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Tablet PC, le pari fou de Microsoft

Armé de partenaires, l’éditeur entend envahir le marché des PC avec un nouveau concept d’ordinateur ultra-portable à reconnaissance d’écriture.

Le Tablet PC va-t-il révolutionner le marché des portables ? Pour Microsoft, cela ne fait aucun doute. D’après l’éditeur, celui-ci devrait s’octroyer 25 % des parts du marché des ultraportables en 2003, 25 % de celui des portables en 2004, et 2 % de celui des PC de bureau en 2005. D’ambitieuses prévisions ! Et pour cause… La firme de Redmond est à l’origine de ce nouveau type de poste de travail, spécialement conçu pour accueillir la dernière mouture de son système d’exploitation : l’édition Tablet PC de Windows XP Professionnel. Reposant sur le Service Pack 1 de ce dernier, elle ne sera d’ailleurs commercialisée qu’en version OEM.Le Tablet PC doit son originalité à son écran interactif ?” il réagit au contact d’un stylet électronique ?” et à sa capacité à interpréter l’écriture manuscrite. Il est ainsi possible de prendre des notes à la volée, en écrivant dans sa propre écriture directement sur l’écran, puis de les sauvegarder en tant que fichiers, ou de les convertir en texte dactylographié afin de les réintroduire dans d’autres applications. Une possibilité qu’il doit au Journal Windows, un utilitaire spécifique des PC au format tablette et livré dans l’édition Tablet PC de Windows XP. Si le concept n’est pas tout à fait nouveau, c’est bien la première fois qu’un système d’exploitation intègre en standard une telle technologie.

Sony et IBM ont jeté l’éponge

Par ailleurs, les produits commercialisés jusqu’à présent ne disposaient pas de clavier. Les modèles à venir en intégreront et se déclineront en deux catégories : ceux dont l’écran et le clavier seront séparés, et ceux dont l’écran, rattaché au clavier, pivotera à 180?’ pour venir se rabattre sur ce dernier. En fait, ces machines ressembleront bien plus à des portables qu’à des ardoises électroniques.Reste à savoir quelle place le Tablet PC pourra occuper sur un marché de la mobilité déjà bien fourni par toute une gamme d’ultraportables, d’ordinateurs de poche et d’assistants personnels… D’autant que, récemment, certains constructeurs se sont déjà cassés les dents à vouloir proposer des ordinateurs reposant sur le même principe. Le Vaio Slimtop, de Sony, et le TransNote ThinkPad, d’IBM, lancés au début de l’année dernière, ont ainsi précédé ?” sans succès ?” le Tablet PC. Que ce soit auprès du grand public ?” pour le premier ?” ou des professionnels ?” pour le second ?” les ventes n’ont jamais décollées. Du coup, ces deux références ont très vite disparues des catalogues de leurs constructeurs. Sony a jeté l’éponge en janvier dernier ?” le Slimtop n’a jamais été commercialisé qu’aux Etats-Unis ?” et IBM le mois suivant. “Le Tablet PC est sur un marché de niche, justifie Jean-Manuel Jenn, directeur marketing de la division informatique d’IBM France. Surtout qu’il doit faire face à la concurrence des ultraportables et des PDA. Nous préférons renforcer notre présence sur celui, beaucoup plus large, des ultraportables, et concentrer nos efforts en recherche et développement sur des aspects tels que la miniaturisation, l’ergonomie ou la sécurité de nos machines.” Néanmoins, fort de son expérience dans le domaine, le constructeur s’estime prêt à réagir très rapidement si, finalement, le Tablet PC se révélait un succès. “La technologie employée n’est pas ultra-sophistiquée, explique Jean-Manuel Jenn. En trois mois nous pouvons très bien sortir un portable tactilisé.” Big Blue, sceptique, se cantonne donc, pour le moment, à jouer les observateurs. Tout comme Dell, d’ailleurs, l’autre grand absent de ce marché.

Fujitsu prédit l’explosion du marché

Plus d’une vingtaine de fabricants d’ordinateurs et de composants ont, en attendant, d’ores et déjà manifesté leur intention de s’investir aux côtés de Microsoft sur le marché du Tablet PC. Devançant HP et Toshiba, Acer, FIC, Fujitsu Siemens Computers, Paceblade Technology, Tatung et Viewsonic ont même déjà présenté leurs toutes nouvelles machines. Celles-ci répondent strictement au cahier des charges défini par l’éditeur. Elles sont équipées, au minimum, d’un processeur Intel Pentium III ou équivalent, d’un écran LCD de 133 points par pouce, d’une interface Wi-Fi (802.11b), de ports USB et Firewire exclusivement, et d’une touche de redémarrage (Ctrl+Alt+Sup). Ces premiers portables au format tablette seront commercialisés à partir du 7 novembre prochain. Cette date correspond au lancement officiel de l’édition Tablet PC de Windows XP Professionnel. Pour Fujitsu Siemens Computers, l’engouement des entreprises utilisatrices vis-à-vis du Tablet PC ne fait aucun doute. Il faut dire aussi que, en onze ans, la marque germano-nippone est devenue le leader incontesté des fabricants d’ardoises électroniques. Elle détient à elle seule plus de 50 % de parts de ce marché. “Les Tablet PC sont de vrais ordinateurs, argumente Louis Jouanny, vice-président du marketing et des développements stratégiques de Fujitsu Siemens Computers. Notre objectif est que leur marché explose et devienne horizontal. Dans un premier temps, nous visons clairement les grands comptes. Et ce, jusqu’à la mi-2003. Par contre, nous ne pourrons nous attaquer aux PME avant la fin 2003. Car, à l’heure actuelle, il n’existe pas assez d’applications prenant en compte le stylo et l’encre électronique.” Voire quasiment aucune, pour être plus exact…Et pour le moment, seule une quinzaine d’éditeurs ont décidé d’adapter leurs logiciels en conséquence.

Un prix qui reste encore dissuasif

Parmi les plus grands ?” en plus de Microsoft ?” figurent tout de même Adobe, Autodesk, Corel et ?” surtout ?” SAP. Louis Jouanny demeure néanmoins confiant : “L’avantage du Tablet PC est justement de se situer entre l’ultraportable et le PDA. IBM est arrivé très tôt sur ce marché et s’est brûlé les ailes. C’est ce qui explique sans doute qu’il ne souhaite pas réinvestir tout de suite dans ce type de produits. Aujourd’hui, l’arrivée de Microsoft pose un standard et offre une vraie crédibilité au Tablet PC.” Il est vrai que la firme de Redmond met tout en ?”uvre pour inciter les éditeurs ?” et plus globalement, les développeurs ?” à exploiter son encre numérique. “L’édition Tablet PC de Windows XP dispose de nouveaux contrôles ActiveX spécialement prévus pour permettre le développement d’applications intégrant la gestion du stylet, souligne ainsi Pascal Paré, chef de produits nouvelles technologies chez Microsoft France. Il est par ailleurs possible d’enrichir le dictionnaire de reconnaissance ou, encore, de redéfinir son propre moteur d’écriture.” Reste à savoir si les arguments technologiques suffiront à séduire les entreprises. Car le prix d’un Tablet PC est de 10 à 15 % supérieur à celui d’un ultra-portable. De quoi donner à réfléchir à des professionnels généralement plutôt enclins, actuellement, à faire des économies.

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Jean-Marie Portal