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La micro aide les enfants malades

Au centre de cardiologie infantile du château des Côtes, Internet est une porte ouverte sur le monde pour les enfants malades.

Cette classe n’est pas tout à fait comme les autres car, ici, les élèves sont aussi des enfants malades. Agés de 9 à 19 ans, ils vivent dans ce centre de cardiologie infantile pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. Difficile de faire classe à des enfants d’âges, de niveaux et de rythmes différents. Un pari réussi, entre autres, grâce aux ordinateurs, qui permettent à Catherine Thierry, enseignante spécialisée, de mettre en pratique une vraie pédagogie de projets. ‘ L’outil informatique est quasiment indispensable avec des élèves comme les miens, souligne l’institutrice. On ne peut pas avoir une pédagogie traditionnelle, les enfants assis à leur pupitre et la maîtresse face à son tableau. L’ordinateur est très motivant pour eux, et cela me permet de leur donner une certaine autonomie. ‘

Rompre l’isolement

Ce matin, pour les sept élèves présents, c’est l’atelier informatique, un rendez-vous hebdomadaire. ‘ Nous utilisons régulièrement les ordinateurs pour travailler l’expression ou même faire des jeux ludoéducatifs, explique la maîtresse. Une fois par semaine, grâce aux bénévoles de l’association L’enfant@l’hôpital, nous pouvons utiliser au mieux tout ce que l’ordinateur peut apporter aux enfants. A travers le logiciel Kanari, animé par l’association, ils consultent des récits de voyageurs à qui on peut poser des questions, des mini-sites sur les métiers ou les monuments, ils font des devinettes, etc. ‘Premier geste du matin, consulter le site pour voir s’il y a de nouveaux messages pour la classe. Avant l’arrivée des enfants, l’enseignante a synchronisé les ordinateurs pour récupérer toutes les nouveautés du site. Ils découvrent les photos, lisent les réponses à leurs questions. Puis la classe est séparée en deux groupes grâce au portable de Doryane, la jeune polytechnicienne qui ?”uvre à l’association pour un an. Un petit groupe se branche sur les aventures de Philéas Frog, la grenouille mascotte du périple autour du monde de deux jeunes aventuriers. Grâce à une correspondance régulière avec les deux voyageurs, les élèves travaillent la lecture, l’expression, la frappe au clavier, mais aussi l’histoire et la géographie. Frédéric, Dylan et Kumar suivent la petite grenouille en Chine. L’un après l’autre, avec l’aide de la maîtresse, ils déchiffrent le texte qui explique la Grande Muraille.Pendant ce temps, Niouma regarde une vidéo sur le métier de soldat, qu’elle aimerait faire plus tard. Cette vidéo a été envoyée sur Kanari suite à sa question sur ce métier, et les quatre jeunes polytechniciens de l’association se sont chargés de mener l’enquête. ‘ Nous avons recherché des informations sur tous les métiers qui fascinent les élèves, explique Doryane. Nous avons essayé de dresser au mieux les portraits de ces métiers, que ce soit soldat, éleveur de dauphins ou encore clown. Nous avons interviewé des professionnels, et récupéré des photos. Et les enfants peuvent ainsi consulter sur Kanari ces petits reportages. ‘

Vaincre les réticences

Cela n’a pas été évident de faire accepter cette ouverture sur le monde, comme l’explique Catherine Thierry : ‘ Quand je suis arrivée il y a deux ans, je n’ai trouvé que deux vieux PC, qui n’étaient même pas connectés à Internet. Je venais d’un service de cancérologie pédiatrique où j’utilisais régulièrement Internet pour des correspondances, des découvertes, des recherches, etc. Ici, il n’était pas question de connecter les élèves. J’étais totalement démoralisée de voir que l’on interdisait tout échange avec l’extérieur à ces enfants qui vivaient déjà dans un milieu confiné, loin de leur famille. J’ai contacté l’association L’enfant@ l’hôpital et nous avons monté un projet concret. Grâce à ce projet et au fait que nous ne nous connectons pas directement à Internet mais à Kanari, un logiciel qui gère et filtre les échanges, j’ai pu obtenir un ordinateur avec une connexion. ‘ Tour à tour, les enfants s’installent devant l’écran. Et comme le dit Dylan : ‘ C’est mieux d’apprendre avec l’ordinateur : on s’amuse et on découvre plein de choses ! ‘ Pour ces enfants qui, pour la plupart, ne connaissent qu’un seul cadre de vie, l’hôpital, l’ordinateur est vraiment une porte sur l’extérieur

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Nathalie Bloch-Sitbon