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Caméscope : avec ou sans cassette ?

Alors que la photo se dépêtre encore dans sa vaine bataille de pixels, la vidéo expérimente de nouveaux formats et supports de stockage qui définissent de nouveaux usages. Cassette DV, disque dur, carte mémoire, DVD : voici comment vous y retrouver pour choisir le type de caméscope qui correspond à vos besoins.

La recherche du support d’enregistrement idéal est actuellement ‘ le ‘ thème central pour les caméscopes, à tel point qu’il n’existe plus aujourd’hui une catégorie unique de caméscopes, mais quatre : les modèles à cassette DV, à disque dur, à carte mémoire et ceux qui enregistrent sur DVD.Les expérimentations actuelles dans la vidéo font, avec un peu de retard, écho aux tâtonnements qu’a connus la photo à ses débuts, avant d’adopter la carte mémoire. Sony, notamment, a expérimenté plusieurs autres solutions comme la disquette, avec la série Mavica en 2000-2001, puis le CD-Rom en 2003. En remontant encore plus loin, au début des années 90, les Canon Ion, qui font partie des ancêtres des appareils d’aujourd’hui (ces appareils étant des caméscopes enregistrant vue par vue), utilisaient des cartouches magnétiques.Dans tous les cas, il ne s’agissait que d’expérimentations sur le support d’enregistrement, à une époque où la carte mémoire n’existait pas encore, ou était peu répandue et donc coûteuse. Mais ces options n’influaient pas fondamentalement sur le fonctionnement ou l’usage des appareils photo.Il en va tout autrement avec les caméscopes, dont les différents formats correspondent à des usages et à des possibilités variés.

La cassette DV : à la fois support et format

Faisant suite au format Hi8 (encore très répandu), la cassette DV est associée à l’image du caméscope numérique. Le DV est un système complet qui définit à la fois un support (la petite cassette à bande de 6,35 mm de largeur) et un format de compression pour les images.Ce format DV a été défini par un consortium de constructeurs qui regroupe tous les fabricants touchant de près ou de loin aux caméscopes (soixante au total). Le terme DV est l’abréviation de DVC (Digital Video Cassette). Le format DV compresse les images selon un principe qui est de la même famille que celui utilisé par le JPeg pour les images fixes.La particularité du DV, qui fait son succès auprès des amateurs avertis et autres férus de montage, est qu’il compresse les images une par une (ce qui, comme nous allons le voir, n’est pas le cas des autres formats utilisés par les caméscopes à carte, disque ou DVD). Chaque image d’une séquence DV est donc indépendante des autres. Le DV enregistre vingt-cinq images par seconde.Principal inconvénient : c’est avant tout un format de capture. Comme il n’existe pas de magnétoscope grand public à ce format, l’utilisateur lambda devra brancher le caméscope sur le téléviseur pour visionner les films enregistrés en DV. Il existe bien des magnétoscopes DV, mais leurs tarifs sont hors de portée de l’amateur classique. Le moins coûteux est le Sony GV-D1000, une sorte de baladeur vidéo avec écran 4 pouces destiné aux présentations (on peut le connecter à un vidéoprojecteur) et valant 2 000 euros. Les magnétoscopes DV classiques commencent, eux, aux alentours de 2 300/2 500 euros.Autre particularité du format DV : contrepartie du fait qu’il s’agit avant tout d’un format de capture, il est destiné à être monté. C’est, selon les cas, un inconvénient ou un gros avantage. Les caméscopes DV ne proposent pas de fonctions de montage. Si l’on souhaite mettre en forme les séquences tournées, il faut les récupérer sur un ordinateur, les monter avec un logiciel spécifique puis, soit les réenregistrer sur une bande DV (si le caméscope le permet, ce qui n’est pas le cas des modèles d’entrée de gamme), soit faire un DVD qui sera ensuite lisible sur un lecteur de salon.Si une cassette DV qui vient d’être tournée n’est pas facilement diffusable, en revanche, le montage à ce format est à la fois simple et très abordable. Simple parce qu’il existe des logiciels gratuits ou très peu chers (comme iMovie chez Apple pour Mac OS X, MovieMaker chez Microsoft pour Windows XP) qui permettent en quelques clics de réaliser un film familial de fort belle tenue. Les caméscopes DV sont reconnus automatiquement par ces logiciels, l’appareil étant connecté au PC par un cordon iLink (appelé aussi FireWire). La connexion n’est pas plus compliquée que celle d’un appareil photo et elle est plus sophistiquée parce que l’ordinateur est en mesure de piloter le caméscope pour les besoins du montage. Si le montage DV peut se faire de façon simple et rustique, il est bien entendu possible, à l’autre extrémité de l’échelle, de se livrer à des réalisations des plus complexes, grâce à une palette de logiciels vraiment très large.Enfin, dernière caractéristique du format DV, son support d’enregistrement (la cassette) est peu cher et fiable. On peut considérer que l’archivage est en quelque sorte inclus dans le système. Les cassettes se conservent très bien. Contrepartie, l’accès aux séquences est linéaire. Rechercher la séquence où votre petit dernier fait ses premiers pas dans le carton qui contient les cinquante cassettes tournées cette année-là risque de virer au cauchemar.

Carte, disque et DVD : le MPeg-2 à contre-emploi

Comme on vient de le voir, le format DV est extrêmement bien adapté à la capture de qualité et au montage, mais assez peu à une utilisation directe des séquences tournées. En outre, les données enregistrées sur la cassette ne sont pas rapidement et directement accessibles. Ces caractéristiques, anodines pour un vidéaste réalisant ses montages et archivant ses cassettes en les annotant précisément, sont peu engageantes pour ceux qui souhaitent filmer mais pas monter, obtenir directement un produit fini et n’ont aucune envie de devoir gérer un stock de cassettes.Pour proposer une alternative au bon vieux DV, les constructeurs se sont tournés à la fois vers des supports d’enregistrement différents, plus modernes, et vers un format de compression qui présenterait l’avantage d’être très répandu. C’est le MPeg-2 qui a été retenu et décliné sur carte, disque et DVD.Nous avons intitulé cette partie Le MPeg-2 à contre-emploi, parce que ce format n’a pas été conçu pour la capture, mais pour la diffusion. Le MPeg-2 est le format de compression utilisé entre autres par les DVD. Lorsque l’on produit un DVD avec un logiciel dédié, au final, les images sont compressées en MPeg-2. Son avantage est donc qu’il s’agit d’un format très répandu, que de nombreux appareils savent lire.Sa particularité est de ne pas compresser les images une par une, mais de raisonner par groupe (en termes techniques on parle de Gop, acronyme de group of pictures – groupes d’images en anglais). La taille de ces Gop peut varier. Les JVC Everio à disque dur enregistrent en MPeg-2 avec des Gop de six images. Dans un de ces groupes, seule la première image est enregistrée complètement, les autres ne contiennent que les différences avec celle-ci.L’avantage de l’utilisation du MPeg-2 dans un caméscope est qu’il permet une compression bien supérieure à celle du DV. En contrepartie, la qualité de l’image obtenue est structurellement inférieure (puisque seule une image complète par groupe a été réellement capturée, les autres étant extrapolées).Cette différence de qualité théorique peut être compensée, en pratique, par l’excellence des autres composants du caméscope. Le Panasonic SDR-S100, par exemple, enregistre en MPeg-2 sur carte mémoire SD (la même carte que celle utilisée par les compacts photo). Or, en bonne lumière, la qualité de l’image est peu ou prou identique à celle de l’excellent Panasonic GS250, un caméscope miniDV, et donc nettement supérieure à la qualité de pas mal de caméscopes miniDV d’entrée de gamme.

Sans cassette : une liberté sous condition

Les caméscopes à carte, à disque dur et qui enregistrent sur DVD s’affranchissent donc de la cassette. Pour les cartes mémoire et les disques durs, le transfert sur le PC s’effectue avec une connexion USB, ce qui dispense du port FireWire (obligatoire pour la connexion d’un caméscope DV). En revanche, ni la carte mémoire ni le disque dur ne constituent des solutions d’archivage. Il faut donc prévoir soit un graveur de DVD, soit des disques durs de grande taille pour la gestion des films tournés. En un sens, ces caméscopes à carte ou à disque posent le même problème que les appareils photo numériques.Les caméscopes DVD, eux, comme les modèles DV, offrent une solution d’archivage incluse dans le système. Puisqu’ils produisent des DVD finalisés, ce sont ces disques qui servent à archiver les films qu’ils contiennent. Nul besoin de les recopier.

Monter du MPeg-2 : possible mais fastidieux

Les logiciels de montage ne reconnaissent pas tous le MPeg-2, et les logiciels fournis avec les caméscopes sont généralement de piètre qualité. Les choses vont changer graduellement avec l’arrivée récente du format HDV (voir encadré ci-dessus). Ce dernier se sert des mêmes cassettes que le DV, mais il encode en MPeg-2. Par conséquent, petit à petit, les différents logiciels vont intégrer ce format.Le problème que pose le MPeg-2 pour le montage est lié à son principe de Gop. Comme nous l’avons vu, un caméscope Everio, par exemple, n’enregistre qu’une image sur six, les autres ne contenant que les variations par rapport à l’image de référence. Pour ouvrir un fichier MPeg-2 et permettre son montage, qui doit pouvoir se faire image par image, le logiciel décompresse chaque Gop et reconstitue les images correspondantes. Ce qui représente un temps de calcul important et nécessite une configuration bien plus puissante que celle que requiert le DV.À cela s’ajoute le fait que les caméscopes qui utilisent le MPeg-2 enregistrent les fichiers avec l’extension ‘ .mod ‘ (qui provient des DVD, Mod étant l’acronyme de Movie On Disk), extension que les logiciels de montage ne reconnaissent pas. Car, pour le MPeg, ils ne connaissent que l’extension ‘ .mpg ‘.Enfin, la norme MPeg a connu plusieurs variantes. Ce qui fait que, par exemple, les caméscopes JVC créent des fichiers MPeg-2 totalement compatibles avec la norme, avec un flux audio au format AC3. De leur côté, les logiciels de montage attendent de l’audio au format MPeg audio.Conséquence de tout cela, pour monter les fichiers issus d’un caméscope à carte mémoire ou à disque dur, il faut (sauf à passer par le logiciel qui accompagne le caméscope et qui, comme nous l’avons dit, est rarement une merveille), les convertir dans des formats que comprennent les logiciels de montage standard. Parmi les utilitaires disponibles, deux sont à mettre en avant : Converio et MPeg Streamclip (voir encadré ci-dessous). Pour monter des fichiers issus d’un caméscope à disque, Converio est plus adapté. Pour manipuler de façon moins spécifique des fichiers MPeg-2, MPeg Streamclip est parfait.Les utilisateurs de Macintosh, eux, n’ont pas le choix : Converio n’existe que pour Windows, alors que MPeg Streamclip est disponible pour les deux plateformes.La question du montage ne se pose pas avec les caméscopes DVD. La réalisation du DVD se fait dans le caméscope. Il est certes possible de monter après coup les fichiers enregistrés (en utilisant les mêmes conversions que ci-dessus), mais c’est clairement un contre-emploi : les caméscopes DVD sont destinés à un public qui ne veut pas s’encombrer de montage, et comme, pour le prix d’un caméscope DVD (1 000 euros environ), on peut s’offrir un excellent modèle DV, les caméscopes DVD ne présentent pas d’intérêt, en pratique, pour ceux qui montent leurs films après coup sur l’ordinateur.

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Luc Saint-Élie