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Vous avez dit testé ?

Chaque année, à la même époque, presque tous nos confrères se découvrent une passion pour la haute technologie. Quel que soit le style du journal, c’est…

Chaque année, à la même époque, presque tous nos confrères se découvrent une passion pour la haute technologie. Quel que soit le style du journal, c’est à qui sortira le dossier ou le supplément le plus fourni. Dans le but d’aider ses
lecteurs à choisir leurs cadeaux de Noël, bien sûr ; et, au passage, d’engranger plus de publicité. Rien à redire là-dessus : c’est parce que le sujet intéresse les lecteurs à l’approche des fêtes que cette manne publicitaire tombe. Nous
en profitons aussi, et il est normal que tout le monde veuille sa part du gâteau. Rien à redire… sauf lorsque pour donner de la crédibilité à ces catalogues, on croit nécessaire de les affubler du qualificatif
‘ testés ‘. Et là, il y a un problème. Car quand on aligne des centaines de produits qui seront vendus à Noël, donc récents pour la plupart (car pour des catégories comme les appareils photo ou les PC,
les modèles changent tous les trois mois), il paraît matériellement impossible de les tester sérieusement, ni même, pour certains… de les prendre en main. Quand on sait que notre laboratoire, qui emploie dix-sept personnes à plein-temps, la
plupart ingénieurs, ne peut tester que 1000 produits par an ; qu’il faut un jour ou deux pour effectuer une batterie de tests complète ; que même pour une seule évaluation, un journaliste de l’OI passe au bas mot
quatre heures, et souvent la journée, on se dit qu’il y a test… et test. Un test, selon le Petit Robert, c’est une épreuve, un essai, une mesure, une vérification. Prétendre tester un appareil informatique ou audiovisuel
en moins d’une heure, c’est dévaloriser le travail de ceux (et nous ne prétendons pas être les seuls) qui dépensent du temps et de l’argent à vérifier point par point les assertions des constructeurs, à définir des protocoles et à les
appliquer ; bref, à réaliser des tests dignes de ce nom. Et que dire des ‘ meilleur produit de l’année ‘ ou ‘ meilleur rapport qualité/prix ‘
lorsqu’on ne prétend même pas les avoir testés ! Alors, chers confrères, publiez tant que vous voulez des catalogues de Noël, mentionnez vos coups de c?”ur si vous y tenez ; mais, de grâce, ne galvaudez pas les mots. Ils ont un sens
précis. Car si les lecteurs ne sont pas dupes, ils n’ont pas tous les éléments en main pour savoir qui teste vraiment et qui fait semblant. C’est encore une fois la crédibilité de la presse tout entière qui risque d’en prendre un coup.

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Bernard Montelh