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Sur Ashley Madison, des millions d’hommes face à une poignée d’«utilisatrices»

Les bases de données mises en ligne par les hackers montrent qu’il n’y a que très peu de femmes dans ce réseau social. Pire : le site a semble-t-il créé des comptes féminins bidons pour attirer les hommes.

Le hack du site de rencontres Ashley Madison a fait une nouvelle victime : Noel Biderman, PDG de la maison mère Avid Life Media. Le dirigeant vient en effet d’annoncer sa démission, décidée d’un « commun accord », comme il est joliment dit dans un communiqué de la société. Il faut dire que la position de M. Biderman était de moins en moins tenable.

Se faire pirater toutes ses données était déjà un énorme camouflet. Les révélations sur les pratiques business de la société – le piratage de la base de données d’un concurrent – l’ont beaucoup affaibli. Mais le coup de grâce est peut-être venu de l’analyse réalisée par le site Gizmodo, qui montre que le réseau social d’Ashley Madison n’est rien qu’une vaste farce, voire même une arnaque.

Noel Biderman – L’ex-PDG d’Avid Life Media

Notre confrère américaine Annalee Newitz s’est sont plongée dans les données d’Ashley Madison publiées par les hackers d’Impact Team. Il en résulte une triste vérité vieille comme le monde : les hommes – au sens masculin du terme – sont des gogos. Ils sont près de 31 millions à être inscrits sur ce site de rencontres, avec l’espoir d’une aventure érotique. Mais en réalité, ils étaient pratiquement seuls dans ce réseau social. Sur les 5,5 millions de comptes féminins – ce qui proportionnellement n’est déjà pas énorme – seuls quelques milliers étaient réellement actifs. Une goutte d’œstrogène dans un océan de testostérone.

En regardant les données à la loupe, Gizmodo constate en effet que 20 millions d’hommes ont consulté leur messagerie au moins une fois, contre seulement… 1.492 femmes. De son côté, le système de chat a été utilisé par 11 millions d’hommes, mais seulement par 2.049 femmes. A cela se rajoute certains résultats assez étranges. Ainsi, Gizmodo est tombé sur plus de 9.000 comptes féminins disposant d’une adresse email se terminant pas @ashleymadison.com, « comme s’ils avaient été générés automatiquement », souligne Gizmodo. Mieux : 68.709 comptes féminins avaient pour adresses IP le numéro 127.0.01, qui est une adresse purement locale (« localhost »). En somme, il s’agit là très probablement d’ordinateurs installés chez… Ashley Madison.

Comptes fantômes

Mais le pompon, c’est quand même l’existence des comptes « effacés ». En effet, Ashley Madison fait payer à ses utilisateurs la suppression totale de leurs données. Sauf que ces données, le réseau social se les garde en réalité sous le coude. Dans la base de données, Gizmodo a détecté 185.946 comptes avec le tag « paid_delete », dont 12.108 étaient des comptes de femmes.

Au passage, le site relève que ce dernier chiffre représente peut-être le nombre réel d’utilisatrices actives, car « payer pour effacer un compte est un signe clair d’activité, même si cela montre un désengagement plutôt que l’engagement passionné que promettait Ashley Madison », a repris Annalee Newitz. En tous les cas, cela montre des pratiques plus que limites pour une société qui se donne une image de sécurité, de confiance et de discrétion. On comprend mieux maintenant le départ de M. Biderman.

Source :

Gizmodo

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Gilbert KALLENBORN