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Stéphane Roques (AFM) : ‘ Nous espérons de nouveau associer les internautes au Décrypthon ‘

Le Téléthon 2004 démarre ce vendredi soir pour 30 heures. A cette occasion, Stéphane Roques, le secrétaire général de l’AFM (Association française contre les myopathies), fait le point sur le Décrypthon.

Le Décrypthon a été dévoilé lors de l’édition 2001 du Téléthon, avec une idée toute simple : utiliser la puissance inutilisée par les ordinateurs d’internautes bénévoles, pour résoudre un calcul géant. 75 000 personnes
avaient alors contribué d’une façon originale à la lutte contre les maladies génétiques. Le projet entre aujourd’hui dans sa deuxième phase, à laquelle sont associées des universités.01net. : Il y a un an, Thierry Lhermitte, le parrain du Décrypthon, nous avait expliqué que le projet, après une première expérience en 2002, redémarrait pour trois ans. Où en êtes-vous
aujourd’hui ?
Stéphane Roques : Depuis un an, nous avons beaucoup travaillé, avec les deux autres partenaires que sont le CNRS et IBM, sur la sélection des projets scientifiques qui bénéficieront du Décrypthon, et sur la mise en
place de la structure qui permettra de les réaliser.Contrairement à la première opération, la durée du Décrypthon sera, au minimum, de trois ans. La particularité de la deuxième génération est d’associer aussi des universités, alors que la première ne s’appuyait que sur les internautes.
Très prochainement, trois d’entre elles, Bordeaux, Lille, et Paris VI, recevront du matériel d’IBM pour augmenter leur puissance de calcul. Celle-ci sera dédiée aux projets Décrypthon en priorité.Comment choisissez-vous les projets de recherche ?Les programmes scientifiques seront sélectionnés sur la pertinence et l’intérêt pour l’AFM, ainsi que sur leur innovation et sur les besoins de calcul importants. Deux premiers projets pilotes sont déjà choisis et permettent de roder la
plate-forme technologique.Au moyen d’un appel d’offres, nous sélectionnerons trois ou quatre dossiers pour un an. Nous referons la même chose deux ans de suite pour avoir, au final, une dizaine de projets qui tournent.Mais quand les internautes pourront-ils s’associer au Décrypthon deuxième génération ? Les équipes du CNRS et d’IBM disséqueront les projets et verront dans quelle mesure ils sont distribuables ou non vers les ordinateurs des internautes, ou bien s’ils nécessitent de gros calculateurs. Les deux premiers projets
sélectionnés à ce jour sont tels qu’on ne peut pas répartir le calcul. L’algorithme ne le permet pas, il nécessite de gros calculateurs.En janvier 2005, nous aurons une visibilité des projets futurs du Décrypthon. Notre objectif est de pouvoir travailler à nouveau avec les internautes, cela nous avait beaucoup plu et à eux aussi. Notre rôle est aussi de permettre une
participation citoyenne. Sur la dizaine de projets retenus, il y en aura peut-être trois ou cinq qui recourront aux machines des internautes, mais peut-être aucun. Nous sommes, pour le moment, dans l’inconnu.Ce qui veut dire que le module qui sera téléchargeable par les internautes n’est pas encore disponible ? Non. Tout dépend, là encore, des projets. Ils sont la clé. Prenons l’exemple des deux premiers dossiers validés. Ils ont recours à d’énormes bases de données. Dès lors, si on choisissait la coopération des internautes, ces derniers
devraient télécharger en partie ces bases, et on ne prendrait alors, par exemple, que ceux qui ont du 15 Mbit/s et un Pentium IV…Il n’y a aucun intérêt à lancer un projet qui se limite aux internautes disposant de l’ADSL2+ dans les zones dégroupées. L’idée est que le plus grand nombre puisse participer, sinon l’intérêt sociétal de la démarche se réduit aux seuls
abonnés d’un FAI.Le premier projet Décrypthon s’adaptait donc parfaitement au calcul partagé ? Complètement. Il s’agissait de comparer les structures primaires des protéines, et cela ne nécessite pas beaucoup de calcul, quelques kilo-octets. Notre but est vraiment de recommencer, les trois partenaires sont motivés pour que les
internautes puissent s’associer, mais, encore une fois, nous ne le ferons pas sans raison. Il est quasiment certains que nous recourrons au grand public, mais rien ne le garantit pour le moment.L’appel d’offres pour les dossiers candidats a été lancé la semaine dernière, la prise de décision aura lieu au cours du premier trimestre 2005. Ce serait quand même incroyable que, sur une dizaine de projets en trois ans, aucun ne
puisse être ‘ découpé ‘, au moins en partie.Percevez-vous l’attente du grand public ? Oui. Nous avons des mails d’internautes, qui, à l’occasion des newsletters que nous leur avons envoyées pour les tenir au courant, ont demandé qu’on ne les oublie pas, qu’on les tienne informés.En cas d’appel aux internautes, visez-vous toujours un objectif de 100 000 contributeurs ? Plusieurs dizaines de milliers, c’est certain. On devrait être à même de dépasser la participation des 75 000 personnes lors de la première version. Il n’y aura pas d’appel pour le Décrypthon lors du Téléthon 2004. Nous
espérons en revanche pouvoir venir en parler au cours de l’édition 2005, une fois que les projets auront commencé à tourner.Comment expliquez-vous l’engouement autour d’une opération comme le Décrypthon ? C’est une autre manière de faire preuve de sa générosité. D’ailleurs, si nous développons une interface de grille de calcul, nous essaierons de la rendre encore plus accessible à l’utilisateur, pour qu’il ait un tableau de bord de ce
que sa machine a fait, où elle en est, de manière qu’il sache mieux en quoi il a pu aider les projets.

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Propos recueillis par Guillaume Deleurence