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TEST : SIMWatch, la montre connectée de Carrefour qui fait un four

Alors que les géants de la high tech peinent à trouver la formule magique qui rendra les montres connectées populaires, Carrefour propose sa SIMWATCH, une montre intelligente catastrophique, de bout en bout.

« Ce à quoi nous avons à faire, ce sont de petites tomates vertes et ce que nous devons faire, c’est en prendre soin et faire en sorte qu’elles deviennent de grosses tomates rouges et bien mûres ». Une métaphore fruitière qu’on doit à David Eun, responsable de l’Open innovation Center chez Samsung, à propos de la montre connectée de Samsung. La Gear, qui peine à enflammer l’imagination et les envies d’achat.

Pas assez mûr

Autant dire que Carrefour n’est pas l’acteur auquel on pense pour sortir une montre intelligente réussie et la SIMWATCH 001 nous le prouve. Les smartwatch ne sont pas prêtes. Si le titan de la grande distribution a réussi à sortir un bon smartphone et une tablette potable, c’est simplement que ces deux types d’appareils sont éprouvés et que les fabricants chinois, pour la plupart, qui travaillent en marque blanche, maîtrisent leur conception et leur fabrication, comme ils ont appris à faire des PC au fil des années. Smartphones et tablettes sont mûrs, les smartwatch pas. Tant pis pour ceux qui espéraient s’offrir un peu de frissons geek pour 149 euros.

Un stylet comme au bon vieux temps

Tout commence par le design et la conception. L’apparence sera qualifiée de classique par les esprits charitables, de massive et laide par les autres, malgré un poids acceptable. La conception est à l’avenant. Avec des nonsenses fulgurants. On citera l’appareil photo, situé au dessus du cadran et qui condamne l’utilisateur à des selfies ratés, bruités, tremblés et mal cadrés.  Sauf à être contorsionniste. Pourquoi proposer un appareil photo alors que les smartphones font de bon petit APN d’appoint ?
On avancera ensuite, la trappe USB sur le côté, mal goupillée et disjointe, qui a le mérite de répondre immédiatement à une question légitime : peut-on prendre sa douche avec la SIMWATCH ? La réponse est non.
Mais le clou du spectacle revient au stylet téléscopique, pas intelligent pour deux sous, comme celui des Note de Samsung, que ses concepteurs ont glissé dans une partie du bracelet. Le stylet est évidemment peu pratique mais s’avère surtout un aveu d’échec. Comme au bon vieux temps de Windows Phone 6, de grosses icônes, plutôt laides, ornent les premiers écrans de l’interface. Mais plongez dans les réglages et vous vous rendrez rapidement compte que les menus textuels ont la vie dure. Les textes petits et la réactivité approximative de l’écran tactile transforment votre expérience de wannabe James Bond en véritable calvaire.

Il y en a un peu plus, je vous le mets quand même ?

D’autant qu’il est clair que Carrefour n’a pas cherché à faire le tri dans les fonctions et usages possibles. Tout est là, mais mis n’importe où. Vous rêviez de faire des photos en bracketing ? C’est possible !  Peu importe que le capteur soit désastreux et que les photos affichent une définition de 640×480 pixels pour un poids d’environ 50 Ko. De toute façon les 300 Ko de mémoire interne seront vite saturés si vous n’avez pas glissé une carte microSD dans la montre, alors autant faire léger.…
Les fonctions inutiles sont légions et l’interface regorge d’aberration pour accéder aux réglages afférents. Ainsi, on accède à l’appareil photo assez rapidement (menu Multimédia/Caméra) mais il faut aller piocher dans Réglages/Divers pour pouvoir gérer la luminosité de l’écran qui peine à être lisible en pleine lumière. On aurait pensé la trouver dans Réglages/Affichage, erreur ! On y a trouvé un choix entre Codage SCII et Windows 1252… Franchement ?

Non, mais allo quoi !

La SIMWATCH 001, qui peut également être équipée d’une carte SIM indépendante, est bien évidemment capable de gérer vos appels. On a alors un faux air de Michael Knight ou d’imbécile, avec un microcasque branché sur la montre. Le moindre mouvement ayant tendance à le faire tomber de l’oreille. Ce qui disqualifie la montre pour écouter de la musique en courant. Il faudra alors passer par un casque Bluetooth.
Une fois importé ses contacts, facilement, reconnaissons-le, on se rend bien vite compte que jamais on ne passera d’appel depuis sa montre, même en Bluetooth via le smartphone.
La gestion des mails est également calamiteuse. L’écran trop petit affiche un clavier minuscule. La saisie de la moindre phrase devient un supplice avec le stylet trop chétif pour être utilisé confortablement.
A l’heure du jugement, on pourrait encore se plaindre de l’absence d’offre applicative, de la finition un peu bâclée ou de l’intérêt inexistant de sauter le pas de cette montre Carrefour. On pourrait aussi ronchonner à constater que l’autonomie de la bête n’est que de trois jours et demi, en usage modéré, ce qui est mieux que ce que propose la Gear. Mais cela impliquerait qu’on n’ait pas déjà oublié son existence.
A réserver aux amoureux des longs supplices qui font perdre du temps, la SIMWATCH n’a qu’un point fort en définitive. Démontrer de A à Z, ce qu’il ne faut pas faire.

Mettre fin à l’ère de l’usine à gaz

Tout est dit, les montres intelligentes sont donc un peu vertes. Le facteur de forme optimal n’est pas encore trouvé. Les systèmes d’exploitation et offres applicatives ne sont pas encore aboutis. Le modèle de fonctionnement autonome ou interdépendant du smartphone non plus. Bref, pour l’instant, la montre connectée a plus les traits d’un gadget inutile que d’un appareil qui va bouleverser nos vies par ses usages.

Pour cela, il faudra que des géants de la high tech, comme Samsung, qui devrait introduire une Galaxy Gear 2 prochainement, ou Apple, auréolé de la double transformation réussie des smartphones et tablettes, investissent en R&D, travaillent le design et fassent des choix. Des choix pour l’utilisateur, des choix qui feront qu’on n’aura plus au poignet une usine à gaz.

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Pierre Fontaine