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Verizon: la révolte des “petites mains” de la nouvelle économie

Après deux semaines d’un conflit particulièrement dur, l’opérateur télécoms américain Verizon a accédé partiellement aux revendications des grévistes. Une victoire pour les syndicats, dont l’avenir passe plus que jamais par la ” nouvelle économie “.

Des horaires réguliers, moins de flexibilité, une meilleure couverture sociale, la sécurité de l’emploi, une plus grande présence syndicale, les ” petites mains ” de la nouvelle économie réclament à leur tour les fruits de la croissance économique américaine.Le 5 août dernier, date de l’expiration de leur convention collective, 87 000 des quelque 256 000 salariés de Verizon, un des principaux opérateurs télécoms d’outre-Atlantique ont cessé le travail.Né il y a peu de la fusion entre Bell Atlantic et GTE Corp., présent dans quarante pays et comptant 25 millions d’abonnés au téléphone sans fil, Verizon est un acteur majeur des télécommunications. Dans un secteur où la mode est au gigantisme, entre fusions et rachats (pour exemple : la récente reprise par Verizon de NorthPoint Communications pour près de 800 millions de dollars), le monde syndical n’avait pas encore beaucoup fait parler de lui.L’affaire Verizon pourrait bien créer un précédent et permettre de faire entendre la voix des salariés. Le mouvement lancé à l’appel des syndicats CWA (Communications Workers of America) et IBEW (International Brotherhood of Electrical Workers) a eu l’effet d’un électrochoc.Et, fait révélateur, c’est chez Verizon Wireless, la division Téléphonie mobile du groupe, où le nombre de syndiqués était jusqu’ici pléthorique (à peine cinquante adhérents sur près de 32 000 salariés) que la grève a été la plus suivie.

Les syndicats, grands vainqueurs du conflit

Après deux semaines de négociations et parfois d’affrontements violents, syndicats et direction ont donc scellé un accord, dimanche 20 août. Pour l’heure, seuls 50 000 grévistes ont repris le travail. Mais selon les responsables de Verizon, les négociations encore en cours avec les 37 000 employés toujours en grève, achoppent“sur des questions mineures et purement locales “. Ce texte, valable pour trois ans, couvre les augmentations de salaires, et de plus grandes participations aux bénéfices pour les salariés. Mais ce sont en réalité les organisations syndicales qui sortent grand vainqueur du conflit. Elles ont en effet obtenu (notamment chez Verizon Wireless) une modification du mode de désignation des représentants du personnel qui leur alloue de facto une plus grande place dans l’entreprise. L’accord conclu avec Verizon constitue un précédent majeur pour les relations sociales dans l’ensemble de l’industrie high-tech et au-delà pour nombre de start-up de la nouvelle économie.Car pour subsister dans la future ” société de l’information “, le syndicalisme, même high-tech, doit pouvoir lui aussi se réinventer. Inutile de créer çà et là quelques sites Internet ” anonymes ” pour protester contre les pratiques de telle ou telle société. Pour asseoir leur crédibilité dans l’univers de la nouvelle économie, les organisations syndicales devront mettre en avant quelques faits d’armes lourds de symbole, et le conflit à Verizon en fait dores et déjà partie.

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Philippe Crouzillacq et Guillaume Deleurence