photographiques, qui s’ajoutent donc au Mode Portrait, notamment. Il vous sera possible de choisir entre différents préréglages en fonction de vos goûts. Vous pourrez obtenir des clichés avec un Contraste Intense, un rendu Vif, Chaud ou Froid. Cela vous évitera (mais ne vous empêchera toutefois pas) d’avoir à jouer avec certains réglages de ton et température, notamment.
Côté vidéo, l’iPhone SE ne démérite pas. La stabilisation optique proposée est très honnête, et les films en 4K, jusqu’à 60 images par seconde ou Full HD sont plutôt jolis regarder – et vous pourrez même vous amuser à les monter sur votre iPhone, qui a la puissance pour cela. Toutefois, là encore, mieux vaudra filmer quand la lumière est bonne et ne comptez pas trop sur le zoom numérique x3, si vous ne voulez pas voir fleurir les pixels et le bruit numérique.
On notera pour les fans des selfies que la caméra avant, inchangée avec son capteur de 7 Mpix et son ouverture à f/2.2 est désormais, elle aussi, compatible avec les technologies Deep Fusion, Smart HDR 4, et les Styles photographiques, en plus des différents modes Portrait et du contrôle de la profondeur de champs pour l’effet bokeh.
Puissance, intelligence, et autonomie ?
Glisser l’A15 Bionic dans l’iPhone SE 2022, c’est donc offrir de la puissance, assurer de meilleures performances en photo, mais aussi, gravure en 5 nm oblige, promettre des améliorations en matière d’autonomie. Est-ce le cas dans les faits ?
Malgré l’arrivée de la 5G, qui est gérée de la même manière que sur les autres iPhone, à savoir qu’elle n’est utilisée que si c’est le meilleur choix, afin de ménager la batterie, l’iPhone SE gagne en autonomie.
Ainsi, en autonomie polyvalente, qui simule des usages du quotidien jusqu’à ce que la batterie rende les armes, le SE 2022 a tenu 13 h 03, là où le modèle 2020 demandait grâce après 12 h 27. En autonomie vidéo, c’est presque une heure de mieux qui a été enregistrée, avec 10 h 05 pour le SE le plus récent, contre 9 h 06 pour la génération précédente. C’est appréciable, à défaut d’être époustouflant.
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Toutefois, un rapide coup d’œil aux résultats comparés ci-dessus montre que l’iPhone SE, malgré son A15 Bionic, ne bénéficie pas des mêmes niveaux d’autonomie que les derniers iPhone. Sans même parler des iPhone 13 qui sont les plus endurants jamais produits, le SE 2022 est loin derrière l’iPhone 12 mini, qui était le vilain petit canard de sa génération… Il fait également moins bien que les iPhone 11. La puce permet donc des progrès, mais le facteur de forme, et la taille de la batterie, limitent les améliorations en la matière.
Comme le seuil des 15 h en autonomie polyvalente est généralement synonyme de possibilité de passer une journée complète loin d’une prise électrique, il semble évident que ce ne sera pas le cas avec l’iPhone SE.
Selon notre expérience, il faudra d’ailleurs soit le recharger rapidement pour lui accorder quelques pour cents de batterie de plus, soit le ménager pour être sûr de tenir toute la journée, jusqu’au début de soirée.
Apple a ainsi réussi à lui faire réaliser des progrès, mais n’a pas obtenu de miracle. Si on le compare à ses concurrents sous Android, il n’a toutefois pas trop à rougir, il est dans la tranche haute ou basse, selon qu’on regarde l’autonomie polyvalente ou vidéo. Dommage que l’entrée de gamme des iPhone ne soit pas plus percutante…
Comme on l’a déjà dit, on soupçonne le facteur de forme, le boîtier vieillissant, d’être la cause de beaucoup de ces défauts, et de ces petites déceptions. Comment expliquer autrement par exemple l’absence de compatibilité avec l’Ultra WideBand pour la localisation précise des objets, notamment ?
Mais on ne peut toutefois pas finir sur une note négative, car Apple a entendu une des plaintes du public (et des testeurs). Certes, le premier modèle d’iPhone SE 2022 est toujours équipé de 64 Go, ce qui est bien peu pour qui aime photographier et télécharger des applications, mais il est désormais possible d’avoir un modèle 256 Go… Il vous coûtera cependant la coquette somme de 699 euros !
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