Il aura fallu attendre un petit moment avant d’enfin pouvoir mettre la main sur ce Triton 900 de la gamme Predator. Il avait été annoncé en grande pompe lors de l’IFA 2018, puis à nouveau montré par Acer lors du CES 2019. Entre le modèle commercialisé l’année dernière et la mouture que nous avons aujourd’hui entre les mains, Acer a opéré quelques changements de composants comme le passage d’un processeur Intel Core i7 de 8e génération à un modèle de 9e génération.
Le concept de cette étrange machine ? Difficile à définir. Soyons clairs, c’est avant tout une vitrine technologique pour la marque. Ensuite, plus concrètement, c’est un PC portable hybride pour gamers de 17,3 pouces, ce qui n’est pas banal. L’écran 4K est tactile et il est monté sur des charnières qui lui offrent la possibilité de se retourner pour transformer le PC portable en grosse tablette tactile. On peut aussi se contenter d’incliner cet écran pour qu’il soit à portée de doigts.
Autant vous prévenir tout de suite, le Predator Triton 900 qu’Acer nous a envoyé se trouve assez difficilement dans le commerce. Nous ne l’avons repéré qu’en ligne et pas dans de grandes enseignes (au moment où nous écrivons ces lignes). Toutefois, son prix avoisine généralement les 5000 euros au dernier pointage. Il faut préciser que le tarif de départ est de 4200 euros : ce Triton 900 ne s’achète donc pas sur un coup de tête.
Comptez environ 1000 euros du kilo
Alors pour un tel prix – celui d’une tour de PC suréquipée, nous en sommes conscients -, Acer a mis les petits plats dans les grands. « Grand » correspond assez au gabarit de la machine. Posée sur le bureau, impossible de ne pas la remarquer. Elle en impose (46 x 30 x 3 cm) et son poids de 4 kilos la visse sur son lieu de résidence. Tout comme le poids de son adaptateur secteur – presque 1,5 kilo – qui est indispensable au bon fonctionnement du Triton (305 watts max. mesurés). De toute manière, ne comptez pas partir en déplacement avec le Triton 900 sous le bras. Son autonomie ne dépasse pas les 2 heures d’autonomie, qu’il s’agisse de streaming ou d’une utilisation polyvalente.
Le boîtier ne souffre d’aucun défaut de finitions. On aime ou pas les lignes et les choix esthétiques pris, mais c’est du bel ouvrage. Il apprécie toutefois un peu trop les traces de doigts. Pour le reste, tout est bien assemblé, les charnières de l’écran sont massives, mais robustes. Pour les plus geeks, sur le devant, juste au-dessus du clavier – qui a changé de place – une petite fenêtre transparente laisse entrevoir une partie de la mécanique et du système de refroidissement.
Comme le montre l’image ci-dessus, le clavier du Triton 900 présente un jeu de touches séparées, dont le rétroéclairage est bien sûr personnalisable via le logiciel Predator. On note aussi la présence de trois raccourcis programmables selon plusieurs profils (visibles ci-dessous), dans le coin supérieur gauche. Tout cela est de bon augure, mais en pratique, comme nous allons le voir, c’est une catastrophe.
En plus de la souris externe, prévoyez aussi un clavier
L’ensemble du piano est trop ramassé, les touches sont un peu trop proches les unes des autres. De fait, leur disposition est insupportable. En plus d’être petites (la touche SHIFT de gauche est minuscule), certaines ne sont pas du tout à la bonne place ! Le point d’interrogation, notamment, qui se situe étrangement entre la touche ALT et CTRL en bas à gauche. Et comme nous avons eu la machine avec un clavier QWERTY il y a fort à parier que ce soit encore pire sur un modèle AZERTY, où sont présentes quelques touches supplémentaires. Le pire, c’est que le toucher et les mécaniques sont très agréables. Un vrai gâchis.
Le responsable de ce manque de place sur le plateau, c’est le touchpad/pavé numérique virtuel. Un modèle similaire à celui qu’Asus propose sur ses Zephyrus les plus haut de gamme. Certes, ce n’est pas la partie du clavier la plus utilisée sur ce type de PC. Ce format 2-en-1 lui va donc comme un gant ! Sauf qu’il est vraiment large…
Le plein de prises plus ou moins bien placées
On termine notre phase d’observation par le tour de la connectique. Acer a eu la bonne idée d’en déplacer une partie à l’arrière du Triton 900, à savoir les sorties vidéo et l’orifice pour l’adaptateur secteur. Si la prise réseau filaire avait pu les rejoindre, nous aurions apprécié.
Le reste des ports se répartit sur les côtés et il y a même une prise USB (2.0) cachée derrière une petite trappe, au cas où, comme le montrent les clichés suivants.
Notre plus gros regret ? C’est qu’Acer ait placé autant de prises sur le côté droit. C’est en effet à cet endroit que va venir cavaler la souris externe des joueurs et les câbles ou périphériques branchés vont forcément gêner. De plus, avoir positionné le bouton de mise sous tension sur le côté droit est un appel à venir le heurter en pleine partie. Soit le risque d’éteindre la machine inopinément à moins d’avoir fait tous les réglages idoines dans Windows pour que cela n’arrive pas.
Un écran 4K bien contrasté mais mal calibré
Le format hybride n’est déjà pas toujours heureux sur les PC portables classiques, alors sur une machine de gaming, c’est assez inattendu. Avant de parler technique, parlons pratique. Le fait de pouvoir faire varier l’inclinaison de la dalle est une bonne idée et apporte un confort appréciable.
En revanche, lui permettre de faire une révolution complète afin de transformer ce portable en grosse tablette, n’est pas très utile. Pour faire une partie de Hearthstone, à la rigueur.. et encore. Vu le gabarit de l’engin impossible de l’utiliser comme une tablette classique, portée à bout de bras dans le canapé.
Opter pour un écran 4K, même sur une puissante machine comme le Triton 900 n’est pas pertinent. Y intégrer le G-Sync non plus. En effet, le taux de rafraîchissement de la dalle se limite à 60 Hz en 3840 par 2180 pixels et la RTX 2080 n’affichera pas souvent plus de 60 ips dans les jeux AAA du moment, plein de détails et d’effets. Mais nous y reviendrons.
Sur le plan technique, la dalle tactile offre une luminosité assez bonne de 325 cd/m2 avec des pics à 339 cd/m2 dans le coin supérieur droit.
La valeur du taux de contraste est correcte également : 1092:1, c’est un peu mieux que la moyenne relevée sur les récentes machines testées. En matière d’homogénéité, on obtient un score de 0,004 ce qui est vraiment très bon. Les zones obscures sont bien marquées, mais pas brûlées et les couleurs sont éclatantes… mais totalement fausses.
Ce gros Triton trébuche à l’épreuve de la colorimétrie : le Delta E mesuré est de 5,9. Ouch ! L’Acer vient remplacer l’Alienware Area 51m de Dell sur la première marche du podium des plus mauvais élèves en la matière (5,43). Les teintes vertes sont les plus déformées, viennent ensuite les rouges. Seules les déclinaisons de bleues sont presque bonnes. Enfin, la température colorimétrique est, elle, comprise entre 6600 et 6800K. Sur une machine de ce prix, c’est impardonnable.
Si vous cherchez de la justesse pour retoucher vos photos avec précision, c’est raté, ne comptez pas sur lui. Pour de la création, tournez-vous plutôt vers les tout derniers ConceptD Ezel 7 et 7 Pro annoncés au CES 2020.
Privilégiez la Full HD à la 4K
Vu le tarif affiché sur l’étiquette, Acer sort le grand jeu avec un processeur Intel Core i9-9980HK, 32 Go de mémoire DDR4, 1 To de SSD en RAID 0 et une vraie Nvidia GeForce RTX 2080 (pas une Max-Q). En clair, sur le papier, ce Triton vient se mesurer à l’Area 51m de Dell. Ni plus ni moins.
Voir le graphique des résultats PC Mark 10 en plein écran et animé
Le Triton 900 annonce la couleur dans PC Mark 10, avec un score global parmi les plus élevés des machines gaming actuelles. Il fait tout tourner, sans le moindre souci, et les applications qui parviendront à le faire trébucher n’ont pas encore été développées.
Mais ce qui nous intéresse, nous, c’est le jeu. Le Triton a vocation à générer des polygones par centaines, à déguster des textures complexes au petit déjeuner, et ce, pour les années à venir. Ci-dessous, vous trouverez les performances de la machine en Full HD. Mettons au crédit de l’écran qu’il accepte assez bien de descendre en définition, les déformations d’image étant à peine perceptibles.
Voir le graphique des résultats dans The Division et RoTB en plein écran et animé
En 4K, en revanche, les choses changent de façon draconienne.
- Dirt 3 : 302 images par seconde (Full HD) contre 247 ips (4K) soit 16,6 % de pertes
- The Division DX11 High : 152,7 ips (Full HD) contre 59,2 ips (4K) soit 60%+ de perte
- The Division DX11 Ultra : 127,7 ips (Full HD) contre 58,9 ips (4K) soit 50%+ de perte
- RoTR DX12 : 151 ips (Full HD) contre 58,9 (4K) soit 60%+ de perte
Optimistes dans l’âme, nous dirons que le palier des 30 ips est largement dépassé sur les jeux récents (Dirt 3 sert plus de mètre étalon pour les titres ancienne génération). Et comme la barre des 60 ips est frôlée quasiment tout le temps, Acer réussit presque à nous faire mentir. Il est possible de jouer en 4K avec la machine.
Activer le G-Sync permettra de compenser visuellement les effets de ralentissement causés par les chutes d’ips. En revanche, ne l’utilisez pas dans les titres les plus anciens. Vous briderez plus les performances qu’autre chose.
En outre, ne vous leurrez pas, sur les prochains AAA à venir, il faudra vous résoudre à tout faire tourner en Full HD plutôt qu’en 4K afin d’avoir le plaisir de pousser les graphismes plus loin, et complexifier le rendu des textures. Surtout si vous enclenchez le ray tracing, par exemple, particulièrement gourmand.
Un système de refroidissement aussi efficace que bruyant
Nous n’avons pas résisté au plaisir de démonter la machine. Cela nous a permis de contempler le système de refroidissement imaginé par Acer mais, aussi, d’apprécier la complexité d’agencement et d’assemblage du Triton.
Lors de nos tests, même en stressant cette drôle de bête, nous ne sommes pas parvenus à la faire surchauffer. Pas de throttling sur le processeur, la puce Intel turbine à plein ; il en va de même pour la puce Nvidia. Et c’est en contemplant le système de refroidissement que nous avons compris comment Acer avait réussi ce tour de force.
Le cuivre ne manque pas. La mémoire graphique et les étages d’alimentation du GPU ont la chance de profiter de toutes les structures métalliques. Les puces Intel et Nvidia ont chacune un conduit de refroidissement dédié et en partagent deux autres. La chaleur est ensuite évacuée par le biais du couple radiateurs et ventilateurs.
On remarque que le design des pales est tout à fait particulier Elles sont toutes faites de métal et il y en a plusieurs dizaines. selon Acer, élaborer pareille solution a demandé de nombreux mois de recherche avant de trouver la bonne alchimie entre la forme, le matériau et le nombre d’éléments à sertir dans le rotor pour dissiper efficacement les calories collectées par le réseau de tuyaux.
L’ensemble du système peut émettre jusqu’à 46,5 dB en charge extrême. C’est assez bruyant, mais c’est le prix à payer pour ne pas avoir de throttling. Pour rappel et comparaison, l’Alienware 51m n’émettait que 41,4 dB en pleine activité. Faisons un petit détour par le mercure. Le maximum affiché par notre outil de mesure est de 59°C sous la machine, au niveau de l’alimentation (contre 53,4°C pour l’Alienware). Sur le repose-paume, le thermomètre peut monter jusqu’à 34°C et un peu plus au niveau du haut du clavier.
Précisons pour conclure que la mémoire et les SSD sont accessibles une fois le clavier retiré. Il est donc possible de les faire évoluer plus tard si votre version du Triton 900 n’est pas suréquipée au moment où vous l’achetez.
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