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Windows XP débarque-t-il au bon moment ?

Le nouveau système d’exploitation de Microsoft fait une entrée timide à l’heure de la crise du PC. Les utilisateurs ne semblent pas pressés de s’y convertir. L’enthousiasme de Steve Ballmer semble néanmoins inoxydable.

Une fois n’est pas coutume, le talent volcanique de Madonna, dont Bill Gates s’est assuré les services à des fins promotionnelles, n’aura constitué qu’un coup d’épée dans l’eau. Le 25 octobre, au c?”ur de New York, le lancement de Windows XP aura en effet eu bien du mal à faire oublier les angoisses et les incertitudes qui étreignent la communauté industrielle et financière.Pourtant, les dirigeants du numéro 1 mondial du logiciel avaient tout pour réussir leur coup. D’abord, les autorités judiciaires américaines semblaient désireuses d’en finir (et à l’amiable, si possible) avec l’interminable feuilleton du procès antitrust, auprès duquel la série Dallas a l’air d’un court métrage.Ensuite, la commission européenne ne paraissait plus aussi déterminée à retarder le déploiement du nouveau Windows, pour cause de supplément d’enquête. Le terrain paraissait donc dégagé. Restait, hélas, le plus important : le timing. De toute évidence, celui choisi par Microsoft n’était pas le bon.” Le problème des utilisateurs, c’est de maîtriser le coût d’acquisition et de déploiement de leurs logiciels “, explique posément Eric Ochs, directeur général du cabinet d’études IDC France. “ Ils veulent absolument réduire le coût des licences et mieux contrôler les dépenses. Dans cette conjoncture morose, leur priorité n’est évidemment pas de faire un saut technologique vers un autre système d’exploitation “. Dans ces conditions, ” il n’y a aucune chance que Windows XP relance le marché de la micro “. La seule chose qui pourrait y contribuer serait, toujours selon Eric Ochs, ” une très grosse reprise économique “.

Satisfaits de la version 2000

Avant même l’arrivée en masse des ” packages ” XP, une sorte d’indifférence polie semble prévaloir chez les clients. On est bien loin du lancement en fanfare de Windows 95, qui avait mobilisé toute l’industrie informatique et le gratin des politiques du moment ! “ Mon souci, c’est d’éviter les mises à jour. C’est beaucoup trop compliqué “, martèle Benoît Rivière, responsable informatique du cabinet d’expertise-comptable Cogediac & Associés. ” Nous ne passerons à XP que le jour où nous achèterons de nouvelles machines. Pour le moment, j’attends impatiemment de lire dans la presse les premiers retours d’expérience. “D’autres utilisateurs, comme Gérard Boudon, program manager chez IBM Microelectronics, une filiale de recherche de Big Blue, se déclarent pleinement satisfaits de Windows 2000. Et n’entendent pas, dans un premier temps au moins, aller au-delà. “ Associé à la messagerie et à la base de données de Lotus Notes, que nous utilisons très largement, ce système d’exploitation donne déjà de bons résultats. Pour la suite, on verra. “Voilà qui ne fait pas l’affaire de Microsoft. ” Pour nous, les mises à jour sont capitales : elles représentent à peu près la moitié de nos revenus ! “, plaide un cadre commercial de la filiale française, qui redoute l’attentisme ambiant. “ Notre boulot, c’est d’aller chez le client et de le convaincre de faire régulièrement des “upgrades” (mises à jour) sur les produits. “D’où un système de licences complexe, où l’utilisateur n’est jamais sûr de bénéficier d’une totale ?” et gratuite ?” compatibilité entre les différents logiciels estampillés Microsoft. Alors, pourquoi ne pas jeter purement et simplement l’existant, quitte à faire un saut quantique, pour acheter de nouveaux ordinateurs équipés du nouveau Windows XP ?”Ce n’est pas cela qui relancera le marché du PC “, avertit Antoine Vivien, directeur de l’informatique grand public chez Hewlett-Packard France. “ À mon avis, il est inutile d’espérer un effet d’accélération sur le business, car Windows XP reste cher. Ce qui ne nous empêchera pas de mettre en vente, dès le mois de novembre, des modèles Pavilion dotés du tout nouveau système d’exploitation de Microsoft, au prix plancher de 1 057,9 euros ttc (6 900 francs). “Pour lui, les principaux responsables sont à Redmond, au siège même de l’éditeur de logiciels. “ Les concepteurs de XP doivent mieux expliquer, et mieux communiquer sur les avantages du système. Sur ce qu’il apporte, en termes de fonctionnalités et d’ergonomie, par rapport aux versions précédentes. ” Un effort de pédagogie jugé ” nécessaire ” par un responsable de Microsoft France, qui se plaint cependant d’être systématiquement soupçonné de pratiques commerciales un peu acrobatiques. Selon lui, ” même quand on explique bien le système des licences et des mises à jour, les gens nous soupçonnent toujours d’arrière-pensées. Or, nous sommes une société commerciale. Il faut bien que nous gagnions notre vie… “Tout n’est pas noir, cependant. Parmi les motifs d’optimisme, on peut citer l’effet mécanique du renouvellement des parcs de PC. “ Les entreprises qui ont fait les investissements nécessaires pour passer l’an 2000, c’est-à-dire en 1998 et 1999, arriveront dès le début de l’année prochaine en fin de cycle “, pronostique Emmanuel Mouquet, directeur marketing de Dell France. ” Cette situation aura forcément des conséquences positives sur la demande.

En attendant le Pentium IV

À l’en croire, ce n’est pas tout. D’autres facteurs sont également susceptibles de relancer la machine. ” Exemple, la sortie du Pentium IV chez Intel. Elle jouera, elle aussi, un rôle significatif. ” Même son de cloche chez Frédéric Favre, responsable marketing des applications poste de travail à Microsoft France. ” Windows XP étant relativement gourmand en mémoire, il requiert des processeurs puissants pour tirer parti de toutes les fonctions. D’où une réaction en chaîne prévisible sur toute l’industrie. “Certes, Windows XP représente, sur le plan technique, une évolution majeure. “ Cet environnement est extrêmement peaufiné en termes de fiabilité, de stabilité et de simplicité d’usage “, renchérit Alexis Oger, chef de produit chez Microsoft France. “ Il fonctionne indifféremment à la maison et au bureau. C’est un produit à la fois grand public et professionnel. “Mais l’essentiel est ailleurs. Car c’est la première fois que le plantage ne fait pas partie des fonctionnalités livrées en standard. La stabilité de Windows est un facteur-clé pour asseoir la confiance des fabricants de PC, des éditeurs de logiciels, et, au-delà, celle des clients. Si XP peut contribuer à relancer l’industrie du micro-ordinateur, c’est à sa fiabilité intrinsèque qu’il le devra.

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Pierre-Antoine Merlin