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Yoshiki Okamoto, directeur des studios de Capcom : ” La qualité cinéma “

Entretien avec un japonais considéré à l’Est comme un Dieu vivant et à l’Ouest comme une curiosité.

Yoshiki Okamoto est entré chez Capcom à 22 ans. Vingt ans plus tard, il a toujours l’air d’un adolescent (jean couture, coupe de cheveux asymétrique) sorti tout droit d’un de ses jeux vidéo. De sa passion pour le cinéma fantastique-horreur et pour George A. Romero (La nuit des morts vivants) est née la saga des Resident Evil. On lui doit aussi Onimusha ou Devil May Cry. Yoshiki Okamoto cumule les fonctions de directeur général opérationnel, de directeur des studios de l’éditeur Capcom et de président de Flagship Co.Quelle place occupe Capcom sur le marché japonais ?En excluant les fabricants de consoles, qui éditent aussi des jeux vidéo, comme Sony et Nintendo, nous occupons la deuxième place des éditeurs japonais. Notre chiffre d’affaires frôle les 60 milliards de yens [520 millions d’euros, ndlr] pour un bénéfice de 10 milliards de yens. En ne comptant que les ventes réalisées sur console, les trois volets de Resident Evil ont fait plus de 10 millions d’adeptes dans le monde. C’est pourquoi, Capcom est principalement associé aux aventures de Claire Redfield [ndlr : héroïne de Resident Evil]. Nous employons près de 650 personnes dans nos studios pour la création de jeux.La saga “Resident Evil” est emblématique. Les épisodes sont très réalistes et l’univers graphique est proche à s’y méprendre d’un film. Le long métrage tiré du jeu sort sur les écrans le 15 mars aux États-Unis et le 3 avril en Europe. Y a-t-il eu des synergies entre les créateurs du jeu et les producteurs du film ?Il y a à peine dix ans, on considérait qu’il était impossible de reproduire des scènes de cinéma dans un jeu vidéo. Nous arrivons à présent à une réalisation très proche du cinéma. Et bien sûr, certains peuvent penser que les jeux vidéo approchent de plus en plus le monde du cinéma au point de fusionner. Je ne crois pas à cela.Vous avez signé un accord d’exclusivité avec Nintendo pour développer vos cinq prochains épisodes de “Resident Evil” sur Game Cube. Ce type d’accord entre éditeur et constructeur ne s’est jamais vu. Nintendo vous a t-il payé ?Nous n’avons rien reçu de la part de Nintendo. Ce qui s’est passé est simple. Nous avons cherché la console sur laquelle il est le plus facile techniquement de fabriquer des jeux. Et le kit de développement servant à développer des jeux sur Game Cube est plus simple que pour la X-Box ou la PS2. D’autres éditeurs vous le diront.D’accord mais c’est un risque important que vous prenez. N’importe quel éditeur souhaite maximiser son profit en multipliant les plateformes. Combien vous coûtera “Resident Evil” 4, un titre très attendu sur Nintendo ?On ne le sait pas encore exactement. À titre indicatif, pour le premier épisode de Resident Evil, il y a plus de 5 ans, les coûts de production ont approché les 800 millions de yens. De plus, il n’y a que peu d’économies d’échelle d’un épisode à l’autre.Cette année semble être placée sous le signe du jeu en ligne. Que fait Capcom dans le domaine ?Au Japon, nous avons déjà mis en ligne un jeu massivement multijoueur autour de Resident Evil qui sera lancé d’ici peu en Europe et aux États-Unis. Probablement cette année mais c’est à Sony d’en parler. À moyen terme, cest 50 % de la production de Capcom qui sera relayée en ligne comme le sera Onimusha 3, notre prochaine superproduction mi-online et mi-offline. Car les utilisateurs sont prêts pour ce type de pratique, seulement je pense que les éditeurs comme les développeurs, faute de taille critique, ne peuvent pas encore récupérer leur mise de départ.

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Amaury Mestre de Laroque