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Les consoles sur le devant de la scène

Moins mis en avant dans les médias que le téléchargement de chansons ou de films, le piratage des consoles de jeux génère un véritable marché parallèle qui va bien au-delà de la simple copie occasionnelle.

Ce 16 novembre 2007, tous les accros de Nintendo attendent la sortie de ce qui est annoncé comme l’un des meilleurs jeux jamais produits : Super Mario Galaxy. Pour Cyril, fan de la première heure du plombier moustachu, c’est déjà de l’histoire ancienne. ‘ Cela fait quinze jours que le jeu est sorti au Japon, et je l’ai déjà téléchargé, gravé et quasiment terminé. ‘ Est bien naïf, en effet, celui qui pense que les consoles sont plus à l’abri du piratage que les CD, DVD ou autres jeux sur PC. Le piratage ou, pour employer un mot plus juste, le hacking des consoles engendre lui aussi un manque à gagner énorme pour les fabricants et les éditeurs. Il était estimé à 762 millions de dollars en 2006. Victimes de leurs succès, les consoles Wii et DS de Nintendo sont au premier rang des produits menacés, suivies par la Xbox 360, la PS2 et la PSP. Seule la PS3 reste encore épargnée, mais pour combien de temps ?La démarche pour ‘ hacker ‘ sa console est toutefois relativement complexe et au départ assez coûteuse. Le système de protection de la Wii, par exemple, se situe au niveau de son lecteur de DVD, lequel intègre un dispositif interdisant la lecture de jeux qui ne correspondent par à la zone géographique d’origine de la console et empêchant également la mise en place de DVD gravés. Pour contourner cette protection, il est indispensable d’ajouter une puce (ou modchip) qui sera soudée à des points précis de la carte mère de la Wii. WiiKey, D2CKey, Wasabi…Ce ne sont pas les puces qui manquent, et il est très facile de s’en procurer pour environ 50 euros (soit le prix d’un jeu). De nombreux sites ayant pignon sur Web les proposent, et ce, en toute légalité. Il n’est en effet pas explicitement interdit d’acheter ou même d’installer une telle puce dans sa console ; on fait juste sauter sa garantie. Reste qu’il faut installer cette fameuse puce et là, les connaissances en électronique sont indispensables (il faut parfois plusieurs dizaines de points de soudure). Mais qu’à cela ne tienne, de bonnes âmes mettent leurs compétences au service des hackers en herbe. ‘ Après avoir ” pucé ” ma propre console, j’ai commencé à le faire pour des amis et, petit à petit, j’en ai fait une activité à part entière ‘, raconte Stéphane, qui n’hésite pas à facturer l’opération 100 euros avec la puce et le déplacement à domicile !Une fois le modchip installé, il ne reste plus qu’à télécharger les jeux sur les réseaux habituels (torrent, newsgroups…) et les graver sur des DVD vierges ; la console les reconnaîtra comme des originaux. Et cela fonctionne aussi bien avec les titres locaux qu’avec les imports américains ou japonais. Nintendo n’a pas encore trouvé de parade pour court-circuiter les puces déjà installées. Pour l’heure, le fabricant nippon dirige son combat à la source en faisant saisir les puces dans les usines de production. Ce sont ainsi 10 000 pièces qui ont été confisquées dans les locaux de Supreme Factory Limited à Hong Kong en octobre. Mais il en faudra bien plus pour réellement mettre à mal le marché du piratage.Plus encore que la Wii ou la PS2, c’est bien la DS qui souffre le plus du hacking. Car pour profiter gratuitement de tous les titres liés à la console portable de Nintendo, aucune intervention chirurgico-électronique n’est nécessaire. Il suffit de se procurer ce qu’on appelle dans le langage des hackers un ‘ linker ‘.Vendu entre 40 et 60 euros selon les modèles (il en existe au moins une douzaine différents), le linker est composé de deux parties : une cartouche au format Game Boy, qui se loge dans l’emplacement idoine de la DS, et une carte mémoire dotée d’un micrologiciel. Cette dernière, dotée de 1 à 8 Go de capacité, s’insère à la place de la cartouche de jeu DS classique. Après avoir téléchargé les jeux sur Internet, il suffit de relier la car-touche Game Boy pirate à son PC par le biais d’un câble USB pour transférer les titres vers la carte mémoire. Selon sa capacité, il sera possible de stocker jusqu’à plusieurs dizaines de jeux simultanément, le micrologiciel du linker permettant de choisir au démarrage celui auquel on veut jouer.

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Vincent Verhaeghe