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Un cloud français, c’est possible et ce serait bien !

Jean Ferré, PDG de Sinequa

On peut résumer le cloud computing comme étant un service en ligne proposant du matériel, de la bande passante, de la puissance de calcul, un système d’exploitation, et un environnement de développement. Le tout est disponible à la demande dans des quantités virtuellement infinies, et payable à la consommation. Pour l’opérateur d’un “ centre d’informatique dans les nuages ”, l’investissement s’avère colossal. En développement comme en serveurs et stockage, cela se chiffre en plusieurs centaines de millions d’euros par an, sans compter la somme de connaissances et de technologies nécessaires pour faire un “ bon ” cloud.

Des économies possibles

Aujourd’hui reconnu comme un élément d’infrastructure majeur, le cloud peut aider chaque individu ou entreprise à déployer des services et des applications, sans coûts fixes. Les exemples sont multiples, d’une application de comptabilité ou de gestion de force commerciale à une web TV, en passant par un réseau social de petites annonces en ligne, un jeu en multijoueur, ou encore un système de pay per view ou une université virtuelle.Le cloud est donc capable de mutualiser une somme considérable de dépenses et d’efforts de R&D, tout en fournissant quantité de services infinis. A ce jour, parmi les cloud les plus visibles figurent ceux de Google, d’Amazon, de Microsoft et d’IBM. Mais nous n’en sommes qu’au début. D’autres grands acteurs suivront. Et si le marché joue son rôle, le tarif des services cloud devrait rester compétitif. “ Devrait ” car l’informatique a déjà montré sa propension à converger vers un ou deux leaders. Et sans régulation, il y a fort à parier que la bataille du cloud se termine en duopole. Cela sera d’autant plus vrai que le cloud computing donnera aussi l’occasion de revoir la façon de gérer les standards et l’interopérabilité. On imagine bien que l’infrastructure de tel ou tel fournisseur favorisera son propre environnement de développement, ses logiciels, son moteur de recherche, son système de micropaiement, de géolocalisation, ses partenaires opérateurs de téléphonie, etc. Avec, comme incidence, d’accélérer la création du duopole ou du monopole. Dès lors, faut-il regarder et attendre de mesurer les conséquences, ou devons-nous agir ?

Le contenant de nos savoirs et de nos usages

L’économie de demain sera celle de la connaissance et du savoir. Un savoir numérisé qui se diffusera à travers les réseaux. La connaissance, quant à elle, se partagera via internet. On créera des contenus, on gérera des réseaux, mais il est clair que les clouds seront les cerveaux géants de l’humanité. Ils constitueront le contenant de nos savoirs et de nos usages. Ils auront la capacité de fixer le prix de l’accès et du partage du savoir et de la connaissance, au niveau tant de l’individu et de sa vie privée que de la société. Plus important, ils participeront de la définition des règles d’usage de ce savoir.

Une alliance de tous les acteurs français

La France peut et doit relever ce défi en bonne intelligence avec l’Europe. Il faut être ambitieux, notamment face aux autres géants. Il y a peu de chance que de grandes puissances économiques et politiques telles que la Chine soient ainsi absentes du cloud computing. Nous devons relever cet énorme et passionnant défi, sans passer par un énième Plan Calcul ; en cherchant simplement à encourager les acteurs privés désireux et capables de se lancer dans cette bataille. Les grands acteurs d’infrastructure, de l’énergie à la téléphonie, avec ? pourquoi pas ? les banques, pourraient, avec l’intelligence de nos ingénieurs et l’énergie de quelques-uns de nos entrepreneurs et de nos meilleures entreprises de logiciel, de contenu et de service, créer une sorte d’alliance sacrée pour relever ce défi. Des investissements publics et privés pourraient les aider à financer leur projet, et la commande publique pourrait leur flécher le chemin du succès. Impossible ? Pas français. Tant de choses réputées impossibles ont déjà finalement été accomplies…

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La rédaction