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Surprise : en pleine guerre technologique USA-Chine, un processeur Xeon chinois apparaît

La puce, appelée Jintide, a été développée en partenariat avec Intel et intègre des éléments de sécurité chinois. Preuve qu’en dépit des tensions entre les USA et la Chine, la coopération continue. Pour combien de temps ?

Ne l’appelez pas Xeon, appelez le « Jintide ». Ce processeur qui avait été annoncé l’an dernier lors de la conférence Hotchips commence à être disponible. Sa particularité ? Il est moitié américain, moitié chinois. En pleine guerre technologique entre les USA et la Chine, ce projet pourrait servir de révélateur de l’état réel des tensions entre les deux pays.

Car Jintide est non seulement une puce hautes performances, mais aussi une puce sécurisée, une version partiellement revue d’un Xeon Intel auquel l’entreprise chinoise Montage et ses partenaires universitaires chinois (Tsinghua University, etc.) ont ajouté des éléments de sécurité.

L’ADN américain vient donc de chez Intel, partenaire du projet qui fournit ses précieux cœurs « Xeon », la version professionnelle de ses processeurs Core. Comme AMD, qui aidé Zhaoxin dans le développement de ses puces Hygon Dhyana, Intel semble avoir directement fourni les « dies », c’est-à-dire les cœurs finis. Cela se voit à la puce : sous le dissipateur thermique, on voit bien qu’il s’agit d’un agrégat d’éléments et non d’une puce monolithique.

Si les Chinois ont besoin de la puissance et du savoir-faire (documentation, ingénierie) d’Intel pour le calcul, les deux autres chips intégrés liés à la sécurité sont ici 100% chinois. Des composants qui ont été développés pour analyser la puce en temps réel afin de vérifier sa sécurité au travers d’un procédé complexe appelé vérification de sécurité dynamique (DSC, Dynamic Security Check). De quoi se prémunir, entre autres, de failles de sécurité de type Spectre qui touchent justement certaines puces Intel.

Au sujet du développement cette puce et des garanties de protection de sa propriété intellectuelle, Intel nous a transmis cette réponse : «  Intel a mis en place une collaboration stratégique avec l’université de Tsinghua et Montage Technology en 2016 afin de développer un produit spécifique au marché des serveurs en Chine. Cette collaboration permet à l’université de Tsinghua et à Montage d’innover autour (d’une solution à partir de processeur, ndr) Intel Xeon standards afin de créer de nouveaux produits serveurs attractifs tout en préservant les propriétés intellectuels respectives de toutes les parties ».

La Chine : un adversaire, mais aussi un énorme marché

Intel étant une entreprise américaine, elle doit se conformer aux décisions de son gouvernement. Pour l’heure, Intel n’a pas reçu d’injonction de cesser ses activités avec Montage et la Tsinghua University – et continue d’ailleurs de livrer des puces à la division PC de Huawei.

Il faut dire qu’aussi énervé soit le gouvernement de Mr Trump, la Chine représente pour Intel un énorme marché. Côté grand public bien sûr, mais aussi côté serveurs et autres supercalculateurs qui utilisent des puces de type Xeon/Jintide. Avec plus de 45% des calculateurs du Top500 basés en Chine, dont la majeure partie fonctionne avec des puces Xeon, le marché est énorme.

Il faudrait que les tensions entre les deux pays montent encore d’un cran ou deux pour que les USA empêchent Intel d’exporter ses produits. Quant au partenariat entre Intel et Montage, nul doute que le gouvernement Trump l’a déjà dans son écran radar…

Sources : TechRadar

Article mis à jour le 29/05/2020 à 13h00 ajoutant la réaction d’Intel.

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